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INTRODUCTION : Comment en sommes-nous arrivés là ?
Longtemps, l’histoire a raconté le développement de la société humaine (institutions, État, culture, sciences...).
Peu d’intérêt pour la nature : elle est vue comme ce dont il faut se libérer (Michelet, Marx).
Idée dominante : l’histoire humaine = triomphe sur la nature.
Depuis les années 1970, histoire de l’environnement émerge :
Intègre les risques, les aléas naturels.
Renouvellement historiographique (histoire des sciences, de l’économie...).
Nature vue comme un partenaire, pas juste un cadre ou un obstacle.
Introduction des phénomènes non-humains dans l’histoire.
I. LES HUMAINS, LE VIVANT ET LA TERRE : UNE HISTOIRE LONGUE DE L’EMPREINTE ÉCOLOGIQUE
A. L’IMPACT ANCIEN DE L’HUMANITÉ SUR LA TERRE
Une empreinte humaine ancienne
Évolution biologique :
Langage articulé, posture debout → changements majeurs (développement technique, conquête du milieu)
Homo erectus (2MM d’années, Afrique de l’Est) : maîtrise du feu, exploration de nouveaux territoires
Homo sapiens (300 000 ans) : seule lignée survivante du genre Homo → expansion planétaire
Caractéristiques humaines :
Intervention sur le milieu (niches écologiques surdimensionnées, artefacts techniques intégrés à notre morphologie)
La technique n’est pas une erreur : elle fait partie de l’évolution humaine.
Modification des écosystèmes :
Extinctions massives (ex : mammouths)
Domestication d’espèces, usage du feu pour gestion des paysages, dérivation de l’eau pour irrigation
Déforestation et transformation active du milieu
L'humain = ingénieur écologique
Déconstruction du mythe du “primitivisme”
Impact ancien des sociétés dites "primitives" :
Amazonie = milieu fortement anthropisé bien avant la colonisation
Communautés précolombiennes d’Amérique du Sud :
Détection via lidar de tumulus, civilisations structurées
Colonisation a forcé fuite et transformation défensive de ces sociétés
→ Appropriation ancienne du milieu, pas un "vivre en harmonie pure" avec la nature
La domestication : contrat plus que domination ?
Domestication :
Sens commun = domination → réduction à une forme de partenariat plus complexe
(M. Zeder) : Deal entre espèces pour stabiliser ressources et prolonger la vie de l'espèce domestiquée
Sélection artificielle :
Ex : chiens, cochons → domestication progressive en sélectionnant les individus dociles
Échecs de domestication (ex : gazelles ingérables, rennes difficilement domestiqués)
Lien prédation/domestication :
Certaines espèces domestiquées (chèvres, moutons) d’abord chassées, puis enfermées et sélectionnées
Effets en cascade de la domestication
Changements profonds :
Sédentarisation
Urbanisation
Transformation des rapports sociaux
Dépendance nouvelle aux ressources agricoles (rythmes de récolte → nécessité de stockage → risques accrus de famines/crises)
Corrélations complexes :
Domestication ≠ automatiquement urbanisation
Evolution pas uniquement économique, mais aussi symbolique, religieuse, culturelle
Diffusion lente :
Néolithique : domestication depuis Croissant Fertile → Europe du Nord = 4000 ans
Réflexions critique sur la “Révolution néolithique”
Débats philosophiques et anthropologiques :
Rousseau (1755) : invention de la propriété avec sédentarisation → inégalités, conflits, besoin d’État
Marshall Sahlins (Stone Age Economics) : sociétés de chasseurs-cueilleurs vues comme "abondantes"
Pierre Clastres : sociétés contre l’État, refusant l’émergence de pouvoir coercitif
David Graeber : relecture critique des origines de l’État et des inégalités
Questions majeures :
Domestication : progrès ou perte ?
Civilisation urbaine : progrès matériel mais création de vulnérabilités (zoonoses, famines, guerres)
Chasseurs-cueilleurs plus heureux ? Socle guerrier quand même
Double domestication :
Domestication de la nature et auto-domestication de l’humanité → discipline sociale accrue
Le tournant de la sédentarisation
Rousseau (Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, 1755) :
Sédentarisation = apparition de la propriété privée.
Nécessité de définir : à qui appartient le troupeau, qui a droit de le superviser, d’en disposer ?
Naissance des institutions pour encadrer la propriété et la production.
Paradoxe du développement humain :
Développement matériel (agriculture, production) ↔ apparition de conflits et besoin d’un État pour arbitrer.
Le progrès économique entraîne des coûts institutionnels élevés : besoin d’autorité, de lois, de coercition.
La régulation structure les sociétés mais génère tensions et hiérarchies.
Domestication, auto-domestication et rigidification sociale
Domestiquer la nature = s’auto-domestiquer aussi :
Pour contrôler le vivant, l’humain a dû se discipliner lui-même.
Développement de techniques de cadrage (agriculture, stockages) → sociétés plus rigides.
Débat entre optimistes et pessimistes :
Optimistes : progrès matériel, augmentation du contrôle et de la sécurité.
Pessimistes : perte de liberté, accroissement des inégalités, lourdeur des institutions.
Chasseurs-cueilleurs plus heureux ? :
Idéalisation à nuancer : sociétés de chasseurs-cueilleurs aussi marquées par des violences, guerres, compétitions pour les ressources.
Réflexion sur l’histoire profonde de l’humanité
Histoire humaine = interaction constante entre transformation écologique et transformation sociale.
Les choix techniques (domestication, agriculture) façonnent autant les milieux naturels que les formes d’organisation sociale.
Solidarité du naturel et du social : pas de coupure nette entre "nature" et "culture".
B. LA PREMIÈRE MONDIALISATION : CONQUÊTE, VIOLENCE ET CHOC ENVIRONNEMENTAL
Expansion impériale et rapport au milieu naturel
XVIe–XVIIIe siècles : expansion coloniale européenne avant capitalisme industriel.
Mise en contact de mondes peu connectés → mutations sociales, politiques, écologiques.
Effets ambivalents :
Prédation : mines, plantations, esclavage, pillages.
Sensibilité environnementale émergente : botanistes, naturalistes sur les expéditions (souvent avec arrière-pensées coloniales).
Effets écologiques de l’expansion : “The Columbian Exchange”
Concept : Alfred Crosby « Échange colombien ».
Brassages massifs de plantes, animaux, maladies :
Europe ➔ Amériques : bétail (cochon, mouton, cheval), canne à sucre, riz, maladies.
Amériques ➔ Europe/Afrique/Asie : cacao, maïs, tomates, pommes de terre...
Effets dramatiques :
Maladies dévastatrices pour populations indigènes (non immunisées).
Transformation durable des écosystèmes et régimes alimentaires.
Plantation, esclavage et laboratoire colonial
Économie de plantation (Sidney Mintz, Sweetness and Power) :
Innovation financière : investissements lourds à long terme.
Travail forcé : esclavage basé sur la « color line ».
Agronomie : monocultures intensives (ex : canne à sucre).
Rationalisation du travail : division stricte des tâches pour maximiser les rendements.
Marketing : sucre, tabac, thé, chocolat popularisés en Europe (conséquences sanitaires et culturelles).
Colonies = laboratoire d'expérimentations :
Optimisation scientifique de l'agriculture (espacement des plantations, rotation).
Création d’institutions financières innovantes pour soutenir ces entreprises.
Aux origines colonailes de l’environnementalisme
Green Imperialism (Richard Grove) :
Expansion coloniale alimente mythe de la « nature vierge ».
Botanistes et naturalistes inspirés par les savoirs indigènes.
Création de jardins botaniques : instruments de pouvoir et de savoir coloniaux.
Ex : Jardin des Plantes (Paris), Jardin botanique de Saint Vincent (Caraïbes).
Paradoxe :
Début d’une sensibilité environnementale liée à volonté coloniale de gérer et exploiter la nature de façon plus « rationnelle ».
Emergence du conservationnisme (fin XIXe, USA) parallèle à l'essor du capitalisme fossile.
Colonisation et discours environnemental
Diana Davis, Resurrecting the Granary of Rome
Critique coloniale : accusation de mauvaise gestion locale des ressources naturelles (forêts, agriculture, etc.).
Exemple : France en Algérie :
Les colons pensent "régénérer" une Afrique du Nord jadis prospère (cité dans les textes antiques).
Prétexte pour justifier colonisation et appropriation des terres.
Savoirs européens comme armes de dépossession
Rendre la terre "cultivable" = justification pour droits de propriété coloniaux.
Mythe de la terra nullius :
Utilisé notamment en Australie pour nier les droits des Aborigènes.
Argument religieux
Obligation pour l’humain de cultiver, produire → droit sur les terres.
La propriété, la productivité et la dépossession
Locke, Second traité du gouvernement civil
Le propriétaire gagne la terre par le travail et la mise en valeur.
Critique implicite des populations autochtones : perçues comme "improductives".
Citoyenneté = capacité à améliorer la productivité d’un espace.
Suprématie culturelle européenne
Europe vue comme pôle civilisateur, centre du monde.
Rapport de subordination avec les périphéries colonisées.
Colons se pensent légitimes pour "améliorer" les terres "sous-exploitées".
Colonisation, environnement et parcs naturels
Karl Jacoby, Crimes Against Nature
Création de parcs naturels :
Outil de dépossession des peuples autochtones sous couvert de préservation.
Idéalisation de la "wilderness" américaine par les colons.
Peintures et idéologie
Albert Bierstadt, Mount Corcoran (1876) :
Célébration de la nature, sublimée et conquise.
Thomas Cole, The Last of the Mohicans (1827) :
Nature magnifiée mais destinée à être contrôlée.
John Gast, American Progress (1872) :
Allégorie de la Destinée manifeste : colonisation justifiée par mission divine.
La critique de la wilderness
William Cronon, Getting Back to the Wrong Nature
Critique de l’écologie radicale :
"Retour à la nature" = mythe colonial.
Véritable écologie = repenser les rapports sociaux avec le milieu naturel, pas exclure l’humain.
II. L’AVÈNEMENT DES SOCIÉTÉS INDUSTRIELLES
A. LA CIVILISATION DU CHARBON
L’utilité du charbon
Le charbon avant l’industrialisation
Jusqu’au début XIXᵉ siècle : usage essentiellement domestique (chauffage, cuisine).
Peu d’usages industriels avant la machine à vapeur.
cf. Charles-François Mathis, La Civilisation du charbon
Pourquoi le charbon devient central ?
Autres sources d’énergie (hydraulique, animale, éolienne) existent encore.
Charbon = achat direct d'énergie (quantifiable, stockable, transportable).
Objectivation de l'énergie :
Concept d’énergie (Watt, Joule, Carnot) théorisé dans les années 1840.
Thermodynamique naît avec l’usage massif du charbon.
Pourquoi en Angleterre
Le débat historique
Pas simplement parce que le charbon est meilleur ou moins cher.
Connaissance du charbon et du pétrole depuis l’Antiquité —> problème = mise en valeur industrielle, pas découverte.
La Grande Divergence (Kenneth Pomeranz)
Pourquoi l’Angleterre et non la Chine ?
Rejet des explications institutionnelles, culturelles ou financières (ethnocentrées).
En 1750 : niveaux de développement similaires entre Angleterre et delta du Yangzi.
Deux facteurs principaux :
Accès au charbon : plus accessible et de meilleure qualité en Angleterre.
Empire colonial :
Permet d’externaliser besoins en ressources et en nourriture.
Notion d’"hectares fantômes" : surfaces virtuelles absorbées par l’Empire.
Le tournant technologique : charbon, vapeur, textile
Conversion énergétique indispensable
Richard Arkwright (machine à tisser mécanique) + James Watt (machine à vapeur) :
Utilisation massive du charbon possible grâce aux machines transformant énergie en production industrielle.
Extraction minière facilitée (pompes à vapeur contre inondations).
Effets sur l’industrialisation
Délocalisation des usines :
Plus besoin de dépendre des moulins hydrauliques.
Concentration des industries dans les villes.
Contrôle de la main-d'œuvre facilité : production moins soumise aux aléas naturels.
L’approche critique : était-ce inéluctable ?
Andreas Malm, Fossil Capital
Passage au charbon non pas seulement pour la productivité mais pour :
Contrôler mieux les travailleurs.
Fluidifier le capital (prix, quantité, localisation de l’énergie prédictibles).
Avant 1830 : hydraulique parfois plus rentable !
Industrialisation au charbon = choix social, capitaliste, pas déterminisme technologique.
L'autonomisation de l'économie
Avant : économie dépendante du climat et des aléas naturels.
Après : détachement progressif —> économie capitaliste = monde matériel réorganisé pour permettre le libre échange marchand.
Figures sociales et nouvelles inégalités : les mineurs
Le mineur, symbole de l’économie extractive
Métier dangereux (effondrements, maladies pulmonaires).
Création de communautés minières (univers de lutte sociale, cf. Germinal de Zola).
Nouvelles inégalités sociales
Salaires inégaux.
Exposition différentielle aux risques environnementaux et sanitaires.
B. POLLUTIONS, FUMÉES ET PÉNURIES
Naissance d’une conscience environnementale
Dès l’apparition de la société industrielle ➔ critiques et protestations.
Passage du terme "nuisances" (terme juridique : atteinte aux biens, santé, usage normal) à "pollution" (XIXᵉ siècle) :
Pollution : perte de la seule connotation morale ➔ désigne une altération humaine d’un système naturel.
Premières formes de pollutions identifiées :
Pollution des rivières en Angleterre (Royal Commission on River Pollution, 1850s).
Pollution de l’air (smog londonien) → débouche plus tard sur la notion de pollution sonore, visuelle, etc.
Bilan
La tension développement économique vs protection environnementale est contemporaine de la révolution industrielle.
Exemple emblématique : Rio Tinto, Espagne (1888)
Contexte
Mines de cuivre en Andalousie, anciennement exploitées mais intensification massive à partir des années 1870 grâce aux capitaux britanniques.
Déjà des plaintes sur les effets :
Dégradation de la végétation.
Problèmes de santé pour les ouvriers et leurs familles.
La mobilisation
Coalition sociale inédite :
Grands propriétaires + paysans + ouvriers unis contre les fumées industrielles.
Dirigés par le militant anarchiste Maximiliano Tornet.
Double dimension de la contestation :
Sociale : contre les élites industrielles et l'État espagnol.
Patriotique : contre les intérêts économiques britanniques.
La fusillade du 4 février 1888
Manifestation de 15 000 personnes contre les pollutions.
L'armée tire sur la foule ➔ plus de 100 morts.
Événement tragique révélateur de :
La violence des conflits environnementaux dès la première industrialisation.
L'articulation entre enjeux écologiques, sociaux et politiques.
II. ALERTES ET MOBILISATIONS : UNE HISTOIRE DE LA CRITIQUE ÉCOLOGISTE DE LA SOCIÉTÉ INDUSTRIELLE
A. UNE PRISE DE CONSCIENCE ANICENNE
Premiers signes d’inquiétude (fin XVIII- début XIXe)
Dès l'époque moderne, inquiétudes sur la finitude des ressources :
Inventaires de la faune et de la flore (1820-1830).
Premiers bilans d'extinction d'espèces ➔ sensibilisation croissante du public.
Protection du patrimoine (paysages naturels, sites archéologiques) au XIXᵉ siècle, en lien avec une critique du modèle occidental dominateur.
Voix critiques majeures
Jean-Baptiste Lamarck (1744-1829)
Dans son article "Homme" (1817) :
Dénonce la destruction environnementale par l'homme.
Critique l'exploitation aveugle des ressources naturelles pour une jouissance immédiate.
Décrit les effets : déforestation, assèchement des sols, appauvrissement de la biodiversité, désertification.
L'homme menace son propre avenir par son comportement insouciant.
⇒ Vision d’une autodestruction humaine par destruction environnementale.
Charles Fourier (1772-1837)
Dans Détérioration matérielle de la planète (1821) :
Intègre une critique écologique dans sa critique de "l'industrie civilisée".
Voit l'industrialisation comme facteur de dégradation matérielle et morale de la Terre.
Emile Blanchard (1819-1900)
Dans La Revue des deux Mondes (1870) :
Dénonce la destruction des grands animaux.
Lien direct entre expansion de la civilisation européenne et dévastation écologique.
Anticipe une uniformisation et appauvrissement de la Terre.
⇒ Critique de la civilisation industrielle = critique écologique.
Premiers théoriciens de l’impact humain sur la Terre
Georges Perkins Marsh (1801-1882)
Auteur de Man and Nature (1864).
Première analyse globale de l'impact humain sur la Terre :
Destruction des sols, modifications climatiques, extinction d'espèces.
Voit l’action humaine comme une menace pour la survie de l’espèce : “La Terre est en train de devenir une maison impropre à son plus noble habitant…”
Critique sociale et esthétique du progrès industriel
John Ruskin (1819-1900)
Historien et critique d'art.
Dans Unto This Last (1860) :
Prône sobriété, artisanat, respect des paysages.
Dénonce la production de masse et ses effets destructeurs.
William Morris (1834-1896)
Artiste, écrivain et militant socialiste.
Dans News from Nowhere (1890) :
Imagine une société post-industrielle harmonieuse avec la nature.
Conteste l'idée de "progrès" industriel ➔ appel à préserver les ressources naturelles.
Récapitulatif des idées des auteurs
B. LES PREMIÈRES MOBILISATIONS ENVIRONNEMENTALES
L’environnementalisme étatsunien (fin XIXe siècle)
Deux courants fondateurs :
Conservation (Gifford Pinchot, Roosevelt) :
Gestion rationnelle des ressources naturelles.
Soutien au développement tout en assurant la soutienabilité et la souveraineté nationale.
Préservation (John Muir, Thoreau) :
Défense de la valeur intrinsèque de la nature.
Volonté de repenser la relation homme/nature ➔ nature vue comme un être vivant digne de respect.
Acteurs majeurs
Theodore Roosevelt :
Premier président impliqué dans la sauvegarde du patrimoine naturel.
Cofondateur du Boone and Crockett Club (1887).
Promotion de la conservation via le Department of Interior.
Henry David Thoreau :
Auteur de Walden ; conférence célèbre "In Wilderness is the preservation of the world" (1851).
Précurseur de l'écologie radicale et de la désobéissance civile.
John Muir :
Naturaliste, écrivain.
Promoteur des parcs nationaux comme Yosemite (créé en 1864).
Aldo Leopold :
Philosophe de l'environnement.
Auteur de Sand County Almanac.
Défenseur d'une éthique de la terre (Land Ethic).
Premières protections institutionnelles
Parc Yellowstone (1872) : premier parc national du monde (9000 km²).
Ambiguïtés :
Ces démarches sont aussi liées à l'impérialisme et à la marchandisation de la nature (zoologiques, botaniques).
Les débuts de l’organisation internationale (fin XIX-début XX)
Les dates
1883 : Fondation de l’Union des ornithologues américains.
1890 : Fondation de la Société royale de protection des oiseaux (UK).
1912 : Première société ornithologique française.
1913 : 1ʳᵉ Conférence internationale pour la protection de la nature (Berne).
Retard français en matière de mobilisation écologique (analyse de Valérie Chansigaud).
Après 1945 : alertes croissantes
USA :
Fairfield Osborn, La planète au pillage (1948) ➔ surconsommation et épuisement des ressources.
William Vogt, La faim du monde (1949) ➔ pression démographique et dégradation des terres.
France :
Jean Rostand, Théodore Monod, Roger Heim, Jean Dorst ➔ alertes sur l'extinction des espèces et les dégradations.
ONG et mouvements écologistes (1960s-1970s)
Les dates
WWF (1961) ➔ protection des espèces menacées.
Friends of the Earth (1969).
Greenpeace (1971) ➔ actions directes contre pollutions et destructions.
Mouvements hippies ➔ critique de la consommation et de l'industrialisation.
1972 :
Rapport The Limits to Growth (MIT, Meadows) ➔ prévision d’un effondrement écologique.
Création du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE).
Etude de cas : Rachel Carson et la dénonciation des pesticides
Rachel Carson (1907-1964) :
Biologiste, employée du Bureau de la pêche américaine.
Autrice de Silent Spring (1962) ➔ alerte sur la toxicité du DDT.
DDT :
Découvert au XIXᵉ siècle ; massivement utilisé pendant la 2GM contre le typhus et la malaria.
Provoque des désastres environnementaux (pollution des sols, destruction de la biodiversité).
Impact :
Prise de conscience publique massive.
Rapport du President's Science Advisory Committee (1963).
1972 : interdiction du DDT aux États-Unis.
Création de l'EPA (Environmental Protection Agency).
C. L’ACTION INTERNATIONALE
Premiers jalons (1945-1970)
1968 : Conférence "Biosphère" de l'UNESCO ➔ introduction de l'idée de développement écologiquement viable.
1972 : Conférence de Stockholm "Une seule Terre" :
1ʳᵉ conférence mondiale sur l’environnement humain sous l’égide des Nations Unies.
Début d'une prise de conscience globale sur les enjeux écologiques.
Contexte économique : chocs pétroliers et transition énergétique
1973 : 1ᵉʳ choc pétrolier ➔ prix du pétrole quadruple.
1978 : 2ᵉ choc pétrolier ➔ aggravation de la crise énergétique.
1979 : Discours de Jimmy Carter :
Appel à une transition énergétique : moins de pétrole, plus d’énergies renouvelables.
Concept d'éco-développement émerge.
Définition du développement durable : rapport Brundtland (1987)
Rapport "Our Common Future" confié à Gro Harlem Brundtland (ancienne Première ministre norvégienne).
Définition historique : “Répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs”
Fondement du concept moderne de développement durable.
Premiers succès de l’action internationale
Protocole de Montréal (1987) :
Lutte contre le trou de la couche d’ozone.
Interdiction progressive des CFC (gaz industriels détruisant l’ozone).
Création du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) en 1988 :
Mission : synthétiser les connaissances scientifiques sur le changement climatique pour informer les politiques.
Les “Sommets de la Terre”
Sommet de Rio (1992) :
Création de la CCNUCC (Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques).
Adoption de la Convention sur la diversité biologique (CDB).
Popularisation du concept de biodiversité.
COP (Conférence des Parties) :
Rencontres annuelles pour négocier les mesures climatiques (première COP en 1995).
Sommet de Johannesburg (2002) :
Relance de "l'objectif biodiversité 2010" ➔ réduire la perte de biodiversité.
Biodiversité et 6e extinction de masse
Origine du mot "biodiversité" :
Popularisé en 1988 après un colloque à Washington (Walter G. Rosen).
Convention sur la diversité biologique (CDB) :
Signée par 168 États.
La préservation de la biodiversité devient une préoccupation universelle (sauf signature par les US).
État des lieux :
Estimations : 8 à 10 millions d'espèces, seulement 2 millions décrites.
Taux d’extinction 100 à 1000 fois supérieur au rythme naturel ➔ notion de sixième extinction de masse.
Organisations internationales majeures
UICN (1948) :
Première institution environnementale mondiale (sous l'UNESCO).
Répertorie la Liste rouge des espèces menacées.
WWF (1961) :
Fond mondial pour la nature.
Campagnes de sensibilisation et de protection des espèces.
IPBES (2012) :
Plateforme scientifique intergouvernementale sur la biodiversité (rôle équivalent au GIEC pour la biodiversité).
Produit des rapports pour guider les décisions politiques.
CONCLUSION
L’anthropocène, un produit de l’industrialisation depuis la fin du XVIIIe siècle
Le recours intensif aux énergies fossiles
Le rôle amplificateur des guerres totales (production, innovations, destructions) ; des destructions à la fois humaines et naturelles
Guerre froide et compétition entre blocs : la démesure productiviste, techniciste et modernisatrice
Des effets profonds d’accoutumance
La consommation de masse, le marketing et la fabrique des besoins
La dépendance sociale et culturelle aux énergies fossiles
L’histoire comme ressource pour retrouver des voies alternatives