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Pathos
Discours verbaux ou visuels qui contiennent beaucoup de cherges affectives
Rappel de Aristote concernant le Pathos
Déterminisme culturel du pathos
Deux grands types d'affects
Quelle importance du pathos dans le discours ?
Pour Aristote, le Pathos est l'une des trois preuves techniques. On parle de "charge pathémique" pour parler la charge affective dont dispose un discours.
Pour Aristote, le pathos est culturellement déterminé, la charge affective d'un discours dépend de la culture du public.
Il dit qu'il y a deux types d'affects :
- Euphoriques : Suscite des émotions positives
- Dysphoriques : Suscite des émotions négatives (peur, colère)
Le pathos est super important dans l'effet persuasif d'un discours pour Aristote
Le rôle du pathos dans le discours avant 1970
Avant 1970, on pense qu'un bon discours est dépourvu de pathos car il pollue l'effet argumentatif du discours.
Plusieurs ouvrages et auteurs qui disent ça :
- Perelman : traité de l'argumentation. Centré sur le logos
- Hamblin : Fallacies : Le pathos trompe et influence le public
Que pense Christian Plantin du pathos dans le discours ?
Il est en faveur du pathos.
Ouvrage : Les bonnes raisons des émotions
Changement des perspectives sur le pathos après les années 70 et comparaison
Le pathos avant les années 70 :
- Objet parasite : On évite de l'étudier
- Objet psychologique individuel : On ressent tous des émotions différentes
- Objet erratique : On ne peut pas anticiper les émotions
- Objet universel : On pense que les émotions sont universelles, partout pareil
- Objet infra-verbal : On ne peut pas exprimer les émotions par les mots
Après les années 70 :
- Objet central : Les chercheurs s'y penchent avec intéret
- Objet social collectif : Les émotions peuvent être ressenties collectivement
- Objet normé : On peut anticiper les émotions, elles présentent des régularités
- Objet culturel : Les émotions ne sont pas universelles mais plutôt culturel (dépendent de la culture)
- Objet discursif : Les émotions peuvent être produites et exprimées par le discours
Ouvrages centrales sur les émotions par des chercheurs après les années 80
- Les bonnes raisons des émotions par Christian Plantin : Il pense que les émotions font souvent l'objet d'argumentation
- Les émotions dans les discours de Raphael Micheli (important)
Typologie des modes de sémiotisation verbale des émotions par Raphael Micheli
Micheli propose une typologie divisé entre :
- Emotion dite
- Emotion montrée
L'émotion dite (Micheli)
- Elle est désignée dans l'énoncée par les mots du lexique
--> Je suis fatigué
Mais il est difficile de savoir si cette émotion dite correspond vraiment à la réalité, cela dépend du contexte (dire je suis fatigué pour signifier qu'on en a marre, on est pas vraiment fatigué)
Les émotions dites peuvent être :
- Auto-attribuées : Ce que je ressent et que je dis
- Allo-attribuées : Je dis que qqun ressent une émotion (Ex : Tout le monde déteste le couvre-feu)
L'émotion montrée (Micheli)
- L'émotion est inférée à partir des caractéristiques de l'énonciation, la manière dont on le dit.
On suppose une co-occurence entre éprouver une chose et le dire (le fait qu'on ressente bien ce qu'on dit, qu'on ne mente pas).
--> Dire "je suis énervé" ne fonctionne pas si on sourit
Les marqueurs lexicaux, syntaxiques, textuels, etc de l'émotion montrée sont nombreux :
- Signes de ponctuation ou non (Je suis énervé =/ Je suis énervé !!!!!)
- Gestuelle
- Discours structuré ou non (un discours pas structuré peut montrer qu'on est stressé)
- Registre de la langue (utiliser des mots familiers dans un contexte formel, où le registre devrait être soutenu, peut être considéré comme une atteinte émotionnelle (stress, colère si insulte, etc...))
Cas particulier de l'émotion montrée allo-attribuée
Quand la charge affective que j'incarne dans mon discours est celle d'une autre instance. Mais à la place de le montré par l'énoncé ("il est triste"), je le montre dans l'énonciation, par la manière de sémiotiser mon discours (le support, la façon de le dire).
--> Ex de la pub de voiture "détruisons tout" : Le support du panneau traditionnellement utilisé par les marques de voiture est ici utilisé par un collectif écologiste. Ce collectif va reprendre les codes de la pub de voiture mais écrire "détruisons tout" pour protester contre l'impacte écologique du secteur automobile.
Ainsi, par l'énoncé et le support utilisé, il va faire dire au secteur automobile qu'il détruit la planète alors que c'est en réalité le collectif qui le dit
L'émotion étayée
C'est le fait d'inférer une émotion en schématisant une situation dans le but de convoquer une réaction émotionnelle qui serait communément associée à cette situation
--> Exemple de Macron qui dit "nous sommes en guerre" pour le covid. Il veut convoquer une réaction de détresse communément associée à la situation de la guerre pour générer un pathos chez son auditoire.
Il veut ainsi se construire un ethos présidentiel : Confiance au leader, patriarche qui va nous protéger
Techno-discours et affordance émotionnelle du numérique (Marie-Anne Paveu)
Le numérique est un environnement où les techno-discours sont présents de par le seul dispositif du numérique (Tout ce qu'on dit sur les réseaux, on le dit car les réseaux nous permettent de le dire mais on ne le ferait pas à l'extérieur).
Affordance : Disposition formelle qui prédispose à un certain type d'action. L'environnement numérique est rempli d'affordances (bouton "j'aime", bouton "répondre")
Valorisation de la quantité des émotions dans l'environnement numérique
Les affordances dans l'environnement numérique exploitent nos émotions en les captant puis en les transformant en données quantitatives.
Ce qui est émotionellement valable, c'est ce qui est valorisé quantitativement (une vidéo avec 10000 j'aimes est plus drôle qu'une vidéo avec 2 j'aimes).
On partage du contenu sur les réseaux car on pense que, quantitativement, il va générer une dimension affective (faire beaucoup de likes)
Qu'est-ce qu'un affect (Frédéric Lordon)
Modification due à l'exercice d'une puissance d'une chose vers une autre. Nos actions sont liés à des affects car on agit ou réagit d'une certaine manière en fonction de la puissance qu'une chose exerce sur nous (une nouvelle, une action d'une autre personne).
C'est ce qui va nous affecter
On va préférer le mot "affect" à "émotion"
- Emotion : Individuel
- Affect : Dimension politique et sociale
Les affects politiques selon Lordon et le principe de figuration
On peut voir une contagion pathémique de la colère lorsque une personne valide l'énoncé d'une autre personne énervée (exemple du "je valide" sur la bulle à verre") et ainsi une forme de résistance politique.
Pour Lordon, il faut donner à aux idées politiquers la possibilité d'affecter le corps des autres, elles doivent pousser à l'action. Pour cela, il faut s'y prendre par figuration
Figuration : Pour qu'un affect ait de l'effet, il faut qu'il devienne une figure, cad une forme capable d'affecter les personnes.
--> Ex : L'inscription "tout le monde déteste le couvre-feu donne un visage, une forme concrètement à l'idée de contestation des injonctions du pouvoir
Machine affectante selon Lordon
Ce sont les choses qui créent des affects, qui nous poussent à agir ou penser d'une certaine manière.
Lordon dit qu'elles sont dans les mains de l'état et des classes dominantes.
Il faut luter contre celles-ci en créant nos propres machines affectantes.
--> Exemple : Le documentaire sur la prise à partie d'un dirigeant de Air France nous montre une mauvaise image des manifestants (des sauvages) mais omet de représenter les violences psychologiques subies par les travailleurs par les licenciements et les mauvaises conditions de travail. Ce discours est produit par la machine affectante de la classe dominante qui prend le parti des patrons et des grandes entreprises et qui souhaite dévaloriser la classe travailleuse. Il faut selon Lordon que l'on crée notre propre machine affectante afin de créer un nouveau discours qui montre que les ouvriers ne sont pas des sauvages agresseurs mais biens des travailleurs exploités par la classe dominante.
C'est le cas de l'ouvrage "personne ne sort les fusils" de Sandra Lucbert qui réécrit l'histoire des licenciement chez France Telecom mais du point de vue des travailleurs et pas de la machine affectante dominante qui est l'état.