CM3- Les années 1950s-1960s au Moyen-Orient : un temps révolutionnaire

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INTRODUCTION

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Bornes chronologiques et définition du “temps révolutionnaire”

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Repères chronologiques

  • 1952 → Coup d’État des Officiers libres en Égypte (renversement du roi Farouk).

  • 1971Indépendance des Émirats arabes unis et coup d’État en Turquie.

Ces deux bornes encadrent deux décennies de bouleversements politiques et sociaux à l’échelle régionale.

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Qu’est-ce qu’une révolution ?

Deux critères possibles :

  1. Changement de régime politique → destruction de l’ordre ancien, création d’un nouvel ordre (ex : Égypte 1952).

  2. Participation populaire → implication du peuple dans le processus révolutionnaire (varie selon les pays).

Toutes les révolutions du Moyen-Orient n’ont pas eu la même intensité : certaines sont militaires et élitistes, d’autres plus populaires et sociales.

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Comparaison avec les Printemps arabes

1950s-1960s et 2011 : mêmes dynamiques → revendication de changement, rejet des anciennes élites, contestation de la domination étrangère.

Mais différences :

  • Les années 1950-1960 = révolutions nationalistes et anti-impérialistes.

  • Les années 2010 = révoltes démocratiques et sociales.

Les Printemps arabes peuvent être vus comme une “réplique affaiblie” ou un écho des révolutions des années 1950-1960.

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Des sociétés en mutation : les ferments du changement

1/ Montée des nouvelles couches instruites

  • Expansion de l’éducation → notamment en Égypte, en Palestine et en Irak.

  • Objectif : créer la nation par l’apprentissage de la patrie.

  • Résultat : nouvelle élite éduquée, souvent issue de classes moyennes ou modestes, frustrée de ne pas trouver de positions correspondant à ses qualifications.

Ces nouvelles couches deviennent le moteur de la contestation :

  • elles maîtrisent le langage politique et la mobilisation ;

  • elles critiquent les anciennes élites économiques et administratives (bourgeoisie commerçante, grands propriétaires, hauts fonctionnaires).

2/ Radicalisation politique : montée des forces contestataires à gauche

  • Gauchisation du parti Baas → nationalisme arabe + socialisme.

    • Fondé dans 1940s, le Baas évolue dans 1950s vers un discours social et révolutionnaire.

  • Attractivité des partis communistes :

    • Parti communiste irakien (1935) → un des plus puissants du monde arabe.

    • Toudeh iranien (1942) → très influent en Iran.

Ces partis deviennent des vecteurs de contestation sociale et de mobilisation ouvrière et étudiante.

Les États-Unis et leurs alliés craignent un basculement vers le bloc soviétique, notamment en Iran → surveillance accrue du pays.

3/ Association de la question coloniale et de la question sociale

  • Contexte de décolonisation : les puissances européennes (France, Royaume-Uni) se retirent progressivement.

  • Mais leur influence économique et stratégique demeure → c’est le moment où le terme “impérialisme” s’impose.

    • Exemple : le Royaume-Uni reprend le contrôle de l’Égypte pendant la Seconde Guerre mondiale, alors que le pays est officiellement indépendant depuis 1936.

Les luttes sociales se doublent d’un combat national contre les puissances étrangères.

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Le Moyen-Orient dans la Guerre froide : 4 éléments qui annoncent

La crise d’Azerbaïdjan en Iran (1946)

  • Une province iranienne (Azerbaïdjan) fait sécession avec le soutien de l’URSS et du parti communiste.

  • Peur d’un rattachement à l’URSS → révolte finalement écrasée.

  • Premier signe de la Guerre froide au Moyen-Orient.

Le renversement de Mossadegh (Iran, 1953)

  • Mohammad Mossadegh, Premier ministre iranien, nationalise le pétrole (contrôlé par une compagnie britannique).

  • Les États-Unis et le Royaume-Uni orchestrent un coup d’État (CIA, opération Ajax).

  • Le chah Mohammad Reza Pahlavi reprend le pouvoir → régime autoritaire pro-occidental jusqu’à 1979.

⭢ Exemple typique d’ingérence occidentale pour empêcher un basculement à gauche.

Le Pacte de Bagdad (1955)

  • Alliance militaire et politique entre le Royaume-Uni, la Turquie, l’Irak et d’autres pays du Moyen-Orient.

  • Objectif : intégrer la région au bloc occidental et endiguer le communisme.

  • Outil de l’OTAN étendue, symbole de l’alignement occidental de certaines élites arabes.

La doctrine Eisenhower (1957)

  • Après l’échec britannique à Suez (1956), les États-Unis affirment leur leadership régional.

  • Doctrine Eisenhower :

    • aide économique et militaire à tout pays du Moyen-Orient demandant une aide contre le communisme.

    • Application : Liban (1958).

Montre la volonté américaine de remplacer l’influence coloniale britannique et française par une hégémonie américaine.

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L’ébranlement de la défaite de 1948 : le choc israélo-arabe

La défaite arabe et ses conséquences

  • Les armées arabes sont vaincues par Israël (première guerre israélo-arabe, 1948-1949).

  • Crise de légitimité des régimes arabes → “les dirigeants nous ont conduits à la défaite”.

  • Début d’une crise morale et politique.

Les conséquences politiques immédiates

  • Assassinat d’Abdallah Ier de Jordanie (1951) :

    • Il avait annexé la Cisjordanie après 1948.

    • Tué par un Palestinien → symbole du rejet de la politique de compromis avec Israël.

  • Montée des mouvements nationalistes arabes → volonté de revanche et de régénération.

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La crise égyptienne (1951-1952) : prélude à la révolution

Dénonciation du traité de 1936

  • 8 octobre 1951 : le Wafd, grand parti libéral-nationaliste égyptien, dénonce le traité avec le Royaume-Uni.

  • Objectif : reprendre le contrôle du canal de Suez et affirmer la souveraineté nationale.

Émeutes et climat insurrectionnel

  • Soulèvements dans la zone du canal → affrontements entre Égyptiens et Britanniques.

  • Le gouvernement tente à la fois de soutenir et de calmer le mouvement.

  • “Samedi noir” du 25-26 janvier 1952 :

    • Incendie du Caire, pillage de biens occidentaux et des symboles de la haute société.

    • Marque la défaite politique du Wafd, symbole de l’épuisement de l’ordre ancien.

Vers la prise du pouvoir des Officiers libres

  • Ce contexte de désordre, de frustration sociale et de nationalisme ouvre la voie au coup d’État militaire de juillet 1952.

  • Arrivée au pouvoir de Gamal Abdel Nasser → début de la période révolutionnaire arabe.

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I. 1952-1962 : COUPS D’ÉTAT MILITAIRES ET CHANGEMENTS DE RÉGIME

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L’Egypte, la “mère des révolutions” régionales

Contexte : corruption du roi Farouk, dépendance vis-à-vis de l’Occident, échec du Wafd et désordre social (“samedi noir” du 25 janvier 1952).

  • Coup d’État des Officiers libres (23 juillet 1952) → dirigé par le général Neguib, bientôt remplacé par Gamal Abdel Nasser.

  • 1953 : Proclamation de la République.

  • Nature du mouvement : pas un soulèvement populaire, mais une prise de pouvoir par l’armée “pour le bien du pays”.

  • Référence historique : tradition des militaires “sauveurs de la nation” (Jeunes-Turcs 1908).

  • Effet : modèle fondateur pour les autres révolutions arabes.

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L’Irak, la révolution violente

Contexte : monarchie sunnite imposée par le Royaume-Uni dans un pays chiite majoritaire, tensions sociales fortes.

  • Épisodes de mécontentement : 1948 (traité pro-britannique), 1952 et 1956 (émeutes de la faim).

  • 14 juillet 1958 : coup d’État militaire du général Qâsim → chute de la monarchie, exécution du roi Fayçal II et du Premier ministre Nuri Saïd (violence extrême).

  • Objectifs : sortir du Pacte de Bagdad, réaction à l’union Égypte-Syrie (RAU, 1958).

  • Mesures : réforme agraire rapide, épuration politique.

  • Caractère : révolution brutale, “wathba” (explosion violente).

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Le Yémen, révolution et guerre civile

Nord : monarchie théocratique / Sud : protectorat britannique.

  • Coup d’État par de jeunes officiers influencés par Nasser → proclamation de la République.

  • Guerre civile (1962-1970) :

    • Égypte soutient les républicains ;

    • Arabie saoudite soutient les monarchistes.

  • Conséquence : guerre coûteuse pour l’Égypte, enlisement militaire.

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La Syrie

1958-1961 : union avec l’ÉgypteRépublique arabe unie (RAU), régime de parti unique.

1963 : coup d’État du parti Baas (Baʿth) → instauration d’un régime de parti unique.

Particularité : continuité républicaine, pas de changement de régime monarchique.

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La Turquie

Pluralisme politique maintenu, mais armée gardienne du système kémaliste.

1950 : victoire du Parti démocrate +libéral et pro-occidental face au Parti républicain du peuple (PRP) de Mustapha Kemal.

1960 : manifestations de jeunes réprimées par le pouvoir, coup d’État militaire → volonté de rétablir le pluralisme.

1971 et 1980 : nouveaux coups d’État.

Logique : alternance entre ouverture et fermeture du jeu politique par des interventions de l’armée.

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Deux mots pour la nature de la révolution

Thawra (révolution) : transformation progressive, transition politique (ex : Égypte).

Wathba (sursaut, explosion) : rupture violente et rapide (ex : Irak).

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Le rôle fondateur et les effets régionaux de la révolution égyptienne

Changement du personnel politique

  • Arrivée au pouvoir de nouvelles élites issues des classes moyennes instruites :

    • Nasser (fils de fonctionnaire),

    • Anouar el-Sadate (fils de paysans).

  • Fin des vieilles élites aristocratiques.

Réforme économique et sociale

  • Réforme agraire, redistribution des terres et des richesses.

  • Volonté de moderniser et d’industrialiser le pays sous contrôle de l’État.

Anticolonialisme et affirmation nationale

  • Nationalisation du canal de Suez (1956) → résistance à la tentative franco-britannique.

  • Égypte devient symbole du nationalisme arabe.

  • Nasser prône le non-alignement, même s’il se rapproche de l’URSS.

  • Lutte contre les pactes occidentaux (ex : Pacte de Bagdad).

  • Égypte = deuxième bénéficiaire de l’aide soviétique parmi les Etats non satellites après l’Inde.

Puissance médiatique et charisme

  • Radio diffuse les discours de Nasser dans tout le monde arabe.

  • Construction d’une figure charismatique du “Raïs” (chef) → lien direct avec le peuple.

  • Influence sur les mouvements révolutionnaires régionaux (Yémen, Aden, etc.).

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II. LES 1960S : LA DOMINATION IDÉOLOGIQUE DU SOCIALISME ET DU MARXISME

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L’avènement des régimes se réclamant du socialisme

Un tournant idéologique

  • Les régimes issus des révolutions des 1950s se présentent désormais comme socialistes.

  • Objectif : moderniser, développer et libérer la nation.

  • Principaux États concernés :

    • Égypte (Nasser)

    • Syrie et Irak (Parti Baas, à partir de 1963)

    • Algérie (République démocratique et populaire algérienne)

    • Yémen du Sud (République démocratique populaire du Yémen, capitale Aden)

Le socialisme arabe

Un socialisme propre au monde arabe, distinct du marxisme-léninisme :

  • Pas de matérialisme historique ni d’athéisme : Nasser parle d’une révolution “porteuse d’un message spirituel”.

  • Pas de lutte des classes, mais lutte contre les élites corrompues ou féodales.

  • But : justice sociale, indépendance nationale, unité arabe.

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Le socialisme arabe : un projet économique et politique

1/ Politique économique : développement et modernisation

  • S’inspire des théories du développement en vogue dans les 1960s.

  • Objectif : rattraper le retard économique via la planification, la nationalisation et les grands projets.

2/ Politique économique : redistribution des richesses au sein de la nation et entre la nation et les puissances étrangères

  • Exemples :

    • Égyptenationalisation du canal de Suez (1956), barrages, industries d’État.

    • Réforme agraire (1950s puis 1960s, plus radicale) → limitation de la taille des propriétés.

    • Redistribution des terres et des richesses, mais succès limité.

    • Égypte chasse familles étrangères (notamment juives).

3/ Anti-impérialisme et sympathie du bloc de l’Est

  • Sympathie pour le bloc de l’Est, mais sans adhésion totale à l’URSS.

  • Recherche d’une troisième voie non alignée.

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La gauche révolutionnaire : guérillas et mouvements transnationaux

1/ Les fedayins palestiniens

  • Inspirés du modèle révolutionnaire du FLN algérien (association entre lutte armée et idéologie).

  • Objectif : libération nationale + transformation sociale.

  • Principaux groupes :

    • Fatah (Yasser Arafat, Mahmoud Abbas).

    • Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) – d’inspiration marxiste.

    • Front démocratique pour la libération de la Palestine (FDLP).

    • As-Saïqa (pro-syrien).

  • Dimension sacrificielle : le fedayin est celui “qui se sacrifie”.

  • Rôle des femmes : important, Leïla Khaled, figure militante palestinienne.

2/ Le renouveau du nationalisme kurde

  • Présence dans plusieurs États : Turquie, Iran, Irak, Syrie.

  • Dirigé par Mustafa Barzani.

  • Mouvement se veut révolutionnaire et solidaire des autres luttes (fedayins palestiniens).

  • Circulation des combattants → réseaux transnationaux de solidarité.

3/ Autres guérillas marxistes

  • Yémen du Sud : guérilla anticoloniale puis régime marxiste à Aden.

  • Oman (Dhofar) : insurrection marxiste soutenue par le Yémen du Sud.

  • Ces guérillas s’inscrivent dans un contexte de mobilisation générale de la gauche régionale.

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La domination culturelle et intellectuelle de la gauche

1/ Un moment d’effervescence idéologique

  • Les 1960-1970s : fascination pour les idées communistes et révolutionnaires.

  • Le marxisme devient langage commun de la contestation, adapté au contexte arabe.

  • Beyrouth devient un centre intellectuel majeur :

    • Milieux de gauche, étudiants, réfugiés politiques.

    • Rencontre entre marxistes arabes et penseurs européens.

2/ Les convergences entre gauche et islam politique

  • Frères musulmans en Égypte : soutiennent d’abord les Officiers libres, puis s’opposent à Nasser.

    • Leur chef Sayyid Qutb est exécuté en 1966 → devient un martyr de l’islam révolutionnaire.

  • Ayatollah Khomeyni reprend plus tard une rhétorique anti-impérialiste et anti-élitiste, héritée de cette période.

→ Naissance d’un “islam révolutionnaire”, alternative islamique au marxisme.