Citations française

Méditation du 12 / 5 / 85

Je me trouvai devant ce silence X inarticulé X un peu comme le bois 

Il y avait du sang lourd sous ta peau X dans ta main

tombé au bout des doigts X je ne le voyais pas humain 

Je suis X de temps X myope

Médiation de la certitude

comme un fond de Guinness dans un verre

Je voulais détourner son regard à jamais
(Elle)

Elle avait aimé la vie passionnément de loin

En moi régnait la désolation

En moi régnait la désolation. comme conversant à voix basse.

Je voulais détourner son regard à jamais

(Pour une)

Pour une fois adéquation exacte de la mort même à la mort rêvée, la mort vécue, la mort même même.

Je voulais détourner son regard à jamais

(Gouffre)

Gouffre pur de l’amour. 

S’endormir comme tout le monde. ce que je veux.

Je t’aime jusque là.

Je voulais détourner son regard à jamais

(Évidemment)

Évidemment ce n’était pas un cadeau ordinaire. celui de me livrer, à cinq heures du matin, un vendredi, l’image de ta mort.

En moi régnait la désolation

(On)

On se tourne vers le monde. on se tourne vers soi.

En moi régnait la désolation

(“Vous”)

“Vous” était notre mode d’adresse. L’avait été.

Morte je ne pouvais plus dire que : “tu”.

Où es-tu ?

Sous la lampe, entourée de noir, je te dispose :

En deux dimensions

Point vacillant

(je ne)

Je ne t’ai pas sauvée de ta nuit difficile

Méditation du 12 / 7 / 85

(Cette image)

Cette image se présente pour la millième fois, avec la même insistance, elle ne peut pas ne pas se répéter indéfiniment, avec la même avidité dans les détails. je ne les vois pas s’atténuer. 

Méditation du 12 / 7 / 85

(Je ne m)

Je ne m’exerce à aucun souvenir, je ne m’autorise aucune évocation.

Méditation du 12 / 7 / 85

(On ne)

On ne peut pas me dire il faut le taire.

Tractatus logico-philosophicus

Ce dont on ne peut parler, il faut le taire.

Il y a assurément de l’indicible, il se montre.

Battement

Je m’allongeais sur ta ruine

Dès que je me lève

refus de la mort d’une habitude

Dès que je me lève

(prosaïsme)

Je verse un fond de café en poudre, de la marque ZAMA filtre, que j’achète en grands verres de 200 grammes au supermarché FRANPRIX, en face du métro Saint-Paul.

Le sens du passé

Le sens du passé naît d’objets-déjà

qui ?

qui n’a plus de sens

ni quoi X (sans nom, dans nulle langue)

Je peux affronter ton image

Images de toi, ces mots

Tes lettres

Ton écriture, et frappe : canadienne

Ta langue double

1983 : janvier       1985 : juin

Le registre rythmique de la parole me fait horreur

Dans l’espace minime

Tu t’es diluée dans ce minime espace, tu t’es enfouie dans ce minime espace

Dans l’espace minime

(fenêtre)

Je m’abandonne à l’allongement des fenêtres, de l’église, au golfe de toits à gauche de l’église, où se lancent les nuages, soir après soir.

Fins

Maintenant, vient une fin, je renonce.

C.R.A.Pi.Po.

Je tapais du pied sur l’herbe. les douze pigeons s’élevaient d’un mètre puis se reposaient.

Un jour de juin

Le soleil cille au dessus de l’Ile de la Cité

L’encre et l’image se retrouvent solidaires et alliées

Lumière, par exemple

Lumière, par exemple. noir

Verres.

Bouche fermée. s’ouvrant à la langue.

Fenêtres. Réunion de craies.

Seins. puis bas. la main s’approche. pénètre.

Une logique

Une sorte de logique pour laquelle tu aurais construit un sens X moi une syntaxe, un modèle, des calcus

Le monde d’un seul, mais qui aurait été deux : non pas un solipsisme, un biipsisme

Roman-photo

Le roman se passe dans plusieurs mondes possibles. Dans certains, la jeune femme n’est pas morte.

Quand il n’y a plus qu’un seul monde, où elle est morte, le roman est fini.

La certitude et la couleur

Tu n’es pas blanche et noire X plate. l’étais-tu ?

Tu n’étais pas découpée en rectangle dans le monde.

La certitude et la couleur

(Cette)

Cette image : tu n’as jamais répondu sur ton regard quel après fixes-tu ? X où tu me places X seul.

Moi ? X quelque chose d’entièrement neuf ?

Je vais me détourner

(un)

Sa ponctuation particulière […] : un

Je vais me détourner

(deux)

Tes lambeaux de cadavre […] la résurrection de certains mots les bibliques n’appartenant pas à ma tradition : deux

Je vais me détourner

(et son)

et son agencement d’objets X le tien X à peu près intact depuis presque trente mois

Je vais me détourner

(ce sont)

Ce sont X trois fois X toi X trois des irréductiblement séparés X déplacés réels de toi X perdus en une diaspora qu’unit seule ce pronom : X toi.

Alix Cléo Roubaud

Portrait en médiation

(impossible)

Impossible d’écrire, marié(e) à une morte.

Pexa et hirsuta

Hirsute la fragmentation de tes prénoms,

Je les disais toujours ensemble, l’un heurtant l’autre : Alix Cleo.

Mort

Ta mort m’a été montrée. X Voici : rien X et son envers : rien

Morte

Je ne te nomme plus que comme incolore.

[…]

Amour de loin

Médiation de l’indistinction, de l’hérésie

“suppositions”, “propositions”, “on conclura qu’il n’y a que du dissemblable”

Médiation de l’indistinction, de l’hérésie

(Quelque chose)

Quelque chose noir se referme. et se boucle. une déposition pure, inaccomplie. 

Méditation à l’identique

Vous ne conjoindrez pas devant mes yeux les pierres.

Mort singulière

Entouré d’images de toi, choisies par ton regard.

Tu disais : “le singulier est idiot”

Méditation de la pluralité

La mort est la pluralité obligatoire […]

“Sale vie, sale vie mélangée à la mort”

Méditation des sens

Toutes les stations que maintenant je descends en enfer, par le souvenir

Théologie de l’existence

Mais si je m’enfonce dans cette via negativa, la figure que je vais découvrir n’est pas haute, et je n’espère aucune révélation.

Je n’appelle pas à la survie de ton être de non-morte.

Je n’ai pas l’intuition de te reconnaître, attendant, dans quelque entre-monde.

Méditation de la comparaison

(te comparer)

[…] te comparer à un corps noir, rayonnant d’une distance énorme, quasi infinie, une sombre lumière qui n’arrête pas de me pavenir

Méditation de la comparaison

(je m’acharne)

Je m’acharne à circonscrire ce rien-toi avec exactitude, ce bipôle impossible, à parcourir autour, de ceci, ces phrases de neuf que je nomme poèmes.

Méditation de la comparaison

(je dois)

Je dois essayer de me tendre et te dire, encore.

Apatride

Ton nom est trace irréductible, il n’y a pas de négation possible de ton nom.

Envoi

(Photographie comme)

écriture de la lumière

Énigme

(Abraham de Vermeil)

Sans être maintenant X sans lieu X sans poids X sans dire

Sans parenté vivante accrochée au regard

Cette photographie, ta dernière

Cette photographie, ta dernière, je l’ai laissée sur le mur, où tu l’avais mise, entre les deux fenêtres, […]

Posée au coeur de ce qu’elle montre […] (et ce qui est absent)

Toi (yeux qui voient moment où elle serait absente + poète qui ne peut pas bouger)

Barthes > photographie comme

art du “ça a été”

Alix parle de…

“futur antérieur de la photographie”

Mallarmé, Pour un tombeau d’Anatole

fureur contre l’informe

Jean-François Puff

“écriture photographique”

Michelle Monté

“anti-élégie”

Élodie Bouygues

“sensualité négative”

Hélène Gianecchini

“produire du noir”

Le grand incendie de londres

l’énormité du deuil

Poésie, etcetera : ménage

poésie est “mémoire de la langue”

L’invention du fils de Léoprepes

Le vers est “effecteur de mémoire”