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I. ACTEURS ET POUVOIRS
A. L’ENVIRONNEMENT : UN PROBLÈME PUBLIC MULTI-ÉCHELLES ET MULTI-ACTEURS
L’environnement devient un enjeu politique global, mobilisant des acteurs très divers à ≠ niveaux de décision
International : rôle des États sous l’égide de l’ONU, ex : Accords de Paris (2015)
Coopération parfois difficile : certains pays sont réticents (ex : Émirats arabes unis), d’autres plus engagés (France), d’autres instables (ex : USA, sortent et reviennent dans les accords)
Européen : l’UE s’appuie sur 4 principes fondateurs :
Précaution, prévention, correction, pollueur-payeur
Principe de subsidiarité : décisions prises au niveau le plus proche des citoyens
Ex : Pacte vert européen (2019), ambition climatique forte
Mais diversité des situations : ex Pologne, forte dépendance au charbon = réticences
National : rôle des États dans la mise en place de normes, législation, politiques publiques
Local : collectivités, villes → ex : Zones à faibles émissions (ZFE)
⇒ L’action environnementale est fragmentée, dépend de nombreux niveaux de pouvoir et d’intérêts contradictoires
Une pluralité d’acteurs et de stratégies
Acteurs publics et privés impliqués :
ONG : Greenpeace, WWF…
Experts scientifiques : GIEC, IPBES
Partis politiques : EELV
Citoyens : Greta Thunberg, Extinction Rébellion, marches climat…
Entreprises : certifications, labels, responsabilité sociétale…
Médias : relais, sensibilisation, mise à l’agenda
Armée : adaptation à la durabilité, impact environnemental
Deux stratégies majeures :
Le conflit :
Action collective (marches climat, ZAD, désobéissance civile)
Objectif : mettre sous pression les pouvoirs publics
La coopération :
Dialogue avec les autorités (ex : ONG intégrées aux COP, convention citoyenne)
Co-construction des politiques environnementales
Dilemme :
Le conflit permet de mobiliser rapidement, mais a-t-il un impact durable ?
La coopération permet d’avancer, mais risque de lisser ou diluer les revendications
B. L’ÉTAT VERT, SES POLITIQUES ET LE CHANGEMENT INSTITUTIONNEL
L’Etat face au défi environnemental
L’environnement pousse l’État à redéfinir ses missions :
L’État reste attaché à la croissance économique, or celle-ci n’est pas toujours compatible avec la soutenabilité
Réponses souvent réactives (agir sur les conséquences plus que les causes)
Fragmentation de l’action publique : les structures institutionnelles sectorielles sont mal adaptées
Tension forte entre deux impératifs :
Soutenir l’économie
Protéger l’environnement
Les limites du changement institutionnel
Exemple : Charte de l’environnement (2005) → ajoutée à la Constitution
Valeur constitutionnelle = affirmation solennelle du droit à un environnement sain
Prévoit aussi le devoir de chacun de préserver cet environnement
Mais : contradictions internes de l’État entre soutiens à l’économie et respect de l’environnement
Enjeu crucial : cette charte a-t-elle vraiment modifié les pratiques institutionnelles ?
Changements limités, car l’État reste structuré par la logique productiviste
L’environnement est souvent ajouté en bout de chaîne, pas intégré dans les fondements des politiques publiques
C. LES PARTIS VERTS ET LEURS ÉLECTEURS
Les partis verts : acteurs majeurs de l’institutionnalisation environnementale
Apparition dans les 1970s : structuration d’un nouveau courant politique
Exemples : EELV (France), Green Party (Royaume-Uni), Die Grünen (Allemagne), European Greens…
Objectif : inscrire l’environnement dans l’agenda politique officiel
Construction d’une idéologie verte autour de quatre piliers :
Écologie
Démocratie participative
Égalité sociale
Paix
L’institutionnalisation des partis verts a entraîné un dilemme :
Tension entre conflit (radicalité de départ) et coopération (intégration dans les institutions)
Cela conduit souvent à une déradicalisation et une déconnexion de la base militante
La famille verte : toujours distincte ?
Les Verts se disent plus engagés que les autres partis, mais :
Gauche radicale aussi très écolo (France)
Centre-gauche vs centre-droit : écarts minimes
Absence de partis verts puissants dans certains pays (ex : USA)
Question importante : les partis verts ont-ils un vrai impact sur les politiques environnementales ?
Pas toujours évident : dépend du système électoral, des coalitions, du poids dans le parlement
Les électeurs des Verts
Profils : jeunes, urbains, éduqués, moins religieux, femmes, ancrés à gauche, préoccupés par l’environnement
Question : ces électeurs peuvent-ils mobiliser les classes populaires, traditionnellement à gauche ?
Thèse des valeurs post-matérialistes (Inglehart) :
Quand les besoins matériels sont satisfaits → émergence de préoccupations immatérielles (écologie, droits humains…)
MAIS cela s’applique surtout aux pays du Nord
Dans le Sud : un « environnementalisme des pauvres », plus lié à la survie
Structuration politique : alliances et recompositions
En France et Allemagne : émergence forte d’un électorat vert
Tensions entre bloc productif et bloc écologique :
Bloc gauche : alliance travailleurs + nouvelle classe moyenne
Bloc droite : classes moyennes conservatrices
Bloc écologiste : classes moyennes urbaines, périphériques
Verts souvent alliés à la gauche, mais parfois aussi à droite (ex : Allemagne avec libéraux-conservateurs)
L’écologie transforme les clivages traditionnels → nouvelle forme de compétition politique
Tout le monde se revendique aujourd’hui écolo :
Libéraux → innovation technologique
Gauche → redistribution écologique
Droite → écologie nationale, protectionniste
L’écologie devient un cadre commun de référence, mais politiquement disputé
D. ENTREPRISES ET CONSOMMATEURS
Les entreprises : actrices du changement ou greenwashing ?
Controverse : peuvent-elles vraiment porter la transition écologique ?
Idée de Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) :
Agir au-delà du cadre légal
Afficher des engagements éthiques, durables
Labels, certifications… mais risque de greenwashing
Arguments POUR :
Les entreprises sont agiles, influencent les consommateurs
Certaines savent intégrer la durabilité de façon efficace
Arguments CONTRE :
Beaucoup ne le font que pour l’image
La RSE peut devenir un outil marketing, sans transformation réelle
Exagération ou sélection des infos → greenwashing
Comment réguler cela ?
Par des réglementations encadrant la communication RSE
Par une pression des activistes et des citoyens
La responsabilité individuelle : solution ou leurre ?
Attirante (comme Félicia) car :
Action directe et concrète (ex : consommer bio, limiter CO2…)
Pas besoin d’organisation
Bénéfices individuels : santé, bien-être, image
Mais limites :
Difficile à généraliser
Ne touche qu’une partie de la population
Risque de culpabilisation individuelle
Ne change pas les structures économiques de fond
Un besoin de justice et de régulation collective
Études (ex : ADEME) :
Forte adhésion à l’idée que tout le monde doit faire des efforts
MAIS : ces efforts doivent être justes et encadrés
Rôle attendu de l’État : fixer des règles, créer des aides (ex : rénovation thermique)
Dilemme :
Un consensus sur le besoin de transition…
… mais une pratique toujours ancrée dans la consommation
Tension entre aspirations écologiques et mode de vie réel
Idée à retenir : la transition crée des gagnants et des perdants
E. MOUVEMENTS SOCIAUX ENVIRONNEMENTAUX
Perception du problème écologique
Certains minimisent les enjeux environnementaux…
… tout en reconnaissant que les plus pauvres sont les plus touchés par la crise climatique et énergétique
Paradoxe mais consensus sur les inégalités face aux effets de la crise
Qu’est-ce qu’un mouvement social ?
Un mouvement social, c’est :
Une action collective organisée, dans la durée
En dehors des institutions
Qui conteste ou résiste à un système d’autorité
Toujours un dilemme entre consensus et conflit
Faut-il coopérer ou confronter ?
Stratégies des mouvements environnementaux
Cibles possibles :
Gouvernements
Organisations internationales
Entreprises
Citoyens
Formes et tactiques d’action :
Manifestations
Désobéissance civile
Actions directes (ex : blocages, occupations)
Boycotts
Changements de style de vie (véganisme, low-tech…)
Échelles :
Locale
Nationale
Transnationale
Actions directes et désobéissance civile
Vise souvent à perturber, choquer, interpeller
Peu de revendications concrètes mais rejet d’un système
Impact difficile à évaluer : peu de preuves directes d’efficacité
Les études d’opinion sont utiles, mais ne prouvent pas une causalité claire
Ex : Ende Gelände (blocages de mines de charbon en Allemagne)
II. IDÉES ET CONFLITS
A. SURPOPULATION OU INÉGALITÉ ?
Vision démographique : le problème, c’est la surpopulation ?
Idée : il y aurait une capacité limite de la Terre
Trop de population = trop de pression sur les ressources
Référence : néo-malthusiens, comme Paul Ehrlich (The Population Bomb)
Solution proposée : contrôle des naissances
En pratique, cela cible souvent les pays du Sud
Conception problématique : éco-malthusianisme, parfois teinté de racisme environnemental
Contre-argument : le problème, c’est la surconsommation
Pas trop de monde, mais trop de consommation par une minorité
Ce sont les plus riches qui consomment le plus et polluent le plus
Il faut revoir le modèle économique, pas la démographie
Vision politique radicale de droite
Vision anti-humanitaire :
Trop d’humains = il faut limiter qui a le droit de survivre
Métaphore du canot de sauvetage : empêcher les autres d’embarquer
Propose un eugénisme environnemental
Ces idées ne sont pas marginales, mais influentes dans certains cercles politiques
Ex : Garrett Hardin, auteur de La Tragédie des biens communs
B. LE CAS DE LA COMPENSATION CARBONE
Les promesses
Planter des arbres, préserver des forêts… pour compenser les émissions
Évite de transformer profondément les modèles économiques
Peut générer des profits pour ceux qui investissent
Combine climat + biodiversité
Les problèmes
Durabilité du stockage du carbone (ex : feux de forêts)
Qualité des projets : monocultures, biodiversité faible
Concurrence avec agriculture : besoin d’énormes surfaces (taille UK, voire USA)
Déplacements de populations, souvent autochtones
Inégalités mondiales renforcées : le Nord continue à polluer, le Sud absorbe les impacts
C. ÉCOMODERNISATION OU FREINAGE : L’EXEMPLE DE LA VOITURE ET DES POLITIQUES URBAINES
Trois leviers possibles pour la transition écologique
Substitution : on garde les mêmes usages, mais on change les technologies (ex : moteur thermique → électrique)
Efficacité : on consomme moins pour les mêmes usages (meilleures performances énergétiques)
Sobriété : on réduit les usages (moins de déplacements, moins de consommation)
Problème de la voiture électrique comme solution
Améliore certains aspects (qualité de l’air), mais ne résout pas la congestion
Externalités environnementales déplacées :
Extraction de minerais (lithium, cobalt…)
Dépendance énergétique
Recyclage complexe
Transfert des charges environnementales :
Pollution délocalisée (Sud produit, Nord consomme)
Lithium extrait dans le Sud pour les véhicules du Nord
Dilemme : continuer le système sans fossiles (écomodernisation) ou ralentir, consommer moins (freinage)
D. COLLAPSOLOGIE : DE L’ENVIRONNEMENTALISME APOCALYPTIQUE AU POSTAPOCALYPTIQUE ? (bam)
Critique radicale de la transition douce (développement durable, etc.)
Les collapsologues pensent que le pire est inévitable : la question n’est plus "comment éviter" mais "comment survivre au monde d’après"
Appellent à se préparer à l’effondrement (écologique, économique, social)
E. LE DÉBAT ÉCOLOGIE - DÉMOCRATIE
Tensions entre écologie et démocratie
Certains (Lovelock, Thenberg) pensent que la démocratie est trop lente ou inefficace
Problème structurel :
Ce qui est écologiquement nécessaire est politiquement impopulaire
Ce qui est politiquement faisable est écologiquement insuffisant
Pourquoi démocratie et écologie pourraient être liées
Démocratie = moyen de freiner les intérêts polluants (entreprises)
Si les victimes du changement climatique avaient voix au chapitre, les politiques changeraient
Une démocratie participative et délibérative permettrait un meilleur équilibre :
Entre expertise et savoirs profanes
Entre long terme et court terme
Limites du lien démocratie - écologie
Les démocraties ont souvent une forte empreinte écologique
Le CO2, en particulier, n’est pas mieux géré que dans d’autres régimes
Ex : Chine : régime autoritaire mais investit massivement dans le vert
⇒ Remise en question du lien entre écologie et valeurs progressistes
Les assemblées citoyennes comme solution démocratique
Réponse à la crise de légitimité démocratique
Argument populiste (citoyens choisissent et non élites)
Trois formes de légitimité :
Entrée : représentativité, diversité des voix
Processus : égalité de parole, débat de qualité
Sortie : décisions réfléchies et raisonnables à long terme
Idée : mieux que les élites ou les partis, car plus neutres, plus durables
Grands débats socio-politiques à retenir
Justice sociale vs. justice écologique : les deux sont-elles compatibles ?
Écomodernisation ou sobriété ? : croissance verte ou ralentissement volontaire ?
Quel régime pour la transition ?
Transition démocratique (participation citoyenne)
Transition autoritaire (efficacité sans légitimité)
Autres formes ?
Peut-on réconcilier urgence écologique et démocratie ?