La France de 1600 à 1715: La noblesse

Qu’est-ce que la noblesse de robe et quand apparaît-elle ?

La noblesse de robe apparaît en 1604. C’est une noblesse acquise par la charge dans la magistrature ou l’administration (par l’achat d’offices), par opposition à la noblesse d’épée, issue du service militaire.

Quelle est la conséquence de l’échec de la Fronde (1648-1653) ?

Elle marque la fin des révoltes nobiliaires et la soumission de la noblesse à l’autorité royale. Le roi devient le « premier gentilhomme de France », protecteur des privilèges, mais seul détenteur du pouvoir.

Quels privilèges caractérisent la noblesse au XVIIe siècle ? 4 éléments attendus

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• Fiscaux : exemption de la taille

• Politiques : participation aux États provinciaux

• De carrière : priorité dans l’armée et les charges royales

• Honorifiques : présence à la Cour, préséances

• Judiciaires : jugée par des tribunaux spécifiques (parlements)

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Qu’est-ce que la « grande enquête sur la noblesse » ?

Ordonnée par Louis XIV et Colbert en 1666, elle visait à vérifier les titres de noblesse pour lutter contre l’usurpation et les pertes fiscales. Elle dura jusqu’en 1727.

Pourquoi cette enquête était-elle importante politiquement ?

Elle renforçait le contrôle du roi sur la noblesse et consolidait l’ordre social en distinguant la vraie noblesse de la bourgeoisie enrichie. Cela s’inscrit dans le renforcement de la monarchie administrative.

Comment Louis XIV a-t-il redéfini la place de la noblesse ?

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Il soumet la noblesse à sa volonté tout en la fidélisant par les honneurs et les charges à la Cour. Il valorise aussi le mérite, en promouvant des bourgeois compétents dans l’administration et l’armée.

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Quelle idée résume la politique nobiliaire de Louis XIV ?

« Depuis 1661, un ministre compte plus qu’un duc. » Louis XIV instaure une méritocratie tempérée : le mérite peut rehausser la naissance, mais ne la remplace pas totalement.

Quelle est la part du mérite dans la haute noblesse militaire ?

En 1715, sur 15 maréchaux de France, 7 viennent de familles ducales, 8 de naissance plus modeste : le mérite corrige partiellement les inégalités de naissance.

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Pourquoi peut-on parler d’« ouverture contrôlée » de la noblesse ?

Parce que Louis XIV permet l’accès à la noblesse par les fonctions et les services rendus, mais garde un contrôle strict sur les anoblissements (afin d’éviter une inflation nobiliaire).

Quelle triple hiérarchie François Bluche identifie-t-il à la Cour ?

1. La hiérarchie du rang

2. Celle de l’étiquette

3. Celle du crédit (la faveur personnelle auprès du roi)

Quelles sont les trois catégories de personnes ayant un rang à la Cour ?

• Les grands officiers de la Couronne

• Les maréchaux de France

• Les chevaliers du Saint-Esprit

Quelle fonction culturelle joue la Cour selon Bluche ?

C’est à Versailles que se codifient la politesse, les bienséances et les convenances françaises : un véritable centre de la sociabilité et du raffinement.

Quand et pourquoi est institué le protocole des « Honneurs de la Cour » ?

En 1715, pour codifier l’admission à la Cour. Il exige une noblesse prouvée remontant au moins à 1400, mais le roi garde la liberté d’accorder ou de refuser cet honneur à son gré.

Quelles catégories étaient admises sans preuves aux Honneurs de la Cour ?

Les ministres, maréchaux, officiers de la Couronne, leurs descendants, et les protégés du roi.

Quelle fonction politique avait la Cour pour Louis XIV ?

Versailles servait à contrôler et domestiquer la noblesse en la concentrant autour du roi, loin de ses bases provinciales, dans un système de dépendance fondé sur les faveurs et l’étiquette.

Qu’est-ce que la capitation de 1695 ?

Premier impôt de capitation, répartissant la population en 22 classes selon le revenu et la fonction, mêlant nobles et roturiers — ce qui remet en question la distinction stricte entre ordres.

Quelle interprétation François Bluche et Solnon donnent-ils de la capitation ?

Ils y voient une évolution vers une société de classes plutôt que d’ordres, car nobles et roturiers sont fiscalement classés ensemble selon leur richesse.

Quelle est la thèse opposée de Roland Mousnier ?

Pour lui, la capitation de 1695 assimile la noblesse à ceux qui peuvent payer « l’impôt noble » : elle confirme plutôt la hiérarchie d’Ancien Régime qu’elle ne la remet en cause.

En quoi la noblesse sous Louis XIV est-elle différente des précédentes ?

• Moins guerrière, plus administrative et de Cour

• Contrôlée par le roi

• Plus hiérarchisée et codifiée

• Ouverte à une élite méritante (noblesse de robe, anoblissements)

• Attachée à Versailles plutôt qu’à ses terres

Quelle est la définition de la noblesse ?

➡ La noblesse est une élite militaire, issue du Moyen Âge, dont le rôle initial est de faire la guerre (les bellatores).

D’après Adalbéron de Laon (XIᵉ siècle) : la société est tripartite – ceux qui prient (oratores), ceux qui combattent (bellatores), ceux qui travaillent (laboratores).

Comment se définit la noblesse aux XIIᵉ et XIIIᵉ siècles ?

➡ C’est un ordre guerrier et foncier :

• Inclut les barons du roi et leurs vassaux/chevaliers,

• Possède des terres → le noble est un dominus,

• Exerce autorité et justice sur ses terres → seigneur banal.

Roi=premier des nobles

Qu’est-ce que le phénomène d’agrégation à la noblesse ?

➡ C’est le fait pour des roturiers riches de se faire passer pour nobles au XVIᵉ-XVIIᵉ siècle.

• Ils achètent une seigneurie, vivent noblement (sans travail “vile”), adoptent un titre (ex : “M. de La Meilleraie”).

• Si cette fiction dure 3 générations, la noblesse est souvent reconnue officiellement.

Exemple : la famille Turgot, issue d’agrégés à la noblesse.

Qu’est-ce que la grande enquête sur la noblesse de 1666 ?

➡ Ordonnée par Colbert sous Louis XIV, elle vise à traquer les faux nobles.

• Objectif : vérifier les titres de noblesse,

• Ceux qui ne prouvent pas leur noblesse → ramenés à la taille (impôt des roturiers), humiliation suprême.

Comment la monarchie affaiblit-elle la noblesse à la fin du règne de Louis XIV ?

À cause des difficultés financières (guerre de Succession d’Espagne), la monarchie vend des lettres de noblesse.

• Puis exige des “maintenues” de noblesse payantes.

Très mal vu par la noblesse ancienne, qui voit sa dignité “marchandisée”.

Quelle est la tension principale entre la noblesse et l’État royal ?

➡ L’État crée une noblesse d’État → la noblesse de robe, issue des offices (parlementaires, administrateurs).

• Elle s’oppose à la noblesse d’épée (ancienne noblesse militaire).

• Le pouvoir royal favorise la robe, perçue comme docile et fidèle au roi.

Pourquoi la noblesse se sent-elle menacée par l’État royal ?

Parce que le roi se méfie de son indépendance et de ses valeurs (honneur, lignée, gloire guerrière),
→ entraînant des révoltes nobiliaires au XVIIᵉ siècle (ex : la Fronde),
→ résultat : une “conscience malheureuse” : une noblesse frustrée et dépossédée.

Quelle est l’étymologie du mot “noble” ?

➡ Du latin nobilis ← cognoscere (“connaître”).

Est noble celui qui est digne d’être connu, célébré, placé hors du commun par ses qualités.

Quelle est la signification morale de la noblesse ?

➡ Être noble, c’est avoir une qualité morale supérieure (“gens de qualité”).

• Le noble incarne la perfection, la pureté, l’honneur,

• Par opposition à l’ignoble, porteur d’une “tache” roturière.

La noblesse est donc une élite sociale et morale, pas seulement de naissance.

Quelle est la vision de la noblesse au XVIIᵉ siècle ?

➡ Elle oscille entre orgueil d’une élite ancienne et crainte du déclassement.

• Menacée par la vente de noblesse, la noblesse de robe et la centralisation monarchique,

• Elle revendique un héritage moral : honneur, courage, vertu, excellence.

Quelle est l’origine du mot “race” dans le contexte de la noblesse d’Ancien Régime ?

Le mot vient de l’idée de lignée, de lignage transmis par le sang et la semence. Il renvoie à la continuité biologique et symbolique d’un groupe familial noble.

Que signifie appartenir à une “race” noble ?

Cela signifie appartenir à une lignée où le sang est considéré comme porteur de qualités morales, physiques et sociales. La noblesse est perçue comme héréditaire, inscrite dans le corps.

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Quelle est la fonction symbolique du sang dans la conception nobiliaire ?

Le sang symbolise la pureté, la valeur, la continuité et la distinction. Il devient le signe visible d’une essence noble transmise de génération en génération.

Comment la “race” fonde-t-elle l’identité et la légitimité de la noblesse ?

Elle justifie la supériorité des nobles par la naissance : être noble, c’est être issu d’un sang qui confère naturellement courage, vertu et honneur.

Pourquoi la noblesse est-elle obsédée par la pureté de la lignée ?

Parce qu’elle voit dans le mélange du sang (mariages roturiers, alliances économiques) une dégradation morale et sociale. La pureté du sang garantit la distinction.

Quelle est la conséquence de cette idéologie du sang sur la société d’Ancien Régime ?

Elle renforce la hiérarchie et la fermeture sociale : la noblesse se pense comme une “espèce à part”, naturellement supérieure au tiers état.

Quelle tension apparaît entre l’idée de race et celle de mérite ?

La noblesse de sang s’oppose à la noblesse de mérite (noblesse de robe). Les anoblissements par service ou par achat sont perçus comme une corruption du “sang noble”.

La noblesse biologique suffit-elle pour être pleinement noble ?

Non. Le “bon sang” est nécessaire mais insuffisant : l’éducation et la formation complètent et réalisent la noblesse naturelle.

Quels types d’éducation pour les jeunes nobles au 16e-17e siècle ?

Au début du 17e, l’éducation intellectuelle est rare ; elle vise surtout l’instruction militaire (équitation, escrime) et morale. La formation intellectuelle devient plus fréquente après 1660, surtout à la cour et pour la noblesse de robe.

Quelle proportion de jeunes nobles va au collège au début du 18e siècle ?

En 1715 : 30% des jeunes nobles (contre moins de 3% des roturiers) fréquentent le collège.

Quel rôle joue la cour et Louis XIV dans l’éducation noble ?

La cour valorise la culture lettrée : la noblesse doit acquérir des compétences intellectuelles, juridiques et administratives pour servir à la fois l’État et la monarchie.

Quelle est la valeur du modèle ancestral pour l’éducation ?

Il faut imiter et honorer les ancêtres : “noblesse oblige”. L’éducation sert à transmettre et prolonger la gloire et les vertus familiales.

Que signifie le proverbe “d’une buse on ne peut faire un épervier” ?

Même la meilleure éducation ne peut transformer une naissance médiocre. L’éducation complète et cultive la noblesse, mais ne crée pas ce qui n’existe pas dans le sang.

Quel lien entre éducation et politique pour la noblesse ?

Une noblesse instruite est plus capable de servir l’État et de défendre sa position face au roi. Elle combine honneur, culture et compétence pratique.

Qu’est-ce que l’honneur pour un gentilhomme au 17e siècle ?

Sentiment moral et obligation sociale ; valeur laïque majeure, liée à la réputation et au respect par autrui. Vivre sans honneur = mort civile.

Le roi peut-il enlever l’honneur à un noble ?

Non. Le roi peut distribuer des titres ou des distinctions, mais l’honneur reste attaché à l’individu. “L’âme est à Dieu, l’honneur à nous.” (Montluc)

L’honneur est-il individuel ou collectif ?

Les deux : il concerne l’individu, sa famille, sa lignée et son nom. Il inclut courage, vertu, fonction militaire et pour les femmes, la chasteté.

Pourquoi l’honneur influence-t-il le comportement des jeunes nobles ?

Il impose fidélité aux ancêtres, courage au combat, respect de la hiérarchie, et goût du défi (ex. 400 coups dès l’enfance, duel, chasse).

Qu’est-ce que le duel ?

Combat rituel entre nobles pour défendre l’honneur. Toujours équilibré (armes égales, même nombre). Règles précises et acceptées par les deux parties.

Causes fréquentes des duels ?

Offense pour femme, querelle politique (ex. Fronde), faveur royale, procès, etc.

Où et comment se déroule un duel ?

Lieu public ou fossé proche des remparts, souvent tôt le matin. Duellistes en chemise, parfois sans, accompagnés de seconds.

Périodes et régions propices aux duels ?

Minorité de Louis XIII (1611-1614), 1621-1628, 1631-1633, 1648-1653 (Fronde). Régions : Sud-Ouest, Guyenne, Languedoc, Bretagne, Paris.

Combien de morts par duel sous Henri IV ?

250 morts/an. Proportion : 1 gentilhomme sur 8 dans une tranche d’âge.

Rôle de la monarchie et des édits ?

Édits : 1602, 1609, 1623, 1626, 1643, 1651 – le duel est crime, fureur, perversion. Peu d’exécutions malgré la loi (ex. Montmorency en 1627).

Pourquoi le duel perd-il son importance après 1653 ?

Échec de la Fronde, renforcement du pouvoir royal, influence du jansénisme (désenchantement, rejet de l’héroïsme et de la vanité des duellistes).

Quel rapport entre duel et culture baroque ?

Le duel est éthique héroïque : ludique, indépendant du roi mais loyal, fugace et instable, résonance avec l’art baroque.

Quelle distinction fondamentale fait Pascal sur les grandeurs ?

• Grandeurs naturelles : indépendantes des hommes, liées à la raison, la vertu, la force, la santé.

• Grandeurs d’établissement : fixées par la société (titres, pouvoirs, richesses), contingentes, non méritées.

Que signifie “double pensée” chez Pascal pour le jeune noble ?

Intérieurement : conscience que la noblesse est une grandeur d’établissement, non naturelle.
Extérieurement : respecter l’ordre et les usages sociaux (saluer, honorer) pour maintenir la société.

Quel est le rôle de la double pensée ?

Permet au noble de concilier conscience de sa condition réelle et respect des apparences nécessaires à l’ordre social.

Qu’est-ce que le jansénisme ?

Courant religieux du 17e siècle, pessimiste : salut uniquement par la volonté divine, misère absolue de l’homme, transcendance absolue de Dieu.

Contexte socio-politique du jansénisme en France ?

Émerge après la Fronde (1653) : échec de la noblesse face à la reprise monarchique. Génère une discipline stricte et un désenchantement de la noblesse.

Quelle est la position de Pascal sur les duels ?

Totalement hostile : il voit le duel comme vanité et amour-propre, pas comme véritable héroïsme.

Que disent Pascal et les jansénistes sur l’héroïsme ?

Le moi est haïssable, incapable de produire un bien réel. La gloire des duellistes = égoïsme déguisé.

Quelle citation de Paul Bénichou résume cette critique ?

“L’homme n’est pas grand, le désir qu’il a de se grandir ne le grandit pas.”

Quel est l’effet du jansénisme sur la culture nobiliaire ?

Dévalorisation du duel et de l’honneur héroïque, accent sur l’ordre social, la morale et la réalité humaine plutôt que sur l’exaltation du moi.