CM12- Violence politique, guerre civile, terrorisme, répression

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INTRODUCTION

La violence politique est partout, même dans les sociétés qu’on imagine pacifiées car l’Etat a le monopole de la violence légitime

  • Juin 2023 : Destructions de biens suite à la mort de Nahel Merzouk par un policier

    • Coût élevé à -800 MMM €

⇒ Pas question de guerres interétatiques (relations internationales), uniquement d’action violentes, normales, exceptionnelles, irrationnelles, pathologiques…

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I. QUALIFIER LA VIOLENCE POLITIQUE

Violence = quand la force est utilisée pour contraindre, endommager, détruire des personnes ou biens

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A. VIOLENCES PHYSIQUES ET SYMBOLIQUE

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La pacification progressive des sociétés occidentales

Norbert Elias

Monopole de la violence légitime par l’État :

  • N’est pas seulement un outil de domination, mais aussi un instrument de pacification.

  • Il libère les individus de l’insécurité liée aux violences privées ou à l’auto-défense permanente.

Processus de civilisation :

  • Double évolution :

    1. Consolidation de l’État moderne (monopole de la violence légitime).

    2. Autocontrôle accru des individus par refoulement des pulsions violentes car dynamique de refoulement de l’agressivité exercée par l’Etat

  • Cela entraîne une transformation des normes sociales : baisse du seuil de tolérance à la violence physique.

    • Exemple : mourir au combat ou dans le sport était banal dans l’Antiquité —> aujourd’hui, intolérable.

La Société de cour : cour = système de relations entre acteur interdépendants

  • La noblesse, pour maintenir son statut, est contrainte à un mode de vie mondain, sédentaire et symbolique.

  • La violence physique est remplacée par la violence symbolique (exclusion sociale, prestige, concurrence statutaire).

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Aujourd’hui en OCC : entre pacification réelle et sentiment d’insécurité

On a :

  • Moins : de violences physiques directes

  • Plus : sentiment d’insécurité lié aux incivilités + remise en cause de l’ordre public

Politiques de sécurité inefficaces :

  • Idée que si police de proximité, alors individus dissuadés de troubler vie quotidienne.

  • Faux car versant répressif prend le dessus

  • Métaphore de la vitre brisée (sensée empêcher de briser d’autres vitres si elle est réparée, mais en vrai empêche rien du tout) : postule que lutter contre petites dégradations prévient le crime → en réalité, surenchère répressive peu efficace.

Les violences domestiques restent massives :

  • Féminicides domestiques 4 fois plus nombreux que les homicides domestiques en 2022.

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Violence symbolique

Bourdiax

La violence symbolique est intériorisée par les individus au cours de leur socialisation :

  • Elle repose sur la reconnaissance du pouvoir par ceux-là mêmes qui le subissent.

  • Elle traverse l’ordre scolaire, genré, racial ou social.

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Critique d’Elias ⭢ la “brutalisation de la société”

C’est qui George Moss ?

  • Historien ALL

Contre-thèse : la guerre n’a pas fait reculer la violence, elle l’a renforcée et légitimée.

  • 1GM : provoque une mémorialisation + une sacralisation de la guerre + une banalisation de la violence + diffusion des attitudes agressives en temps de paix

    • Les anciens combattants jouent un rôle actif dans l’essor des fascismes (ex : NSDAP en Allemagne) avec activité commémorative et sentiment national++

Concept de brutalisation :

  • La guerre diffuse une culture de l’agressivité, qui persiste en temps de paix.

  • Ex : société ukrainienne vit dans climat de guerre depuis guerres de Tchétchénie (1996,1999) et invasion de la Crimée (2014) ⭢ guerre mi civile mi interétatique ⭢ nationalisme++, mémorialisation immédiate

Limite

  • Thèse très critiquée mais souligne impact de la guerre sur la rapport à la violence des sociétés

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B. EXPLIQUER LES FORMES VARIÉES DE VIOLENCE POLITIQUE

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Une définition insuffisante et trop restrictives

Violence politique : souvent définie comme violence perpétrée par des acteurs politiques (États, partis, militants) et dirigée contre des cibles politiques (gouvernants, opposants, institutions).

Limites de cette définition :

  • Ne rend pas compte d’actes comme :

    • L’immolation publique (violence tournée contre soi-même, mais visant à dénoncer un système).

    • Attentats suicides qui n’ont pas nécessairement de cibles politiques précises.

  • Ces formes visent à produire un effet politique même sans cible politique directe.

Il faut donc adopter une définition élargie de la violence politique : tout acte violent destiné à produire un effet politique, quelle que soit la cible.

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Imbrication entre sphères politique et criminelle

Exemples de collusion :

  • Politiciens argentins (Buenos Aires) entretenant des liens avec des gangs criminels pour intimider la population ou éliminer des adversaires.

  • La violence peut être sous-traitée à des acteurs non-politiques pour servir des objectifs politiques.

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Distinguer pouvoir et violence

Hannah Arendt

Du mensonge à la violence :

  • Le pouvoir politique repose sur le consentement et le nombre (pluralisme, action collective).

  • La violence, au contraire, peut se passer du consentement ou du nombre : elle est instrumentale, liée à la destruction ou la contrainte.

Arendt privilégie une vision non-violente de la politique : espace de débat et d’action commune, pas d’oppression.

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La désobéissance civile : entre droit, morale et politique

La désobéissance civile = violation ouverte et collective de la loi, au nom de valeurs morales supérieures.

Pour Arendt, cette forme d’action est légitime, notamment dans les démocraties libérales (US++) :

  • Le droit repose sur le consentement des gouvernés.

  • Le refus public de la loi peut être une forme de participation politique.

Exemples :

  • Les ZAD (zones à défendre) pour empêcher les mégabassines contre la privatisation de l’eau (bien commun).

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II. EXPLIQUER LES FORMES VARIÉES DE VIOLENCE POLITIQUE

Security studies : sous champ de la SP pour étudier la diversité des phénomènes de violence (guerre civile, crime de masse, crime contre l’humanité, génocide, terrorisme, manifs violentes, violence policière).

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A. GUERRE CIVILE

1990s⭢ : explosion du nombre de guerres civiles

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Déconstruction des explications ethniques ou idéologiques simplistes

David Laitin (politiste US) :

  • Réfute que la guerre civile soit causée uniquement par la fin de la guerre froide ou la diversité ethnique conflictuelle.

  • Met en avant la logique des “fils de la terre” : groupes se considérant comme légitimes propriétaires du territoire s’opposent à ceux perçus comme nouveaux venus.

    • Accès aux ressources comme facteur central, plus que religion ou idéologie ou ethnie.

Laitin : violence découle pas idéologie/culture/religion mais enchaînement d’interactions à échelle microscopique

  • Ex : guerre civile grecque (1946-49) : oppose armée grecque (soutenue par US/UK) et parti coco grec ⭢ violence s’explique par stratégie de contrôle du territoire

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Nature de la violence dans les conflits

Laitin distingue :

  • Violence indéterminée : de masse, désorganisée, souvent contre-productive.

  • Violence sélective : ciblée, plus efficace, mais suppose un contrôle du territoire pour repérer les cibles.

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Critique sociologiques à l’approche de Laitin

Des approches sociologiques insistent sur :

  • Économie de la violence : apparition de nouveaux capitaux (militaires, financiers), transformation de la valeur des ressources (ex : variation du prix des armes, fluctuation de la monnaie).

  • Poids des pressions extérieures : conflits souvent internationalisés.

    • Ex : Syrie → acteurs multiples : Turquie, Iran, Russie, Occident, Hezbollah, Daesh, PKK.

Stratégie d’ethnicisation :

  • Ethnies ou religions souvent instrumentalisées à des fins de division ou de légitimation.

  • Ex : Assad en Syrie réprime moins certaines minorités (druzes, chrétiens) → stratégie politique.

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Du préjugé à la violence : rôle des idéologies raciales

Préjugés → discrimination → haine → déshumanisation → idéologie de purification.

  • Exemple du génocide rwandais (1994) :

    • Obéissance à l’autorité locale autant que haine raciale.

    • La haine n’est pas toujours le seul moteur, importance des hiérarchies sociales et de l’autorité.

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Pacification et justice transitionnelle

Difficile réconciliation après guerre civile : bourreaux et victimes doivent cohabiter.

Nécessité d’une justice transitionnelle, qui cherche :

  • Responsabilisation des coupables.

  • Réparation des victimes.

  • Ex : procès Nuremberg (1945-46), commissions de vérité et de réconciliation après Apartheid en Af du Sud (1996-1998)

Types de justice transitionnelle selon Sandrine Lefranc (chercheuse FR spécialiste en justice transitionnelle) :

  • Justice pénale : tribunaux internationaux (ex : ex-Yougoslavie, Rwanda).

  • Justice administrative : vote, lois d’épuration/lustration qui écartent collaborateurs des régimes accusés de violence (ex : Pologne post-communiste).

  • Justice symbolique : rétablit “vérité” (ex : Pérou rituels de purification après guerre civile 1980s entre gouvernement et guérilla coco).

Reconnaissance symbolique souvent plus forte que réparations matérielles.

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B. VIOLENCE TERRORISTE

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Définition du terrorisme

Terrorisme = acte de violence à finalité politique, visant généralement des civils pour provoquer un sentiment de terreur.

  • C’est aussi une stratégie de communication : visée médiatique, propagande.

  • Forme spécifique : terrorisme domestique = acteurs nationaux agissant à l'intérieur des frontières d’un État.

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Causes du terrorisme : débats scientifiques

Lien entre inégalités économiques et terrorisme :

  • Inégalités seules ≠ explication.

  • Elles doivent être associées à une discrimination ethnique pour engendrer du terrorisme domestique.

Robert Pape (politologue US) :

  • Attentats suicides = réponse à occupation militaire étrangère, plus que religion.

  • Motif = défense nationale, pas forcément religieux.

Assaf Moghadam (politologue ISR) :

  • Critique Pape : religion joue un rôle central, surtout dans la dimension sacrificielle de l’attentat suicide.

  • Met en avant la figure du martyr et la culture du sacrifice dans les groupes terroristes.

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Approche du terrorisme : au-delà des “security studies

Vers des approches socio-anthropologiques :

  • Mieux comprendre les trajectoires individuelles et contextes sociaux de la radicalisation.

Le terme radicalisation :

  • Popularisé dans les 2000s, surtout par les gouvernements pour légitimer les politiques de déradicalisation.

  • Notion controversée et jugée floue.

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Radicalisation d’extrême droite

C’est qui Cynthia Miller-Idriss ? Politologue US

Se concentre sur la socialisation politique des jeunes vers l’extrême droite violente.

  • Question de départ : non pas “pourquoi ils se radicalisent ?” mais “où et comment se radicalisent-ils ?”

  • Lieux-clés de la radicalisation :

    • Clubs de MMA, concerts identitaires, bars, clubs de foot, lieux de sociabilité masculine.

  • Pratiques de consommation associées : vêtements, marques, alimentation, jeux vidéos, forums, réseaux sociaux…

  • Montre que l’environnement culturel et social compte autant que les idées.

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La radicalisation islamiste : controverses françaises

Gilles Kepel (politologue FR) : met l’accent sur le rôle du salafisme (donc rôle de la religion).

Olivier Roy (politologue FR) : thèse générationnelle → jihadisme comme geste contestataire (forme de nihilisme) sans réel fondement religieux.

François Burgat (islamologue FR) : analyse postcoloniale → djihadisme = réaction à la colonisation et à ses effets contemporains.

Enquête sur 133 mineurs impliqués :

  • Majoritairement issus de milieux populaires maghrébins, mais pas nécessairement délinquants, cherchent ascension sociale via l’école

  • Radicalisation peu liée à un projet idéologique solide.

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C. PROTESTATION, VIOLENCE ET RÉPRESSION POLICIÈRE

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Analyse interactionniste de la violence protestataire

Donatella Della Porta (politologue IT)

Elle propose une lecture en 4 étapes du processus de radicalisation des mouvements protestataires sous l’effet de la répression :

  1. Répression policière initiale : entraîne escalade de la violence.

  2. Escalade concurrentielle : compétition interne entre groupes militants et leurs adversaires.

  3. Compartimentalisation organisationnelle : groupe se scinde et s’isole.

  4. Encapsulage idéologique : groupe se referme sur lui-même, perd parfois soutien extérieur, clandestinité accrue
    Clôture idéologique rigidifiée

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Effets de la répression policière

Dans les régimes autoritaires :

  • La répression empêche souvent la formation des mouvements.

  • MAIS quand la mobilisation est déjà forte, la répression peut au contraire renforcer le mouvement.

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Techniques de répression contemporaine

Visent à diviser et contenir les foules :

  • Canons à eau

  • Gaz lacrymogènes

  • Sirènes assourdissantes

  • LBD (lanceurs de balles de défense)

Mais ces dispositifs peuvent produire une répression brutale, voire contre-productive, en alimentant colère et radicalisation.

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Comparaisons internationales

US : violences policières fréquentes, souvent marquées par un racisme structurel.

FR : usage de la force plus violent que dans le reste de l’Union européenne.

  • Explication : réglementation plus laxiste sur l’usage des armes (ex : LBD autorisés).

  • Controverses récurrentes autour de la répression des Gilets jaunes, manifs contre la réforme des retraites, ZAD, etc.

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AJOUTS TD

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La guerre contre la terreur / contre le terrorisme

Contexte et émergence

  • 11 septembre 2001 : attentats du World Trade Center menés par Al-Qaïda → tournant historique.

  • Réaction immédiate : intervention militaire en Afghanistan (opération Enduring Freedom) pour démanteler Al-Qaïda et renverser les Talibans.

  • Extension de la guerre contre le terrorisme à d'autres zones (Irak, Sahel, Syrie…).

Nature de la guerre : une guerre asymétrique

  • Guerre asymétrique = conflit entre un État puissant et un acteur non étatique aux capacités militaires limitées.

  • Tactiques irrégulières : attentats, embuscades, guérilla, cyberattaques.

Emmanuel Gross :

  • Pour les terroristes, le champ de bataille est civil, non militaire.

  • Utilisation de la population comme protection ou cible → dilemme moral pour les démocraties.

Asymétries multiples :

  • Militaire : déséquilibre des forces (armées modernes vs cellules clandestines).

  • Juridiques : terroristes ignorent le droit international humanitaire, alors que les États sont censés s’y tenir (Conventions de Genève, Haye).

  • Idéologiques : rejet du libéralisme occidental hégémonique (Nazir) → refus des valeurs universelles (droits humains, démocratie représentative…).

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Le dilemme des démocraties face au terrorisme : sécurité vs droits fondamentaux

Le paradoxe :

  • Démocraties : fondées sur la protection des libertés individuelles, l’État de droit, la séparation des pouvoirs.

  • Terrorisme : menace diffuse, imprévisible, souvent implantée dans des milieux civils (urbains/paraurbains), rendant les réponses complexes.

Le dilemme :

  1. Respecter le droit international humanitaire (Conventions de Genève) → risque d’inefficacité opérationnelle.

  2. Recourir à des pratiques extrêmes (détention sans procès, surveillance massive, torture, exécutions ciblées) → trahison des valeurs démocratiques.

Dérives possibles : la “gâchette facile” et la tentation sécuritaire

  • Crainte permanente d’une attaque :

    • Climat de peur : favorise des décisions précipitées, usage disproportionné de la force (ex : bavures, profilage ethnique, répression de masse).

    • Le « syndrome de la gâchette facile » : réflexe sécuritaire exacerbé, pouvant nourrir ressentiment et radicalisation.

  • Conséquence : spirale négative

    • Plus de sécurité → moins de confiance

    • Moins de confiance → plus de violences

    • Plus de violences → plus de mesures sécuritaires

L’équilibre instable à maintenir

  • Trois pôles de pression :

    1. Opinion publique : demande sécurité immédiate, parfois au prix de libertés.

    2. ONG, instances juridiques, presse : veillent au respect des droits.

    3. Acteurs armés non étatiques : exploitent les abus pour légitimer leur cause.