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INTRODUCTION
La violence politique est partout, même dans les sociétés qu’on imagine pacifiées car l’Etat a le monopole de la violence légitime
Juin 2023 : Destructions de biens suite à la mort de Nahel Merzouk par un policier
Coût élevé à -800 MMM €
⇒ Pas question de guerres interétatiques (relations internationales), uniquement d’action violentes, normales, exceptionnelles, irrationnelles, pathologiques…
I. QUALIFIER LA VIOLENCE POLITIQUE
Violence = quand la force est utilisée pour contraindre, endommager, détruire des personnes ou biens
A. VIOLENCES PHYSIQUES ET SYMBOLIQUE
La pacification progressive des sociétés occidentales
⭢ Norbert Elias
Monopole de la violence légitime par l’État :
N’est pas seulement un outil de domination, mais aussi un instrument de pacification.
Il libère les individus de l’insécurité liée aux violences privées ou à l’auto-défense permanente.
Processus de civilisation :
Double évolution :
Consolidation de l’État moderne (monopole de la violence légitime).
Autocontrôle accru des individus par refoulement des pulsions violentes car dynamique de refoulement de l’agressivité exercée par l’Etat
Cela entraîne une transformation des normes sociales : baisse du seuil de tolérance à la violence physique.
Exemple : mourir au combat ou dans le sport était banal dans l’Antiquité —> aujourd’hui, intolérable.
La Société de cour : cour = système de relations entre acteur interdépendants
La noblesse, pour maintenir son statut, est contrainte à un mode de vie mondain, sédentaire et symbolique.
La violence physique est remplacée par la violence symbolique (exclusion sociale, prestige, concurrence statutaire).
Aujourd’hui en OCC : entre pacification réelle et sentiment d’insécurité
On a :
Moins : de violences physiques directes
Plus : sentiment d’insécurité lié aux incivilités + remise en cause de l’ordre public
Politiques de sécurité inefficaces :
Idée que si police de proximité, alors individus dissuadés de troubler vie quotidienne.
Faux car versant répressif prend le dessus
Métaphore de la vitre brisée (sensée empêcher de briser d’autres vitres si elle est réparée, mais en vrai empêche rien du tout) : postule que lutter contre petites dégradations prévient le crime → en réalité, surenchère répressive peu efficace.
Les violences domestiques restent massives :
Féminicides domestiques 4 fois plus nombreux que les homicides domestiques en 2022.
Violence symbolique
Bourdiax
La violence symbolique est intériorisée par les individus au cours de leur socialisation :
Elle repose sur la reconnaissance du pouvoir par ceux-là mêmes qui le subissent.
Elle traverse l’ordre scolaire, genré, racial ou social.
Critique d’Elias ⭢ la “brutalisation de la société”
C’est qui George Moss ?
Historien ALL
Contre-thèse : la guerre n’a pas fait reculer la violence, elle l’a renforcée et légitimée.
1GM : provoque une mémorialisation + une sacralisation de la guerre + une banalisation de la violence + diffusion des attitudes agressives en temps de paix
Les anciens combattants jouent un rôle actif dans l’essor des fascismes (ex : NSDAP en Allemagne) avec activité commémorative et sentiment national++
Concept de brutalisation :
La guerre diffuse une culture de l’agressivité, qui persiste en temps de paix.
Ex : société ukrainienne vit dans climat de guerre depuis guerres de Tchétchénie (1996,1999) et invasion de la Crimée (2014) ⭢ guerre mi civile mi interétatique ⭢ nationalisme++, mémorialisation immédiate
Limite
Thèse très critiquée mais souligne impact de la guerre sur la rapport à la violence des sociétés
B. EXPLIQUER LES FORMES VARIÉES DE VIOLENCE POLITIQUE
Une définition insuffisante et trop restrictives
Violence politique : souvent définie comme violence perpétrée par des acteurs politiques (États, partis, militants) et dirigée contre des cibles politiques (gouvernants, opposants, institutions).
Limites de cette définition :
Ne rend pas compte d’actes comme :
L’immolation publique (violence tournée contre soi-même, mais visant à dénoncer un système).
Attentats suicides qui n’ont pas nécessairement de cibles politiques précises.
Ces formes visent à produire un effet politique même sans cible politique directe.
Il faut donc adopter une définition élargie de la violence politique : tout acte violent destiné à produire un effet politique, quelle que soit la cible.
Imbrication entre sphères politique et criminelle
Exemples de collusion :
Politiciens argentins (Buenos Aires) entretenant des liens avec des gangs criminels pour intimider la population ou éliminer des adversaires.
La violence peut être sous-traitée à des acteurs non-politiques pour servir des objectifs politiques.
Distinguer pouvoir et violence
Hannah Arendt
Du mensonge à la violence :
Le pouvoir politique repose sur le consentement et le nombre (pluralisme, action collective).
La violence, au contraire, peut se passer du consentement ou du nombre : elle est instrumentale, liée à la destruction ou la contrainte.
Arendt privilégie une vision non-violente de la politique : espace de débat et d’action commune, pas d’oppression.
La désobéissance civile : entre droit, morale et politique
La désobéissance civile = violation ouverte et collective de la loi, au nom de valeurs morales supérieures.
Pour Arendt, cette forme d’action est légitime, notamment dans les démocraties libérales (US++) :
Le droit repose sur le consentement des gouvernés.
Le refus public de la loi peut être une forme de participation politique.
Exemples :
Les ZAD (zones à défendre) pour empêcher les mégabassines contre la privatisation de l’eau (bien commun).
II. EXPLIQUER LES FORMES VARIÉES DE VIOLENCE POLITIQUE
Security studies : sous champ de la SP pour étudier la diversité des phénomènes de violence (guerre civile, crime de masse, crime contre l’humanité, génocide, terrorisme, manifs violentes, violence policière).
A. GUERRE CIVILE
1990s⭢ : explosion du nombre de guerres civiles
Déconstruction des explications ethniques ou idéologiques simplistes
David Laitin (politiste US) :
Réfute que la guerre civile soit causée uniquement par la fin de la guerre froide ou la diversité ethnique conflictuelle.
Met en avant la logique des “fils de la terre” : groupes se considérant comme légitimes propriétaires du territoire s’opposent à ceux perçus comme nouveaux venus.
Accès aux ressources comme facteur central, plus que religion ou idéologie ou ethnie.
Laitin : violence découle pas idéologie/culture/religion mais enchaînement d’interactions à échelle microscopique
Ex : guerre civile grecque (1946-49) : oppose armée grecque (soutenue par US/UK) et parti coco grec ⭢ violence s’explique par stratégie de contrôle du territoire
Nature de la violence dans les conflits
Laitin distingue :
Violence indéterminée : de masse, désorganisée, souvent contre-productive.
Violence sélective : ciblée, plus efficace, mais suppose un contrôle du territoire pour repérer les cibles.
Critique sociologiques à l’approche de Laitin
Des approches sociologiques insistent sur :
Économie de la violence : apparition de nouveaux capitaux (militaires, financiers), transformation de la valeur des ressources (ex : variation du prix des armes, fluctuation de la monnaie).
Poids des pressions extérieures : conflits souvent internationalisés.
Ex : Syrie → acteurs multiples : Turquie, Iran, Russie, Occident, Hezbollah, Daesh, PKK.
Stratégie d’ethnicisation :
Ethnies ou religions souvent instrumentalisées à des fins de division ou de légitimation.
Ex : Assad en Syrie réprime moins certaines minorités (druzes, chrétiens) → stratégie politique.
Du préjugé à la violence : rôle des idéologies raciales
Préjugés → discrimination → haine → déshumanisation → idéologie de purification.
Exemple du génocide rwandais (1994) :
Obéissance à l’autorité locale autant que haine raciale.
La haine n’est pas toujours le seul moteur, importance des hiérarchies sociales et de l’autorité.
Pacification et justice transitionnelle
Difficile réconciliation après guerre civile : bourreaux et victimes doivent cohabiter.
Nécessité d’une justice transitionnelle, qui cherche :
Responsabilisation des coupables.
Réparation des victimes.
Ex : procès Nuremberg (1945-46), commissions de vérité et de réconciliation après Apartheid en Af du Sud (1996-1998)
Types de justice transitionnelle selon Sandrine Lefranc (chercheuse FR spécialiste en justice transitionnelle) :
Justice pénale : tribunaux internationaux (ex : ex-Yougoslavie, Rwanda).
Justice administrative : vote, lois d’épuration/lustration qui écartent collaborateurs des régimes accusés de violence (ex : Pologne post-communiste).
Justice symbolique : rétablit “vérité” (ex : Pérou rituels de purification après guerre civile 1980s entre gouvernement et guérilla coco).
Reconnaissance symbolique souvent plus forte que réparations matérielles.
B. VIOLENCE TERRORISTE
Définition du terrorisme
Terrorisme = acte de violence à finalité politique, visant généralement des civils pour provoquer un sentiment de terreur.
C’est aussi une stratégie de communication : visée médiatique, propagande.
Forme spécifique : terrorisme domestique = acteurs nationaux agissant à l'intérieur des frontières d’un État.
Causes du terrorisme : débats scientifiques
Lien entre inégalités économiques et terrorisme :
Inégalités seules ≠ explication.
Elles doivent être associées à une discrimination ethnique pour engendrer du terrorisme domestique.
Robert Pape (politologue US) :
Attentats suicides = réponse à occupation militaire étrangère, plus que religion.
Motif = défense nationale, pas forcément religieux.
Assaf Moghadam (politologue ISR) :
Critique Pape : religion joue un rôle central, surtout dans la dimension sacrificielle de l’attentat suicide.
Met en avant la figure du martyr et la culture du sacrifice dans les groupes terroristes.
Approche du terrorisme : au-delà des “security studies”
Vers des approches socio-anthropologiques :
Mieux comprendre les trajectoires individuelles et contextes sociaux de la radicalisation.
Le terme “radicalisation” :
Popularisé dans les 2000s, surtout par les gouvernements pour légitimer les politiques de déradicalisation.
Notion controversée et jugée floue.
Radicalisation d’extrême droite
C’est qui Cynthia Miller-Idriss ? Politologue US
Se concentre sur la socialisation politique des jeunes vers l’extrême droite violente.
Question de départ : non pas “pourquoi ils se radicalisent ?” mais “où et comment se radicalisent-ils ?”
Lieux-clés de la radicalisation :
Clubs de MMA, concerts identitaires, bars, clubs de foot, lieux de sociabilité masculine.
Pratiques de consommation associées : vêtements, marques, alimentation, jeux vidéos, forums, réseaux sociaux…
Montre que l’environnement culturel et social compte autant que les idées.
La radicalisation islamiste : controverses françaises
Gilles Kepel (politologue FR) : met l’accent sur le rôle du salafisme (donc rôle de la religion).
Olivier Roy (politologue FR) : thèse générationnelle → jihadisme comme geste contestataire (forme de nihilisme) sans réel fondement religieux.
François Burgat (islamologue FR) : analyse postcoloniale → djihadisme = réaction à la colonisation et à ses effets contemporains.
Enquête sur 133 mineurs impliqués :
Majoritairement issus de milieux populaires maghrébins, mais pas nécessairement délinquants, cherchent ascension sociale via l’école
Radicalisation peu liée à un projet idéologique solide.
C. PROTESTATION, VIOLENCE ET RÉPRESSION POLICIÈRE
Analyse interactionniste de la violence protestataire
Donatella Della Porta (politologue IT)
Elle propose une lecture en 4 étapes du processus de radicalisation des mouvements protestataires sous l’effet de la répression :
Répression policière initiale : entraîne escalade de la violence.
Escalade concurrentielle : compétition interne entre groupes militants et leurs adversaires.
Compartimentalisation organisationnelle : groupe se scinde et s’isole.
Encapsulage idéologique : groupe se referme sur lui-même, perd parfois soutien extérieur, clandestinité accrue
⭢ Clôture idéologique rigidifiée
Effets de la répression policière
Dans les régimes autoritaires :
La répression empêche souvent la formation des mouvements.
MAIS quand la mobilisation est déjà forte, la répression peut au contraire renforcer le mouvement.
Techniques de répression contemporaine
Visent à diviser et contenir les foules :
Canons à eau
Gaz lacrymogènes
Sirènes assourdissantes
LBD (lanceurs de balles de défense)
Mais ces dispositifs peuvent produire une répression brutale, voire contre-productive, en alimentant colère et radicalisation.
Comparaisons internationales
US : violences policières fréquentes, souvent marquées par un racisme structurel.
FR : usage de la force plus violent que dans le reste de l’Union européenne.
Explication : réglementation plus laxiste sur l’usage des armes (ex : LBD autorisés).
Controverses récurrentes autour de la répression des Gilets jaunes, manifs contre la réforme des retraites, ZAD, etc.
AJOUTS TD
La guerre contre la terreur / contre le terrorisme
Contexte et émergence
11 septembre 2001 : attentats du World Trade Center menés par Al-Qaïda → tournant historique.
Réaction immédiate : intervention militaire en Afghanistan (opération Enduring Freedom) pour démanteler Al-Qaïda et renverser les Talibans.
Extension de la guerre contre le terrorisme à d'autres zones (Irak, Sahel, Syrie…).
Nature de la guerre : une guerre asymétrique
Guerre asymétrique = conflit entre un État puissant et un acteur non étatique aux capacités militaires limitées.
Tactiques irrégulières : attentats, embuscades, guérilla, cyberattaques.
Emmanuel Gross :
Pour les terroristes, le champ de bataille est civil, non militaire.
Utilisation de la population comme protection ou cible → dilemme moral pour les démocraties.
Asymétries multiples :
Militaire : déséquilibre des forces (armées modernes vs cellules clandestines).
Juridiques : terroristes ignorent le droit international humanitaire, alors que les États sont censés s’y tenir (Conventions de Genève, Haye).
Idéologiques : rejet du libéralisme occidental hégémonique (Nazir) → refus des valeurs universelles (droits humains, démocratie représentative…).
Le dilemme des démocraties face au terrorisme : sécurité vs droits fondamentaux
Le paradoxe :
Démocraties : fondées sur la protection des libertés individuelles, l’État de droit, la séparation des pouvoirs.
Terrorisme : menace diffuse, imprévisible, souvent implantée dans des milieux civils (urbains/paraurbains), rendant les réponses complexes.
Le dilemme :
Respecter le droit international humanitaire (Conventions de Genève) → risque d’inefficacité opérationnelle.
Recourir à des pratiques extrêmes (détention sans procès, surveillance massive, torture, exécutions ciblées) → trahison des valeurs démocratiques.
Dérives possibles : la “gâchette facile” et la tentation sécuritaire
Crainte permanente d’une attaque :
Climat de peur : favorise des décisions précipitées, usage disproportionné de la force (ex : bavures, profilage ethnique, répression de masse).
Le « syndrome de la gâchette facile » : réflexe sécuritaire exacerbé, pouvant nourrir ressentiment et radicalisation.
Conséquence : spirale négative
Plus de sécurité → moins de confiance
Moins de confiance → plus de violences
Plus de violences → plus de mesures sécuritaires
L’équilibre instable à maintenir
Trois pôles de pression :
Opinion publique : demande sécurité immédiate, parfois au prix de libertés.
ONG, instances juridiques, presse : veillent au respect des droits.
Acteurs armés non étatiques : exploitent les abus pour légitimer leur cause.