CM3- La domination de l'Etat-nation

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Objectifs

Compréhension de l’approche

  • L’objectif est de faire l’histoire de l’État-nation.

  • Le cours n’a pas pour but de dire que l’État-nation est la forme idéale ou obligatoire de l’État.

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Définition et intérêt de l’Etat-nation

Définition générale

  • L’État-nation est une forme spécifique d’État apparue en Europe au XIXe siècle.

  • Son émergence est le résultat de circonstances particulières (historiques, sociales, politiques).

Pourquoi l’étudier ?

  • Parce que c’est devenu le modèle universel adopté par presque tous les États aujourd’hui.

  • Même les régimes autoritaires se réclament du modèle de l’État-nation.

Un concept « monstrueux »

  • À l’origine, c’est un concept ancré dans un contexte précis (l’Europe).

  • Mais il s’est ensuite étendu partout.

  • Question ouverte : est-ce inévitable que tous les pays deviennent des États-nations ? (ex. : la Chine ne l’a pas fait).

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Contexte d’émergence

  • Pour comprendre l’arrivée de l’État-nation, il faut tenir compte de plusieurs facteurs :

    • Colonisation

    • Impérialisme

  • Exemple actuel : la Palestine revendique encore la formation d’un État-nation.

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Caractéristiques de l’Etat-nation

Autorité coercitive et légitimité

  • Nécessite l’existence d’un État doté d’une violence physique légitime (selon Weber).

  • Processus de sécularisation : autonomisation de la politique vis-à-vis de la religion et des autres affiliations sociales.

  • L’État devient une autorité au-dessus de la mêlée, contrairement aux États prédateurs ou capteurs du passé (incarnés par le roi et fortement liés à la religion).

Bureaucratisation

  • Développement d’une bureaucratie rationnelle-légale :

    • Des règlements et des procédures écrites appliqués par les fonctionnaires.

  • Domaines gérés par l’État :

    • Éducation

    • Service militaire

    • Économie : à la fois autonome (marché) et centrale (redistribution par l’État).

Territorialisation

  • L’État-nation se caractérise par des frontières précises, ce qui était inédit lors de son apparition.

Nation et légitimité

  • Une nation est un peuple qui se reconnaît comme formant un groupe commun, fondé sur une histoire partagée.

  • La légitimité de l’État-nation peut prendre différentes formes :

    • Démocratique (souveraineté populaire).

    • Mais aussi autoritaire : ex. la Corée du Nord est un État-nation.

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Diversité des modèles

La définition de l’État-nation ne correspond pas toujours au processus réel de formation.

Il existe plusieurs combinaisons :

  • Nations avant l’État : ex. Allemagne.

  • État avant la Nation : ex. France (forte féodalisation → nécessité d’un pouvoir absolu).

    • Études : plus on est éloigné de Rome, plus il est facile de former un État-nation.

    • Cas de la France : éloignée mais pas autant que l’Angleterre.

  • État-nation en Angleterre : s’affirme tôt grâce à son insularité et son éloignement de Rome.

  • État sans Nation : Autriche-Hongrie, Espagne (avant).

  • Nations sans État : Québec, Catalogne, Pays Basque.

  • État avec plusieurs nations : Royaume-Uni (État pluriethnique).

  • Cas particulier : Italie, où la formation de l’État-nation est lente et tardive.

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Qui décide qu’il y a une nation ?

Question fondamentale

  • Qui décide qu’il existe une nation ?

  • À partir de quand peut-on dire qu’une nation est reconnue ?

  • Exemple : le Québec, qui a mis des siècles à obtenir une reconnaissance partielle.

Citation de Stewart Chamberlain, le gendre de Wagner et ami d’Hitler

  • « Ce qui importe, ce n’est pas que nous soyons Aryens, c’est que nous devenions Aryens ».

  • Application : l’important pour l’État-nation n’est pas l’existence préalable d’une nation, mais la construction d’un imaginaire collectif.

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L’Etat-nation et son environnement

Autonomie et interactions

  • L’État-nation prétend à une autonomie vis-à-vis :

    • du social (créer un peuple homogène),

    • de l’économie (conception libérale → économie indépendante de l’État),

    • du religieux.

  • Mais en réalité, il existe toujours un mélange et des interférences entre ces sphères.

Triangulation des processus

  • La création des États-nations repose sur une triangulation entre trois éléments :

    • Ils peuvent aller de pair, être contradictoires ou alterner.

  • Contrairement à une vision « isolée », l’État-nation dépend de nombreux facteurs mondiaux :

    • Économie, finance, science, technologie, culture, religion.

  • L’État-nation n’est donc pas un phénomène autonome, mais lié à l’intégration mondiale.

Paradoxe

  • L’État-nation affirme un repli sur ses frontières.

  • Mais il peut aussi s’étendre via :

    • les échanges économiques,

    • les circuits technologiques.

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Conséquences contemporaines

Universalisation et résistances

  • L’État-nation s’est universalisé comme principe de souveraineté et d’organisation politique.

  • Il résiste à la mondialisation et à la marchandisation du globe, tout en pouvant parfois les instrumentaliser.

Identitarisme et particularismes

  • On observe une expansion des revendications identitaires et particularistes, à base ethnique ou religieuse.

  • Chaque formation d’État-nation repose sur l’idée d’un ciment commun :

    • une ethnie,

    • une religion,

    • ou une autre forme d’identité partagée.

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Triangulation et expansion de l’Etat-nation

Le rôle de la triangulation

  • La triangulation (entre intégration mondiale, particularismes, et principe d’État-nation) joue aussi un rôle dans son expansion.

  • Exemple : le christianisme au XXe siècle.

    • Forte intégration du monde (colonisation, échanges).

    • Importance du principe d’État-nation (ex. : France protectrice du catholicisme).

    • Existence d’un particularisme religieux (catholicisme).

    • Ici, le catholicisme sert l’État-nation (outil de rayonnement international), mais l’État-nation sert aussi le catholicisme (conversion au service de la France).

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L’Etat-nation comme expérience historique

Contre la naturalisation

  • L’État-nation n’est pas une identité abstraite ou une institution magique.

  • C’est une construction historique.

  • La guerre joue un rôle central : (Tilly)

    • La guerre fait l’État.

    • L’État fait la guerre.

Exemple de bureaucratie sans État-nation

  • On peut avoir un État bureaucratisé sans État-nation.

  • Exemple : la Chine, car :

    • Ses frontières sont floues.

    • Le concept de nation n’existe pas dans la tradition chinoise.

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L’Etat-nation comme concept idéologique et imaginaire

L’État-nation repose sur des abstractions et des imaginaires :

  • Peuple et nation : souvent définis sur un mode ethno-religieux, en contradiction avec la sécularisation.

  • Frontières : avant, les empires n’avaient pas de frontières précises.

    • Exemples : Empire chinois, Empire romain, Afrique précoloniale.

    • La souveraineté territoriale est reconnue avec le traité de Westphalie (1648), mais sans frontières parfaitement claires.

  • Raison d’État : l’État peut agir contre son peuple pour assurer sa survie.

    • Ex : Iran menant la guerre contre d’autres pays musulmans malgré une identité religieuse partagée.

  • Imaginaire du droit : reconnaissance de la justice humaine, difficile à accepter pour des croyants.

  • Imaginaire de la bureaucratie : l’impôt, la comptabilité, les statistiques.

  • Imaginaire du territoire : sédentarisation pour fiscalité.

  • Imaginaire du marché : l’État organise le marché, fixe ses règles, et le met au service des entreprises.

  • Imaginaire du citoyen : suppose une égalité fictive entre gouvernants et gouvernés.

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L’Etat-nation dans un système d’Etats

Construction collective

  • L’État-nation ne se construit pas seul, mais dans un groupe d’États-nations.

  • Importance de la promiscuité en Europe (rivalités, voisinages).

  • Exemple : l’État-nation français entraîne ensuite l’émergence d’États-nations en Italie, en Allemagne.

  • Efficacité de l’État-nation : nécessité d’en construire un pour ne pas être absorbé.

Reconnaissance mutuelle

  • Traité de Westphalie (1648) :

    • Les États se reconnaissent comme égaux et souverains sur leur territoire.

    • Naissance d’un principe de non-ingérence.

Groupes d’États-nations

  • Les États-nations se regroupent en alliances ou blocs :

    • Komintern, Axe/Alliés, Triple Entente/Triple Alliance, Union européenne, OTAN.

Paires maudites et oppositions

  • Certains États-nations se construisent par opposition à un autre :

    • France vs Royaume-Uni

    • France vs Allemagne

    • Japon vs Chine

    • Iran vs Arabie Saoudite

    • Algérie vs Maroc

    • Corée du Nord vs Corée du Sud

  • Exemple : la Corée du Sud n’existerait pas comme État-nation sans l’existence de la Corée du Nord.

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L’Etat-nation face aux identités sociales et économiques

Opposition aux identités non politiques

  • L’État-nation s’est construit en opposition à d’autres formes d’identités :

    • Classes sociales (qui fragmentent le peuple).

    • Solidarités claniques ou familiales.

    • Religions (ex. : en France, opposition à la religion pour homogénéiser le peuple).

    • Mafias.

Contradictions avec l’économie et la migration

  • Espoir initial : sédentariser les populations pour ancrer l’État-nation.

  • Réalité actuelle : l’économie produit des migrations massives.

    • Ex. : en 10 ans, 400 millions de Chinois ont migré vers les villes pour travailler.

  • Ces mouvements contredisent l’idée d’un peuple stable et homogène.

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Points de résistance et appuis à l’Etat-nation

Résistances

  • Les identités sociales, claniques ou religieuses sont des points de résistance au modèle de l’État-nation.

Appuis inattendus

  • Mais elles peuvent aussi être des ressources pour construire l’État-nation :

    • Classes moyennes : rôle central dans l’émergence d’États-nations en Europe de l’Est.

    • Religions : ex. le judaïsme a permis la création de l’État d’Israël.

    • Parenté politique : l’État-nation a produit des dynasties politiques fictives (postes transmis dans les familles).

  • Familles puissantes : contrôle de pans entiers de l’État (ex. Chine, France, États-Unis).

  • Sociétés secrètes et mafias : parfois intégrées dans la construction de l’État-nation (ex. Italie).

État et marché

  • Dans le cadre du libéralisme, marché et État coexistent et coopèrent.

  • Exemples : Chine, France.

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Le ressort de l’Etat-nation en France

Identité française et histoire

  • Être français découle à la fois :

    • de l’histoire récente (vagues d’immigration),

    • de l’histoire longue, notamment la Révolution française.

Principes fondateurs

  • L’État-nation français repose sur des principes universalistes : liberté, égalité, fraternité.

  • Différence avec les États-Unis, où la nation se définit comme un peuple élu par Dieu.

  • En France, il ne s’agit pas d’une définition ethno-linguistico-religieuse.

  • Est Français toute personne qui adhère aux valeurs universalistes.

Références à l’identité française

  • On invoque des figures symboliques (ex. Jeanne d’Arc).

  • On se réfère à une histoire commune.

Ambiguïté contemporaine

  • Ambiguïté entre principes universalistes et réalités sociales :

    • Certaines personnes se sentent françaises, mais ne sont pas reconnues comme telles par une partie de la société (ex. immigrés selon l’extrême droite).

  • Contradiction entre l’idéal universaliste et les exclusions identitaires.

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Le cas de la Suisse

Arguments contre l’État-nation

  • 4 langues, différentes ethnies, religions et cultures.

  • État fédéral peu puissant, forte autonomie des cantons.

Arguments pour l’État-nation

  • Existence d’un héros national.

  • Une conscience nationale affirmée (ex. pendant la 2de Guerre mondiale).

  • Décisions politiques centrales au XIXe siècle.

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Le cas de la Chine

Le mythe de la Chine inventrice de l’État-nation

  • Certains intellectuels (ex. Zhang Weiwei) affirment que la Chine est une civilisation continue de 5000 ans, donc une nation-État ancienne.

  • En réalité : la Chine n’était pas un État-nation.

Organisation politique depuis le XVIIe siècle

  • Un État puissant, basé sur la compétence et la redistribution.

  • Bureaucratie organisée, territoire étendu, population « chinoise ».

  • Admiration des Jésuites qui voulaient importer ce modèle en France.

Limites au modèle d’État-nation

  • À la tête de l’État : les Mandchous, étrangers qui n’ont pas modifié structures sociales ou religieuses.

  • Pas de frontières claires : relations tributaires avec les États voisins → souveraineté floue.

  • Pas de nom unique : le pays était désigné par le nom des dynasties → nécessité ultérieure d’inventer un drapeau, un nom.

  • Pas de reconnaissance des autres nations : mépris pour les entités extérieures.

  • Pas de communauté nationale homogène : diversité de langues, coutumes, religions.

  • Identité nationale acquise principalement par la guerre.

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Caractéristiques concrètes de l’Etat chinois

État puissant en apparence mais peu présent dans la vie quotidienne.

  • Pouvoir réel souvent exercé par l’élite locale (gentry, paysans riches, cultivés).

  • Bureaucratie limitée : 1 fonctionnaire pour 50 000 habitants.

  • L’État prend en charge :

    • réserves alimentaires pour catastrophes,

    • grands systèmes d’irrigation,

    • justice et maintien de l’ordre.

  • Un État minimum, malgré son prestige.

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L’Etat-nation hors Occident

Pas de rejet du modèle

  • Contrairement à certaines thèses anciennes, les pays hors Occident n’ont pas rejeté le modèle d’État-nation.

  • Au contraire, il a été approprié par les élites.

Modèle conservateur

  • Appropriation de l’État-nation par les élites pour se maintenir au pouvoir.

  • Exemples :

    • Unité italienne ou réunification allemande : trompe-l’œil, mêmes élites au pouvoir.

    • Maroc et Taïwan : élites ont utilisé l’EN pour consolider leur pouvoir.

    • À Taïwan : un modèle d’État-nation est créé par le chef vaincu par Mao, basé sur le confucianisme, alors qu’il y était opposé auparavant.

Modèle révolutionnaire

  • Tentative par des élites occidentalisées de créer un EN.

  • Échec systématique : seul le modèle conservateur a réellement produit des États-nations.

Hybridation

  • Les sociétés non occidentales ont utilisé l’EN comme ressource, en reprenant parfois les structures coloniales.

  • Ni victimes passives, ni acteurs totalement autonomes : hybridation du modèle.

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Le cas du Japon : contexte global

Premier État-nation non occidental

  • Le Japon devient un État-nation moderne à partir de la Révolution Meiji (1868).

  • Objectif : éviter le sort de la Chine, affaiblie par les interventions étrangères.

  • Le Japon devient une puissance régionale après :

    • l’annexion de la Corée,

    • son implantation en Chine,

    • sa victoire militaire sur la Russie (1905).

  • Exemple pour l’Asie, mais aussi bourreau pour la Chine.

Contexte initial

  • Pays pauvre, centralisation faible, structure féodale.

  • Empereur faible, pouvoir détenu par de grandes familles.

  • Problèmes internes : famines et pressions américaines pour l’ouverture.

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La Révolution Meiji et le Japon aujourd’hui

La Révolution Meiji

  • Mort du shogun et de l’empereur → arrivée d’un nouvel empereur.

  • Décision des élites : se moderniser pour survivre.

  • Mesures principales :

    • Scolarisation généralisée.

    • Industrialisation rapide (importations massives).

    • Constitution (1889) : pouvoirs forts pour l’empereur et l’oligarchie → puis élargissement au Parlement.

    • Élections censitaires : 1 % les plus riches, puis extension à tous les hommes (1925).

    • Victoires militaires (notamment contre la Chine).

    • Renforcement du culte impérial (empereur divin).

Caractéristiques de l’EN japonais

  • État moderne (industrialisation, institutions).

  • Religion nationale autour du caractère divin de l’empereur.

  • Création d’une culture commune et d’un symbole partagé.

  • Appréciation occidentale : le Japon est perçu comme le « bon élève » chargé de stabiliser la région.