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Introduction
Dans un contexte de changement climatique, d’urbanisation croissante et de remise en question de la ville planifiée, certains espaces nous offrent des exemples d’adaptation et de cohabitation entre le vivant et le milieu.
A Saragosse, les bords de l’Ebre constituent un territoire particulier: à la fois instable, habité et transformable. Ce fleuve est une expérimentation spatiale de l’imprévu.
Problematique
Cet espace peut-il être considéré comme un espace vivant ?
Si oui, comment le rendre encore plus vivant ?
Enfin, qu’est-ce que cela nous apprend sur notre rôle d’architecte et sur la fabrique de la ville ?
En quoi les berges de l’Ebre sont-elles un espace vivant?
Les rives du bord de l’Ebre sont vivantes à plusieurs niveaux. D’abord, par la présence même du fleuve, un élément naturel puissant, imprévisible, porteur de rythmes (crues, sécheresse, débordements …). Le fleuve structure l’espace mais impose aussi des adaptations: on ne peut pas le domestiquer totalement. Il nous force à accepter une forme d’instabilité, de dépasser l’illusion moderne du contrôle total.
L’espaces est vivant car, il est habité et utilisé de façons multiples. Depuis l’expo internationale de 2008, la ville a transformé une grande partie des berges en grand parc fluvial — “El parque del agua” — ouvert aux loisirs, promenades, sports, agriculture urbaine… Il existe aussi des zones de friches, de nature spontanée qui illustrent ce que Gilles Clément appelle “tiers paysage”, des lieux laissés en marge mais riche en biodiversité et en potentiel d'usage futur.
Enfin, c’est un espace en lien avec l’histoire de la ville et son territoire. Le fleuve est porteur de mémoire, d’identité et, constitue un lieu au sens architectural: un croisement entre un morceau d’espace et une histoire vécue. Les habitants s’y attachent, s’y promènent, y reviennent, y organisent des fêtes. On peut parler ici d’un “Genius Loci”, une atmosphère singulière qui fait que cet endroit est plus qu’un espace vide.
Que faire pour rendre cet espace encore plus vivant?
Même si cet espace est déjà habité, il peut être renforcé en intégrant davantage de souplesse, d’appropriation er de cohabitation avec le vivant.
D’abord, il serait possible de mieux impliquer les habitants dans la gestion et l’aménagement des berges: par des jardins partagés, des équipements modulaires, des événements auto-organisés qui renforceraient le droit d’usage et de participation (Henri Lefebvre), fondamentale pour faire d’un espace un véritable lieu de vie.
Ensuite, il faudrait des structures réversibles, temporaires et évolutives: scènes flottantes, installations saisonnières, abris démontables … Cela permettrait de mieux suivre les rythmes naturels et les besoins changeant de la population, tout en évitant les infrastructures figées causant un impact sur le milieu.
Enfin, rendre cet espace plus vivant c’est aussi faire avec le non-humain: préserver les zones humides, valoriser la végétation spontanée, créer des parcours respectant les continuités écologiques… Cela rejoint une approche postmoderne de l’architecture: ne pas lutter contre la nature, mais habiter avec elle, dans une logique d’écosystème.
Conclusion
Nous devons comprendre que l’architecture ne peut plus être pensée comme quelque chose de figé ou de tout-puissant. Nous ne sommes plus dans une époque où tout peut être controlé. L'imprévu, les crises, les usages hybrides doivent être intégré dans notre façon de concevoir.
Pour l’architecture, cela signifie travailler avec l’instable, construire des situations plutôt qu’un objet finis, improviser plus que planifier uniquement. Cela suppose aussi d’accepter que certains projets soient temporels, réversibles et fragiles. Il faut s’adapter à l’impermanence.
Pour la fabrique de la ville, cela appelle un urbanisme plus souple, participatif et malléable. Il faut penser la ville comme un système ouvert, où cohabitent différents rythmes, usages, tensions mais aussi des opportunités. La ville vivante c’est ce qui laisse place au spontané, à l’expérimentation, à la nature.
Enfin, pour nous architectes et futurs architectes, cela redéfini notre posture. Nous ne sommes pas là pour imposer une forme parfaite, mais pour écouter un territoire, observer ses usages, ses besoins, ses temporalités. L’architecte est autour de l’instable, il faut dépasser une métaphysique du permanent en prenant en compte tout l’environnement. Nous devons apprendre à faire avec le vivant, dans toutes ses dimensions.