1/21
Looks like no tags are added yet.
Name | Mastery | Learn | Test | Matching | Spaced |
---|
No study sessions yet.
Un commerce limité mais essentiel
Définition et cadre
Commerce = transport et transaction de marchandises.
Contrairement à Rome, peu d’échanges interconnectés à longue distance.
Trois niveaux d’échange
Local → le plus courant.
Régional → limité par les capacités de transport.
International → pour des produits rares spécifiques.
Historiographie moderne
Privilégie le terme "échange" → inclut aussi les transferts culturels et technologiques.
Zones d’échange principales
Méditerranée et Byzance
Commerce réduit, mais encore présent en Provence.
750 : Crise économique, Venise remplace Marseille comme centre du commerce méditerranéen.
L’essor du Nord
Mer du Nord et monde slave = nouveaux centres dynamiques.
Arc atlantique :
Importation de poteries du Sud de la Gaule vers les îles britanniques.
Ports actifs comme Taillebourg (Charente) → archéologie confirme le commerce fluvial.
Rôle des fleuves
Commerce fluvial > commerce maritime.
Fleuves → voie principale avant la mer et l’océan.
Une activité commerciale partagée par tous
Paysans et échanges locaux
Vente des surplus agricoles (vin, blé, textiles).
Modes d’échange variés :
Troc.
Monnaie.
Redevances en nature.
Élites et spéculation
Monastères et églises dominent le commerce du vin.
Consomment direct pendant liturgie ou exportent vers le Nord chrétien qui en produit pas.
Céréales stockées et revendues en période de pénurie → spéculation.
Crises alimentaires :
Vers 800 → famine malgré des réserves pleines (aristocrates gardent réserves pleines pour spéculer).
Nourriture ne manque pas mais est inégalement répartie.
Charlemagne dénonce la spéculation comme non chrétienne.
Spéculent sur le commerce du sel too.
Le prêt à intérêt (“usure”) : interdit mais pratiqué
Interdiction chrétienne
Bible → interdiction de faire de l’argent avec de l’argent.
Droit romain (jusqu’à 12 % d’intérêt) aboli par l’Église.
Capitulaire de Charlemagne (806) → interdit l’usure.
Stratégies pour contourner l’interdit
"Vente avec clause d’achat" :
Acheter une terre 100 deniers, la revendre au propriétaire 112 deniers → prêt à intérêt déguisé.
Monastères et juifs :
Pratique courante malgré l’interdit.
Pratique pas spécifiquement juive ou chrétienne.
Les professionnels du négoce
Marchands spécialisés (negociatores)
Peu nombreux, mais spécialisés par région.
Marchands frisons
Spécialistes du Nord de l’Europe.
Utilisation du bateau frison qui transporte -20 personnes, quelques tonnes de marchandises/an (dont céréales, tissus, laine).
Commerce en Méditerranée
Vénitiens → actifs en Méditerranée orientale et occidentale.
Bateaux de tradition + antique.
Marchands juifs :
Commerce facilité par la diaspora.
Pas encore spécialisés dans l’argent (ça viendra au XII).
Communauté juive bien protégée par pouvoir carolingien (aucune persécution), juste interdite de faire du prosélytisme et convertir chrétiens.
Sarrasins en Provence et vikings en mer du Nord → rôle commercial important.
Produits stratégiques du commerce carolingien
Produits d’exportation
Armes franques → réputées dans tout l’Occident.
805 : Capitulaire de Thionville → interdit l’exportation hors de l’Empire.
Marché noir → on en retrouve jusqu’à Bagdad (XI).
Métaux → exportés vers l’Angleterre, qui manque d’argent pour sa monnaie.
Produits d’importation précieux
Verre oriental (Syrie) → refondu en Occident.
Soieries chinoises et byzantines.
Épices et parfums orientaux.
Ivoire de morse et d’éléphant (polaire, Afrique, Asie).
Fourrures polaires.
==> Appartiennent surtout aux élites laïques et ecclésiastiques
La traite d’esclaves : un commerce particulier
Un commerce en recul mais encore actif
Interdit de vendre des chrétiens à des non-chrétiens (VII—>).
Commerce d’esclaves persiste mais sous forme de transit.
Esclaves païens (Slaves)
Le mieux documenté
Chrétiens peuvent pas être réduits en esclavage mais païens peuvent être vendus à d’autres païens.
Raids esclavagistes contre les Slaves (Europe de l’Est).
Transit par Verdun et la vallée du Rhône → vendus en Méditerranée.
Destination :
Al-Andalus → armées d’esclaves (5M esclaves sous Al-Hakam Ier, 822).
Byzance et Égypte musulmane → garçons souvent castrés.
9M esclaves observés sur un bateau en 870 → commerce massif.
Vikings et circuit nord
Rafles sur les côtes du monde carolingien → hommes mais surtout femmes et enfants.
Esclaves revendus sur les ports danois et suédois.
Transportés sur fleuves russes la Volga le Don, ou sur le lac Ladoga → revendus :
Constantinople (monnaie byzantine).
Monde arabo-musulman (dinars d’argent).
Les Carolingiens tentent de racheter les captifs.
Jugements carolingiens sur l’esclavage
Un consensus chrétien ambigu
Interdiction de vendre des chrétiens → mais les Slaves païens ne posent pas de problème.
Esclavage = normal, mais pas pour les chrétiens.
Le mot "slave" (slavus) devient IX synonyme d’"esclave" (encore utilisé en français).
Opposition croissante de l’Église
Hostilité chrétienne croissante contre la traite d’esclaves.
Fermeture progressive des marchés d’esclaves (r XI).
Commerce d’esclaves se déplace vers la Scandinavie et le monde arabo-musulman.
Trelleborg : preuve archéologique de la traite
Camp viking d’esclaves
Au Danemark.
Trall-borg = "camp aux esclaves".
Découverte de squelettes en sous-nutrition → captifs du monde carolingien.
Les lieux de l’échange : un commerce à plusieurs échelles
Le marché local
Présent depuis l’Antiquité et l’époque mérovingienne.
Pépin le Bref 744 → ordonne aux évêques de créer des marchés là où il n’y en a pas.
Objectifs :
Dynamiser l’économie locale.
Prélever des taxes.
Contrôler les échanges stratégiques (armes et esclaves, ne pas être vendus à l’étranger).
Unités d’échange faibles → transactions en deniers → d’où le mot denrée aujourd’hui.
La ville : un marché dominé par le clergé
Marchés urbains
Moins dynamiques qu’à l’époque romaine.
Commerce centré sur les institutions religieuses :
Cathédrales, basiliques, monastères → moines et chanoines stockent et redistribuent les récoltes.
Production artisanale (livres, orfèvrerie, textiles).
Paris au VIII
Élite ecclésiastique et administrative.
Communauté juive et marchands orientaux → favorisent un marché dynamique.
La foire : un marché de grande ampleur
Caractéristiques des foires
Marché annuel (vs marché hebdomadaire).
Situé près des grands monastères.
Réservé aux marchands professionnels → transactions en gros et demi-gros.
Surtout dans lieux de production importante.
Les ports carolingiens : centres d’échange interrégionaux
Apparition de nouveaux ports
Mer du Nord → Dorestad (Frise), Quentovic (royaume franc).
Connectés à l’Angleterre et la Scandinavie.
Caractéristiques des ports carolingiens
Appelés vik.
Pas de cité épiscopale ni aristocratique → purement commerciaux.
Densité urbaine importante.
Lieux de transformation des produits (verre, ambre, textiles…).
Ports et sites d’estuaire : carrefours du commerce
Avantages d’un port en estuaire
Connecté aux voies fluviales et terrestres.
Présence de bateaux fluviaux (pirogues).
Port est surtout un appontement, et consiste en de grandes jetées (Dorestad compte 2km).
Organisation des villes portuaires
Quai → débarquement des marchandises.
Maisons-entrepôts → stockage.
Espaces de maraîchage → production locale.
Églises et cimetières → indicateurs de richesse (Dorestad = 55 églises en 864).
Exemples d’exportations
Quentovic : céréales, sel, vins, artisanat d’Île-de-France.
Dorestad : bois, tonneaux de vin, céramiques, passagers britanniques vers Worms et Mayence.
Ports et hôtellerie marchande
Hébergement des marchands et voyageurs
Services d’hôtellerie → accueille les négociants et passagers.
Présence des agents du pouvoir carolingien :
Agents de perception du palais pour collecte des taxes indirectes.
Résidence occasionnelle des conseillers royaux (ex : Alcuin sous Charlemagne).
Fragilité des ports carolingiens
Raids vikings (milieu IX) → destruction de nombreux ports.
L’intervention du pouvoir carolingien : la monnaie
Réforme monétaire de Pépin le Bref (755)
Création du denier d’argent (1,37 g).
Fin de la monnaie d’or (sou).
Charlemagne (794) :
Augmente le poids du denier (1,6 g).
Métal issu des mines de Poitou, Bohême et Hartz.
Refond les trésors de guerre en monnaie.
Carolingiens prennent progressivement le contrôle de la frappe monétaire
Pépin le Bref : frappe répartie entre évêques et grands laïcs.
Charlemagne (794—>) : monopole royal → centralisation des ateliers (≈ 30).
805 : Charlemagne tente de limiter la frappe à Aix-la-Chapelle (échec).
Francie occidentale (Charles le Chauve) :
Une dizaine d’ateliers (Paris, Rouen, Orléans…).
Luttes pour le contrôle des mines (Poitou).
Nombreux monnayeurs tentent fabriquer fausses monnaies de bien moindre qualité.
Imitation et contrefaçon monétaire
Monnaie carolingienne = modèle de référence
Anglo-Saxons → fausses pièces marquées Dorestad.
Vikings → monnaies pseudo-carolingiennes frappées au Danemark.
Pourquoi cet intérêt des Carolingiens pour la monnaie ?
Les raisons
Instrument idéologique → nom du roi et croix chrétienne.
Facilite le commerce international.
Génère des revenus (coût de production < valeur faciale).
Utilisation fiscale → paiement des impôts en deniers.
Taxes et impôts du commerce carolingien
Les tonlieux (taxes sur les marchandises)
Fixés à 10% sur chaque produit entrant.
Taxes intérieures sur les routes, ponts et fleuves.
Qui perçoit les taxes ?
Agents royaux → grands ports.
Détenteurs d’honores → routes et fleuves.
Posséder un honor = source de pouvoir → aristocrates en rivalité pour les obtenir.
Exemptions fiscales
Marchands ravitaillant les monastères → taxation réduite en échange de prières.
Roi fait un geste pieux, idée que les moines transformeront les richesses (du commerce ntmt) en prière pour la société chrétienne.
Intégrer la familia d’un monastère permet d’échapper à certains impôts.
Unification des poids et mesures
Admonitio generalis de Charlemagne (789)
Objectif : harmoniser les transactions et taxations.
Motifs :
Ecclésiastiques : projet d’unification du monde chrétien.
Economiques : suscite la confiance des commerçants, dynamise le commerce, permet le prélèvement de + de taxes.
Unification monétaire
Séparation entre les espèces réelles et la monnaie de compte
Unification des mesures agricoles (muid).
Une politique commerciale limitée
Interventions ponctuelles de Charlemagne
Lutte contre la spéculation (sans réel effet).
Protection des négociants via des privilèges fiscaux et juridiques.
Traités commerciaux
798 : Charlemagne et roi Offa de Mercie → libre circulation des pèlerins.
Entraine dérives : fraudeurs et prostitués se déguisent en pèlerins pour échapper aux tonlieux.
Litiges entre marchands réglés devant le tribunal royal.
Réciprocité juridique entre les Etats.
Création d’un canal Rhin-Danube (793) pour faciliter le déplacement des commerçants → travaux arrêtés pcq échec technique et révolte saxonne.
Conclusion : un commerce sous contrôle mais limité
Commerce ≠ priorité carolingienne → empire militaire et religieux avant tout.
D’où les sources qui sont -nombreuses.
Échanges multipolaires
Marché micro-local :au niveau de la villa, du grand domaine.
Villes.
Grands ports.
Bourgs aux alentours des monastères les +dynamiques.
Redémarrage du commerce en Occident → seconde moitié du Xe siècle.
Avant perturbé par les invasions vikings, arabes et byzantines.