La banque centrale doit déterminer la quantité de monnaie nécessaire pour une nation et évaluer l'impact des variations de la masse monétaire sur l'économie et les prix. Pour cela, on utilise l'équation des transactions d'Irving Fisher.
L'équation des transactions relie la quantité de monnaie en circulation aux transactions réalisées : M * V = P * T, où :
M = masse monétaire en circulation
V = vitesse de circulation de la monnaie
P = prix moyen des transactions
T = nombre total de transactions
M * V représente la somme de monnaie échangée, et P * T la valeur totale des transactions. Cette relation est une identité comptable qui devient une théorie économique lorsqu'on y ajoute des hypothèses.
Apparue au XVIe siècle, cette théorie explique la hausse des prix en Espagne par l'afflux de métaux précieux d'Amérique. Les économistes (néo)classiques supposent que V et T sont stables à court terme.
La vitesse de circulation de la monnaie (V) est considérée comme constante car elle dépend des habitudes de consommation.
Le niveau des transactions (T) est considéré comme exogène et constant à court terme, car les entreprises produisent au niveau de plein emploi des ressources.
L'équation de Fisher devient alors : P = M * \frac{V}{T}. Le rapport \frac{V}{T} est considéré comme constant (= k). Il existe une relation de causalité directe entre la variation de la masse monétaire et la variation du niveau général des prix : \Delta P = % \Delta M. Si M varie, P varie dans le même sens et proportion. La monnaie est neutre et n'affecte que les prix. L'inflation est un phénomène monétaire. Il y a une dichotomie entre la sphère réelle (production, travail, ressources) et la sphère monétaire (finance, crédit, taux d'intérêt).
À long terme, les néoclassiques admettent une adaptation des capacités de production : si les transactions varient, la masse monétaire doit croître au même rythme pour maîtriser l'inflation (\Delta P = 0).
Keynes rejette l'idée d'une monnaie neutre et de sphères réelles et monétaires séparées. L'offre ne rencontre pas toujours la demande, ce qui entraîne un sous-emploi des capacités de production. Il est nécessaire d'accroître la demande globale en augmentant la masse monétaire (planche à billets) pour relancer l'économie.
L'offre de monnaie est déterminée par la banque centrale et est indépendante du taux d'intérêt (i). Graphiquement, elle est représentée par une droite verticale.
Contrairement aux classiques, Keynes considère qu'il est rationnel de conserver de la monnaie sous forme liquide en raison de l'incertitude économique. Il y a trois motifs à la préférence pour la liquidité :
Motif de transaction : Pour financer les dépenses courantes. L'encaisse de transaction (Lt) varie proportionnellement au revenu (Y) et inversement au taux d'intérêt (i) : Lt = f(Y, i).
Motif de précaution : Pour se prémunir contre les dépenses imprévues. L'encaisse de précaution (Lp) présente les mêmes caractéristiques que l'encaisse de transaction : Lp = f(Y, i).
Motif de spéculation : Pour acheter des titres (obligations) en fonction des gains en capital anticipés selon l'évolution du taux d'intérêt (i). Le prix des obligations varie inversement par rapport au taux d'intérêt. Si les agents anticipent une hausse de i (baisse du cours des obligations), ils préfèrent détenir de la monnaie. Si ils anticipent une baisse de i (hausse du cours des obligations), l'encaisse de spéculation est faible. L_s = f(i).
La demande globale de monnaie (L) est la somme des trois : L = Lt + Lp + Ls. Elle est décroissante par rapport au taux d'intérêt et croissante par rapport au revenu. Il existe un taux d'intérêt minimum (i0) en dessous duquel la demande de monnaie devient horizontale : c'est la trappe à liquidité. Dans cette situation, toute augmentation de la masse monétaire est thésaurisée.
L'équilibre est atteint lorsque l'offre et la demande de monnaie se rencontrent. Le taux d'intérêt d'équilibre (i^*) égalise la quantité demandée et offerte de monnaie.
Keynes montre que la monnaie n'est pas neutre. Une politique monétaire expansionniste (augmentation de la masse monétaire) induit une baisse des taux d'intérêt, ce qui stimule les investissements et la consommation, et favorise la croissance économique.
Les déséquilibres les plus connus sont l'inflation et la déflation.
L'inflation est une hausse généralisée et continue du niveau général des prix. L'hyperinflation est une situation où les prix augmentent de plus de 50 % par mois.
L'inflation est mesurée par l'indice des prix à la consommation (IPC). Au Luxembourg, l'IPC est établi par le STATEC. Il comporte environ 240 catégories de biens et services. L'indice des valeurs globales est calculé comme suit:
Ivg = \frac{\sum pt \cdot qt}{\sum p0 \cdot q0}
L'indice de prix de Laspeyres est utilisé pour calculer l'IPC : LP{t/0} = \frac{\sum pt \cdot q0}{\sum p0 \cdot q_0}
Le taux d'inflation est le taux de variation en % de l'IPC entre deux périodes :
Taux d’inflation = \frac{IPC{t+1} - IPCt}{IPC_t}
Le salaire nominal est exprimé en unités monétaires, tandis que le salaire réel indique le pouvoir d'achat. Le salaire réel est calculé comme suit:
Salaire réel (Wr) = \frac{Wn}{IPC} * 100
Le PIB réel est corrigé de l'inflation en utilisant un déflateur du PIB ou l'IPC :
PIB réel = PIB nominal x \frac{IPC1}{IPCn}
Elle est due à un excès de demande par rapport à l'offre, qui entraîne une hausse des prix jusqu'à un nouvel équilibre.
Elle provient d'une hausse des coûts de production des entreprises (matières premières, énergie, salaires, etc.), qui se répercute sur les prix de vente.
Une hausse des prix entraîne une hausse des salaires, conduisant à une nouvelle augmentation des prix, etc.
Elle décourage l'épargne et baisse la compétitivité des entreprises.
La BCE utilise la fixation du taux d'intérêt directeur pour contrôler l'inflation. Une hausse du taux d'intérêt directeur réduit la demande globale et ralentit l'inflation.
La déflation est un mouvement à la baisse du niveau général des prix, qui provoque des réactions attentistes de la part des agents économiques.
Elle incite les ménages à reporter leurs achats, ce qui baisse la consommation globale et les stocks des entreprises augmentent. Les entreprises réduisent leur production, leurs investissements et leur niveau d’embauche. Donc, les salaires baissent et le chômage progresse. La déflation provoque une dégradation de la situation financière des particuliers et des entreprises qui ont recours à l'emprunt.
C’est un piège en ce sens où elle génère une spirale néfaste à l'économie toute entière. Elle est en outre très difficile à combattre par les autorités monétaires : tant que les agents économiques pensent que le phénomène de baisse des prix généralisée va se poursuivre, ils continueront à adopter le même comportement attentiste qui est à l'origine de l'apparition de la déflation.