Addictions et Conduites Addictives

Circuit mésocorticolimbique : ensemble d'aires cérébrales impliquées dans le raisonnement, la mémoire, la douleur, le plaisir et la régulation des émotions. Ce circuit joue un rôle crucial dans la formation des comportements addictifs, car il est sensible aux récompenses et aux stimuli plaisants. Il est particulièrement actif lors de la prise de substances psychoactives, amplifiant ainsi les réponses émotionnelles et comportementales associées à la récompense.

Composants principaux :

Cortex préfrontal : régule d'autres structures via des hormones (dopamine). Il est essentiel dans la prise de décision et le contrôle des impulsions, influençant la manière dont les individus évaluent les récompenses à court et à long terme, et leur capacité à résister aux tentations.

Aire tegmentale ventrale : source de neurones dopaminergiques. Elle est impliquée dans la sensation de plaisir et d'euphorie, et joue un rôle clé dans l'anticipation des récompenses, ce qui peut entraîner des comportements répétitifs lorsqu'une substance ou un comportement est associé à une sensation de plaisir intense.

Nucleus accumbens : zone clé du circuit de la récompense. C'est le principal site d'action pour les drogues qui induisent des sensations de plaisirs intenses. Son activation est liée à des comportements motivés et à la survenue d'addictions, car elle est impliquée dans l'apprentissage des associations entre une prise de drogue et le plaisir.

Dopamine : hormone du plaisir, modulée par d'autres neuromédiateurs. Elle est libérée dans des situations de plaisir, mais sa dérégulation peut mener à des comportements compulsifs. Un excès de dopamine, souvent dû à des substances, peut créer des sensations euphorisantes mais peut également conduire à des effets néfastes comme la dépendance.

Dérégulation du circuit :

Causes directes : ex. cocaïne, qui bloque la recapture de la dopamine, provoquant une augmentation de ses niveaux dans la synapse, intensifiant ainsi les sensations de plaisir et augmentant le risque d'utilisation répétée.

Causes indirectes : ex. cannabis, opioïdes, qui interfèrent avec le système de récompense par différents mécanismes, modifiant ainsi l'équilibre neurochimique et augmentant la susceptibilité aux comportements addictifs.

Addictions aux substances psychoactives

Siège de l'addiction : dérégulation du système de la récompense, causée par l'action des substances psychoactives sur le cerveau, altérant les circuits neuronaux normaux. Ces altérations peuvent conduire à une recherche compulsive de la substance malgré des conséquences négatives.

Classification historique des substances psychoactives :

Dépresseurs (psycholeptiques) : médicaments et drogues qui réduisent l'activité du système nerveux central. Ils induisent des effets sédatifs et peuvent entraîner des complications telles que l'overdose. Principale molecule opium et benzodiazepine

Stimulants (psychoanaleptiques) : substances qui augmentent l'activité globale du cerveau. Ils peuvent induire une euphorie intense mais également mener à des effets secondaires graves, comme des problèmes cardiovasculaires.

Perturbateurs (psychodysleptiques) : substances qui modifient la perception, l'humeur et les processus cognitifs. Leur utilisation peut provoquer des états psychotiques ou d'autres problèmes de santé mentale.

Typologie des comportements de consommation

  1. Non-usage : absence de consommation, qui peut être temporaire, durable, définitif ou secondaire.

  2. Usage simple : consommation sans caractère pathologique, modulable selon l'environnement et les besoins, souvent considéré comme socialement acceptable.

  3. Mésusage : consommation avec des risques (physiques, psychiques ou sociaux), souvent sans prise de conscience des dangers associés, pouvant entraîner une dégradation progressive de la santé.

  4. Usage à risque : pouvant entraîner des complications sous certaines circonstances (ex. grossesse, conduite), utilisant la substance dans un contexte dangereux.

  5. Usage nocif : préjudiciable à la santé physique ou psychique sans diagnostic de dépendance, indiquant déjà des comportements problématiques.

Dépendance et critères

Manifestations : au moins 3 des symptômes suivants en 12 mois :

Tolérance : besoin d'augmenter les doses pour obtenir l'effet initial, indiquant une adaptation de l'organisme à la substance.

Sevrage : symptômes physiques ou psychiques à l'arrêt de la consommation, pouvant varier de légers à sévères, accompagnés parfois de comportements d'anxiété.

Craving : besoin irrépressible de consommer le produit, conduisant souvent à une perte de contrôle et à des comportements impulsifs.

Polyconsommation : usage régulier de plusieurs substances, augmentant les risques de dépendance, souvent par cumul des effets néfastes de chaque substance.

Symptômes liés aux troubles addictifs

  1. Pharmacologiques : tolérance et sevrage, pouvant entraîner des approches de traitement spécifiques.

  2. Comportementaux : craving, perte de contrôle, recherche compulsive du produit, impactant les relations interpersonnelles et la vie quotidienne.

  3. Médicaux et sociaux : complications neuropsychologiques, comportementales et sociales (isolement, marginalisation), entraînant des coûts économiques et psychologiques importants.

Facteurs de vulnérabilité

Individuels : tempérament, caractère, pathologies psychiatriques, événements de vie, sexe, exposition prénatale et facteurs génétiques pouvant influencer la susceptibilité à l'addiction, avec un accent sur l'interaction entre ces éléments et l'environnement.

Environnementaux : facteurs familiaux, culturels, sociaux, et pression des pairs jouent un rôle dans le développement de comportements addictifs, particulièrement chez les jeunes.

Exemple de substances et effets

  1. Alcool :

Consommation : variante selon les modalités de consommation (vin, bière, cocktail), avec des pratiques culturelles variées.

Effets : excitation à doses faibles, incoordination et confusion à forte dose, pouvant mener à des comportements à risque, incluant des accidents et des comportements violents.

Complications : maladies cardiovasculaires, mentales et comportementales, entraînant souvent des effets à long terme sur la santé physique et mentale.

  1. Opioïdes :

Classification selon essor médical et non médical (ex. morphine, héroïne).

Effets : analgésiques mais à risque élevé de dépendance, souvent prescrits pour des douleurs aiguës, mais leur abus peut avoir des conséquences dramatiques.

Complications : surdosage, désocialisation, et problèmes de santé publique associés, incluant la crise des opioïdes.

  1. Cannabis :

Composé principal : Δ9-THC, responsable des effets psychoactifs.

Effets : euphorie, distorsions sensorielles, et changement de perception du temps et de l'espace.

Complications : troubles psychiatriques, dépression, et risques pour la mémoire à long terme, ainsi que le développement des jeunes, en raison de l'impact sur le cerveau en développement.

Nouveaux produits de synthèse (NPS)

Caractéristiques : molécules variées, imitant les effets de substances connues, souvent à effet plus puissant, créant un danger accru.

Risques : comportements à risque, effets secondaires imprévisibles, difficulté à les classer dans les catégories existantes, notamment en raison de leur rapidité d'apparition sur le marché.

Addictions médicamenteuses

Problématique actuelle : forte prévalence en France, l'addiction aux médicaments psychotropes est en hausse, touchant diverses populations.

Classifications : anxiolytiques, antidépresseurs, neuroleptiques, souvent abusés pour leurs effets calmants ou stimulants.

Modes d'entrée dans l'addiction : prescriptions médicales, utilisation de sans règles, recherche de plaisir, ce qui rend la prévention difficile.

Conclusion

Les conduites addictives sont complexes, impliquant des interactions entre facteurs individuels, environnementaux et caractéristiques des substances. Des approches multidisciplinaires sont nécessaires pour comprendre et traiter ces addictions, notamment par la thérapie comportementale et les interventions sociales.

Alertes sanitaires et mesures de prévention sont essentielles pour la réduction des risques liés à l'usage problématique des substances, à travers des campagnes d'éducation et de sensibilisation.