CM : SOCIOLOGIE DES MÉDIAS DE MASSE
Cours 1 : vendredi, 19 janvier 2023 - Clément Combes
Partiel : QCM sur table lors de la dernière séance
Ouvrages utiles pour le cours :
Introduction aux médias, Jérôme Bourdon 2000
Sociologie de la communication et des médias, Eric Maigret 2003
Penser les médiacultures, Eric Maigret 2005
Sociologie des médias, Rémy Rieffel 2015
Contenu du cours :
Introduction
Les théories behavioristes des effets directes
L’école de francfort et l’industrie culturelle
L’école de Columbia et les efforts limités
Le courant des usages et gratification
Macluhan et le déterminisme technologique
Bourdieu et la légitimité culturelle
Les cultural studies
Les théories
Un terme, une origine
Du latin media (pluriel) et medium (singulier) : milieu, centre etc.
L’anglais a conservé le singulier medium et pluriel media
Médium : en français, dans le sens média, ou pour évoquer la dimension strictement technique (télévision, livre, radio etc.)
L’expression média de masse provient de l’anglais mass media
Désigne les techniques de communication à grande échelle (presse, cinéma, radio, télévision...), appelées aussi moyens de communication de masse
Se rapportent aussi aux industries médiatiques et culturelles qui les élaborent
Les médias : un « fait social » nouveau du 19ème siècle
J. Bourdon, Introduction aux médias, 2000
« Techniques d'élaboration et de circulation d'informations parmi de vastes publics »
« Information » => tout message avec un contenu sémantique (du sens)
• Journaux, films, BD, sites web, etc.
« Le média concerne à la fois les techniques de diffusion de messages identiques vers un public qui n'est pas impliqué dans la production (médias de diffusion), et les techniques d'échanges impliquant la participation du public ou plutôt des usagers (télécommunications).
Médias de masse : presse, cinéma, radio, télévision
Télécommunication : télégraphe, talkie-walkie, téléphone, bipeurs
Quatre éléments des médias (de masse et interindividuels) à considérer
Medias : forme organisationnelle qui délivre des contenus (usagers)
Les 4 éléments des médias
Au départ, le langage écrit des formes d’images gravées, puis :
Un type particulier d'organisation au sein de la société industrielle, dont l'enjeu est la production et la diffusion de messages
Divers types d’organisations médiatiques
Entreprise de presse (Le Monde, Le Figaro, Médiapart...)
Établissement public de radio-télévision (ORTF, BBC, France Télévision...)
Station locale de radio ou TV (« radios libres », radio campus, TV Grenoble...)
Réseau de salle de cinéma (Pathé, UGC...)
Conglomérat multimédia (Disney, Time Warner, Lagardère Active...)
Différents professionnels : journalistes, scénaristes, programmateurs, etc.
Le numérique et l'essor des pro-ams (professionnels – amateurs : des gens qui ont à peur dispo un ensemble de technologie à moindre cout chez eux, peuvent produire des bons produits)
XIXème : de nouveaux agencements de textes et d'images
L'actualité (la news), en premier lieu
« La consommation, jour après jour, par des millions de personnes, de textes et d'images fixes (puis de sons et d'images en mouvement) supposés refléter l'état du monde constitue toujours une caractéristique des sociétés modernes » (Bourdon, 11)
Les médias ont « phagocyté, recyclé et transformé toutes les formes de spectacle et de divertissement » préexistantes (roman-feuilleton, théâtre radiophonique, spectacle de variété...)
Internet terreau de nouveaux genres tournés autour de la conversation (blog, chat, réseaux sociaux...) rendant floue la frontière entre privé et public.
Usagères des dispositifs communicationnels VS publics des médias de masse
Les sciences sociales fondent majoritairement leur problématique sur le phénomène de massification de la diffusion.
Mais la « masse », ou les « communautés virtuelles » et les « foules intelligentes » d'internet (Rheingold, 1995 ; 2000), n'est pas un agrégat social nouveau crée ex nihilo par les instances médiatiques.
Les publics/usagères s'inscrivent dans des configurations sociales préexistantes => familles, classes sociales, groupes professionnels.
En revanche, les médias ont contribué à construire une conscience collective => la nation moderne est indissociable des mass-médias (et du regard mirrore que la France porte sur le discours même).
Les médias sous le regard des sciences humaines sociales
L'essor des sciences sociales dans une période triplement révolutionnaire
La Révolution française / socio-politique
La remise en cause de l'ordre social traditionnel
La révolution industrielle
La montée du capitalisme et de nouveaux problèmes sociaux
La révolution scientifique
Les progrès des sciences de la nature
Révolution française
Remise en cause de l'ordre social traditionnel
Remise en cause du rôle du religieux dans la vie sociale.
Révolution industrielle
Montée du capitalisme et essor de nouveaux problèmes sociaux
Essor d'un prolétariat urbanisé et très pauvre
De nouveaux problèmes sociaux :
Revendications sociales et professionnelles, logement, hygiène, délinquance, alcoolisme…
Révolution scientifique
Les progrès des sciences de la nature
Cette application techno-industrielle est stimulée par les besoins de la révolution industrielle.
La Science comme nouveau dogme, induit un reflux des religions.
Médiacultures
Un concept au cœur d’un nouveau programme de recherche
Un néologisme permettant un dépassement du grand partage historique entre :
« les médias » (de masse, vulgaires)
« la culture » (savante, légitime)
Un essai : une argumentation, un déploiement d’une opinion, qui ne s’appuie pas sur une enquête empiriquement menée.
Les médias en France, sont en général mal-vus.
Les mass- médias : presse, télévision, radio, etc. (plutôt perçus négativement, comme un mauvais objet)
La culture : XXX
Médiacultures : enjeux et perspectives
Introduire les Cultural Studies en France
Courant Britannique
Centre for Contemporary Cultural Studies (CCCS)
(University of Birmingham)
Fondé en 1964, par Stuart Hall et Richard Hoggart
Renouveler les questions et analyses :
En finir avec l’idée d’une partage entre :
Au contraire : envisager l’hybridité et le foisonnement des objets médiatiques et culturels, a fortiori avec l’essor du numérique.
Considérer que les médias participent à la « culture »
Innovation à dépasser notre « schizophrénique culturelle » entre : nos pratiques et préférences effectives, dans le récent univers médiatique et numérique et nos catégories de pensées héritées du 19ème siècle.
Exemples :
Sur-déclarations de pratiques en faveur de France TV et Arte
Notre rapport aux séries télé VS cinéma VS littérature
Le grand partage, de 2 siècles seulement
Une dichotomie héritée du 19ème qui a accru la hiérarchie entre le « haut » et le « bas »
Lawrence Levine et le processus de distinction de la culture « savante »
Exemple : Shakespeare, un auteur populaire
19ème : mise en place de mécanismes de régulation à l’entrée des théâtres :
Du grand partage à une période d'hybridité : la culture post-légitime
Ce grand partage et les hiérarchies culturelles n'ont pas tout à fait disparu
La légitimité culturelle (P. Bourdieu) a laissé place à ... une culture « post-légitime » (E. Maigret) qui laisse encore entendre les effets persistants de ce partage
→ Séries TV : récent phénomène de reconnaissance, mais persistance de résistances, notamment à l'égard de séries télévisées, quotidiennes (Pblv)
Théories des effets : le pouvoir des médias
Des effets forts
Avec la question de la socialisation, l’idée d’une influence des médias sur la formation des individus : personnalités, opinions et comportements
Moment de double sujet d’inquiétude :
Sur fond de peur de la foule et des effets de masse
La psychologie des foules, Gustave de Bon 1895
Public Opinion, Walter Lippman
Menace sur l'ordre établi
La critique du pouvoir supposé des médias prend naissance dans une inquiétude liée à une menace sur l'ordre établi
Cible des populations « victimes », irresponsables, qu'il faudrait protéger des effets néfastes des médias
Presse populaire (19eme) => montée du syndicalisme et des mouvements révolutionnaires
Feuilletons radiophoniques (1920's) => émancipation des femmes (travail, consommation médiatique autonome…)
BD, rock, yéyé, etc. (1950's) => émergence de l'adolescence (période de latence sociale, hédonisme, délinquance juvénile…)
La propagande : un concept en vogue mais peu opérant
L'essor des médias de masse, et de la propagande expliqueraient la montée des totalitarismes
Cette idée sera battue en brèche par la sociologie
Les récepteurs ont des capacités de fuite et de contradiction
Ex. « attention oblique » (Hoggart)
Deux contre-exemples historiques :
La propagande communiste n'a pas empêché l'URSS de s'effondrer
Idée reçue qu'Hitler aurait été élu de façon démocratique, favorisé par la radio
Hitler porté par un vote protestataire des campagnes protestantes, peu représentées politiquement
« On oublie souvent qu'un Hitler n'a pas accède au pouvoir grâce à la radio mais Presque contre elle, puisqu’au temps de sa montée vers le pouvoir, la radio était aux mains de ses ennemis. Les effets de monopole ont probablement moins d'importance sociale qu'on ne l'estime généralement » - Paul Lazarsfeld (sociologue)
Cours 2 : vendredi, 26 janvier 2024
Théories des médias de masse
Configuration à la recherche aux USA :
Le passage des effets forts aux effets limités
(Harold Lasswell – paradigme des effets forts)
Le paradigme des effets forts
Le rapport entre le public et les médias y est pensé en termes de dépendance, de conditionnement ou de manipulation. Le récepteur ne fait qu’absorber passivement et entièrement les messages médiatiques auxquels il est exposé, et ceux-ci sont supposés exercer sur lui un impact à la fois direct, massif et immédiat. La métaphore la plus connue est ici celle de la seringue hypodermique : elle laisse entendre qu'un émetteur peut injecter n'importe quelle idée ou n'importe quelle injonction de comportement dans l'esprit de n'importe quel individu.
Le behaviorisme : il étudie le comportement humain et s’impose…; finalement chacun répond à des stimuli …
Le chien de Pavlov :
Les théories comportementalistes (années 30-40) sont très activées avec la télévision (elle stimule le cerveau des gens de la même manière).
D’emblée les médias de masse sont des messages Pavlov pense qu on peut manipuler les gens.
Lasswell : pense qu’on peut manipuler les gens, mais également pour le bien de la démocratie, pour des bonnes raisons.
Son premier ouvrage : Propagande technique in the WW; les moyens de diffusion (médias) dans cette guerre ont une importance marquante et sont devenus des outils de manipulation du gouvernement.
Il va extraire la propagande (chez lui la propagande n’a pas de connotation péjorative ; morale et éthique) – pour lui, on peut faire de la propagande positive comme négative. Pour Lasswell, le gouvernement américain doit utiliser les médias de masse pour consolider la démocratie, qui, selon lui est le seul moyen de susciter les médias de masse. L’audience est considérée comme une cible manipulable, conduite par le behaviorisme.
Grand principe du Behaviorisme (récepteur faible et fortement manipulable) :
2E GUERRE MONDIALE : FONDATION ROCKFELLER
Contexte de la recherche
Roosevelt – new deal (réflexion sur les techniques de formation de l’opinion publique)
Militaires et spécialistes de la communication (effort de guerre)
Comment utiliser les médias de masse en contexte de guerre ?
Pour : améliorer leurs outil de transmission de message (de communication), les recherches menées par Lasswell (qui posent la question : comment le gouvernement usa pourrait utiliser les moyens de com pour composer avec la nouvelle conjoncture géopolitique)
La célèbre question-programme de Harold Lasswell, formulée en 1948 (« Qui dit quoi, par quel canal, à qui, et avec quel effet ? »), suggère implicitement que l'émetteur est le seul agent actif de la communication, tandis que le public réagit passivement à ce qu'il reçoit
Programme qui privilégie : l'analyse du contenu qui oriente le public + analyses des effets.
Cette problématique de la communication s'imposera dans les universités aux États-Unis jusqu'aux années 1960. Les conditions de la Guerre froide favoriseront une continuité dans les demandes de l'establishment militaire et gouvernemental en faveur de travaux de recherche appliquée, orientés vers la cueillette d'informations dans les pays étranger.
Paul Lazarsfeld : 1907- 1976
1e enquête dans la continuité du paradigme des effets forts.
Demande ce que les médias font au public (pas qu’est-ce que le public fait avec les médias ?)
Le paradigme des effets limités
Mathématicien sociologue autrichien, exilé aux US en 1933 (travaille avec Elihu Katz)
Principaux écrits:
Émigré aux États-Unis en 1933, ce psychologue autrichien proche du cercle de Vienne, formé à la recherche expérimentale, s'est vu confier dès 1938 la responsabilité du Princeton Radio Project. Commandité par (et effectué avec) le psychologue et directeur de la recherche du réseau radiophonique CBS, Frank Stanton (qui, à l'ère de la télévision, en devient le P-DG), ce projet de recherche administrative a inauguré une ligne d'études quantitatives sur les audiences
On se demande ce que les médias font au public, encore une fois, mais pas le contraire (ce que les gens font avec les médias – sociabiliser etc.)
Lazarsfeld va faire du terrain, exercer des méthodes qualitatives et il y aura une rupture dans sa manière de voir les choses.
Flux de communication à 2 étapes : on rejette l’idée d’une influence directe et autoritaire de la presse au profit d’un public actif. Les journaux n’imposent pas leur contenu, ils proposent des choses, ils fournissent des multiples perspectives qui vont animer des programmes de conversation.
Lazarsfeld : Il faut renouer avec le terrain (faire des enquêtes de terrain) (USA) ; c’est une avancée, car En France (en Angleterre) il y a beaucoup moins de représentants dans les masses médias.
École de Francfort
Thématique : industrialisation de la culture (le processus qui commence dans la 2e moitié du 19e - lié à des nombreuses écoutions technologiques)
Il s’agit de désigner le processus de transformation des produits culturels en marchandises fabriqués et diffusés selon les normes du travail industriel, et pour partie insérer dans les logiques capitalisme financier.
L’école de Francfort, émerge dans ce contexte en 1923 par :
Théodor Adorno & Max Horkheimer
Infrastructure de la société : dominés
Superstructure : dominants
Idéologie : représentations du monde, manières de raconter le monde, comment on raconte le mal et le bien (visions du monde : religion, justice, philosophie, éducation, sciences, arts) leur but est de maintenir le rapport de domination. On craint que les forces de travail se révoltent.
Hégémonie : (souple) le public va négocier les visions du monde ; quand le médias nous proposent des visions du monde, les gens ont la capacité de remise en question et dans certaines mesures il y a de la négociation. Tout ce qui est produit à la superstructure n’est jamais garantie.
Années 20 : école de Francfort marxiste (ils font en sorte de maintenir la structure et le rapport de domination dans la société de l’époque). Il y a une approche critique aux industries culturelles.
Lasswell ne propose pas autant d’information sur les médias de masse.
Différence GER -USA : en Allemagne on reste dans la théorie, alors qu’aux États-Unis il y a des recherches concrètes.
Walter Benjamin : école de Frankfort ; production artistique des industries culturelles (ouvrage : l’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique, édité en 1935 – point de départ : industrialisation de la culture et la production en séries). À cause de ce contexte (des industries culturelles), on aboutit à la perte de l’aura.
Finalement, l’expérience d’une œuvre d’art change pour le public. un œuvre existe dans plusieurs lieux en même temps; il y a la perte de l’unique, il n’y a pas un exemplaire.
La Joconde : copie sur les cahiers, les tabliers ; on n’a pas besoin d’aller au Louvre pour la voir.
En plus, la qualité des œuvres baisse ; il oppose la machine à la main (la main est plus qualitative).
Industries culturelles : avènement de la culture des masses – est pensée comme danger (selon les chercheurs de l’école de Frankfort). On est dans un contexte de production industriel, ou les biens culturels participent au système capitaliste. Il y a aussi les dynamiques de dynamisation et de standardisation des biens culturels. Selon Adorno, l’uniformisation et la standardisation sont égaux et synonymes de médiocrité.
Cours 3 : vendredi, 2 février 2024
École de Francfort
Contexte :
Industrialisation de la culture
Amélioration des conditions de vie
Évolution technologique ( mécanisation des systèmes de production, production en série, évolution des transports)
Apparition de nouveaux secteurs culturels : photographie, cinéma, radio, télévision
École de recherche crée en 1923
Figure centrale (qui va minimiser les autres) : Theodor Adorno (philosophie, esthétique, sociologie, psychanalyse)
( 1903-1969)
Max Horkheimer (1895-1973)
Walter Benjamin (1892-1940)
-Pluri disciplinaire
Approche critique face à l’industrialisation de la culture - influence marxiste, analyse de la domination (négative – participe à une culture dégradée car elle propose une culture de pouvoir)
Contexte de la naissance de la notion d’industrie culturelle
Ouvrage « dialectique de la raison » : un projet (important, ambitieux et critique) qui vise à faire le diagnostic de l’époque dans lequel Adorno et Horkheimer vont introduire la notion des industries culturelles.
Actuellement, il ne s’agit plus d’un terme critique, mais plutôt descriptif (Les industries créatives (design, mode, publicité, jeux vidéo) : terme qui naît du monde du marketing dans les 90s.)
INDUSTRIES CULTURELLES
Auto-disciplinaire en allemand - « culture » et « industrie » revenait, à l'épouser, juxtaposer deux termes que tout opposait ; industrie, économie, rationalisation, planification, calcul, stratégie.
Culture - création, originalité, désintéressement, autonomie, liberté.
Désigne la dégradation de la culture dans la société capitaliste moderne -« slogan » théorique et critique sur lequel se fonde un diagnostic d'ensemble quant au devenir du projet d'émancipation par la raison dans le monde capitaliste moderne.
A noter: ampleur plus large que l'acceptation contemporain restreinte qui désigne la recherche sur les économies de la culture et de la communication
Recherche qui associe l'économie politique, l'étude de la personnalité et les bouleversements survenus dans le domaine de l'art et de l'esthétique.
Point : École de Francfort
Trois générations :
Il y a même une 4ème génération : La vitalité de cette école se signale par les travaux d'une quatrième génération de chercheurs dont Hartmut Rosa, penseur de « l'accélération sociale » comme cause d'aliénation, est l'un des plus célèbres représentants actuels.
Theodor Adorno
Siegfried Kracauer (1889-1966)
Ami proche d'Adorno mais désaccords (approche différentes)
Journaliste allemand en contact direct avec la « culture de masse » (cafés concert, cinéma des quartiers populaire de Berlin), il la pratique, il décrit le contemporain, ce qui se passe, il vit tous ces phénomènes.
Il reconnait que la culture de masse est lié à un processus de rationalisation et est destiné à un marché MAIS c'est justement à ce titre qu'elles est intéressantes - car la culture industrialisé doit « épouser les traits de leur temps et à s'insérer dans ses représentations les plus communes (Kracauec 2006) ».
Walter Benjamin
Il se posera la question : pourquoi Paris reflète la modernité ?
Pour lui, ces phénomènes sont de surface(pas comme le sens que c'est insignifiant) mais que le surface est important, il raconte qq chose de l'époque, ce qui arrive jusqu'à surface est important.
Technique de reproduction mécanisés - répercussion sur le domaine de l'art et de la culture.
Culture artistique = levure unique dont le public fait l'expérience dans un espace-temps délimité par le pourtour même de l'œuvre .
Techniques de reproduction = perdre de l'aura. L'œuvre est dupliqué et vie au milieu de ses copies - Nouveau rapport entre le public et l'œuvre. Le public « confiné » typique de la bourgeoisie du XIX (appréciation individuelle distanciation) est replacé par le public de masse (collective)
Le dialogue privilégié entre auteurs et amateurs d'art éclairés est remplacé par l'irruption de la réception collective, grâce à laquelle un public large accède à des œuvres reproduites en série.
Il n’est pas aussi pessimiste que ses collègues à l’école de Francfort.
Loin de déplorer cette transformation de la culture sous le coup de la « perte de l'aura », Benjamin y voit des potentiels prometteurs
Car nouvelle forme d'expérience esthétique qui permet de revigorer le collectif.
Le cinéma est l'exemple même du lieu de la réception collective associant attitude critique et plaisir de la part d'un public accédant au statut d'expert sans qu'il ait à faire des efforts d'attention particuliers « le plaisir du spectacle et l'expérience vécue correspondante s'y lient, de façon directe et intime, à l'attitude du connaisseur. Au cinéma le public ne sépare pas la critique de la jouissance » Benjamin
La vision cinématographique « décuple notre perception, elle accroît notre champ d'action, nous ouvre des possibilités nouvelles, un champ d'action immense et que nous ne soupçonnions pas » Benjamin - potentiel prometteurs de la culture de masse - Adorno ne partage pas cet enthousiasme. Adorno va aimer le concept de perte de l’aura.
Walter : son apport n’est pas sur la conclusion que le public manipulé; ce dernier peut être diverti et garder un esprit critique. Il n’y a pas de conclusion complètement péjorative; peut-être cette expérience induira vers d’autres chemins, expériences.
Adorno Vs Benjamin
« Sur le caractère fétiche de la musique et la régression de l'écoute » 1938- réponse à L'œuvre d'art à l'heure de sa reproductibilité technique
Prémisse de la critique d'Adorno sur la culture industrialisée. Adorno pose des prémisses du concept d’industries culturelles qu il va écrire ensuite avec Horkheimer.
Adorno reprend l'analyse de Marx dans la première partie du Capital consacrée au fétichisme de la marchandise (soit le fait que les « consommateurs » de culture se rapportent moins au contenu immanent de ses objets qu'à leur apparence externe et au plaisir désinvolte et immédiat qu'ils sont censés leur apporter).
Adorno et la musique
« Une œuvre musicale doit pouvoir être échangée et se soumet aux principes de la réussite commerciale. Dès lors, ces œuvres sont structurées d'emblée par l'exigence de l'échange, et ceci dans le geste même de leur composition, jusque dans leurs propriétés formelles. Loin de solliciter les auditeurs en les invitant à une écoute concentrée, elles les incitent à une expérience musicale superficielle tournée vers la facilité auditive et le plaisir immédiat. Elles offrent une satisfaction aux auditeurs au premier coup d'œil ou à la première écoute, sans solliciter une concentration de leur part. Pour ce faire, ces morceaux de musique légère privilégient des schémas standards déjà connus, ils sont prompts à assouplir les angles trop « rugueux » ou les dissonances qui ont pour effet de surprendre ; les interprétations de compositions complexes sont simplifiées à l'extrême à l'aide de techniques d'arrangement qui rabotent les aspects apparemment déplaisants à une oreille fainéante. »
Adorno voit l'écoute musicale attentive se dissoudre dans une écoute distraite - thématique de la régression de l'écoute.
« En contrepartie au fétichisme de la musique, se produit une régression de l'écoute. En perdant la liberté et la responsabilité de leur choix, les sujets auditeurs non seulement perdent la capacité d'une connaissance réfléchie de la musique, limitée à des groupes restreints, mais ils en arrivent à nier obstinément qu'une telle connaissance soit possible. Ils oscillent entre le grand oubli et la réminiscence subite qui replonge aussitôt dans l'oubli; ils écoutent de manière atomisée et dissocient ce qu'ils écoutent » - Adorno
Le radio research Project
Février 1938 - arrivée d'Adorno au États unis
Le Radio Research Project dirigé par Lazarsfeld
But du projet:
Adorno va considérer que c’εst une bonne occasion pour tester sa thèse de régression de l'écoute sous le coup de la retransmission radiophonique + banalisation et perte de profondeur de la musique. Il ne va pas être en accord avec la manière des recherches financées par le Rockefeller.
MAIS Adorno n'est pas en accord avec les pratiques de recherches au US. Formulation de question de recherche commandité par l'état.
Selon Adorno :
Musique légère : structure logique et répétitive, schémas standardisée, recherche de nouveauté
En termes de réception : quelque chose qu on écoute facilement
Musique légère et musique sérieuse
- Pour Adorno il faut relier les évolutions de la musique aux évolutions de la sociétés ( transformation économiques … lié au type d'individu qui compose l'époque)
Démarche de recherche dialectique: pour étudier la musique légère il faut la mettre en relation avec la musique sérieuse.
Musique légère: la structure mélodique est rigide et répétitive, la structure harmonique se base sur des schémas standardisés, obsédée par la recherche de la nouveauté (mais les éléments innovants le sont dans un cadre tellement rigide et répétitif qu'ils se dissipent dans une singularité de façade, /une « pseudo-individualisation » (= dont la réception, on a l’impression il y a une fausse conscience qu elle est faite pour nous et elle nous perturbe pas et elle s intègre dans notre quotidien), s'insère parfaitement dans le flux d'activité de la vie ordinaire.
Musique sérieuse: joue sur les variations sans répétitions inutiles des thèmes; accentue le détail inédit et singulier; ne recourt à des thèmes standards qu'en rapport avec le sens global de l'œuvre, encourage une expérience autre.
Dialectique de la raison - avec Horkheimer
Faire un diagnostic du temps La question de la culture joue un rôle central dans cet ouvrage qui s'interroge sur le devenir de la raison émancipatrice - au sens des Lumières, de l'Aufklärung ( principe émancipateur de culture qui repose sur l'autonomie de la sphère esthétique par rapport aux instances économiques valorisation éco)
OR prend ancrage dans les résultats de la recherche empirique interdisciplinaire mène au sein du Radio Research Project.
Conclusion d'Adorno à la suite du RSP : les mises en scène stéréotypés propres à la culture industrialisée peuvent être référés à des attentes exprimées par les consommateurs - en d'autres termes dans une culture industrialisé, les besoins expressifs des sujets se ressemblent de plus en plus.
Ainsi, le public de la culture de masse n'est pas manipulé en un sens strict mais il finit par ne plus être en mesure de vouloir autre chose que ce qui lui a déjà été proposé mille fois.
Économie Frederick Pollock
Comprendre les changements économiques
Capitalisme libéral s'explique par l'émergence du capitalisme monopolistique, soit une situation économique où le marché est contrôlé par un petit nombre d'entreprises, ce qui implique l'élimination du libre-échange et de la compétition au profit de quelques entreprises à même de contrôler les prix - Donc renforce le rôle de l'état. Capitalisme d'état
Pour Pollock, le capitalisme d'État marque le début d'une ère nouvelle, totalitaire. Ce constat marquera profondément et durablement Horkheimer et Adorno, constat auquel ils ont donné une formulation philosophique dans la Dialectique de la raison, rédigée en pleine Seconde Guerre mondiale.
Pousse l'institut de l'école de Francfort à mener plusieurs enquêtes
EN RÉSUMÉ
- Perte de l'aura (montre que la valorisation économique à atteint la sphère de l'art et la culture)
On analyse l’aura avec 3 grandes axes : on part de la description économique (on est passé dans le capitalisme économique) ; désormais cela opère dans la culture, il y a peu des gens qui ont tout et qui dirigent ce qui se passe dans la culture.
Il s’agit des produits (il ne s’agit plus des œuvres) – appauvrissement du contenu – pas d’originalité.
Les individus sont « affaiblis »; ils finissent par se satisfaire de ce qu'ils ont et sont peu portés à exiger autre chose que ce qu'ils ont sans cesse sous les yeux, pour s'en remettre finalement à ces institutions.
À garder :
Apports les plus originaux de cette approche :
Tenir ensemble, dans une approche globale, les processus de production, l'examen minutieux des contenus culturels, les pré-conditions sociales et individuelles d'une expérience de réception.
Cours 4: vendredi, 8 février 2024
Two-step flow of communication
Théorie de la « communication à deux étages » (dans le marketing d’oganisation – influenceurs qui s’adresse à des publics)
Leaders d'opinion
Les leaders d'opinions représentent 20% de l'échantillon => membres de l'entourage prescripteurs d'opinions et de consommation
Constituent des relais d'influence / des filtres entre les médias et les autres récepteurs
→ Sont au cœur des processus d'influence interpersonnelle
Capacité de retraduction des enjeux politiques dans les discussions quotidiennes
Courant des Usages et Gratifications - Uses and Gratifications
Prolongement du modèle fonctionnaliste lazarsfedien
Inversion du questionnement porté sur la communication de masse => étudier, non pas ce que les médias font aux individus, mais ce que les individus font avec les médias
« C'est moins la télévision qui leur fait quelque chose que les enfants qui font quelque chose de la télévision » (Schramm, Lyle, Parker, 1961)
Paul Lazarsfeld a généré avec des auteurs un autre courant qui a succède cette théorie appelé « uses and gratifications » sur la base d’une assertion du questionnement non pas sur ce que les médias font sur les individus, mais plutôt sur ce que les individus font avec les médias (la satisfaction que les médias peuvent procurer aux individus ; ils ont plusieurs fonctions pour les usagers- consommateurs).
Courant des Usages et Gratifications - Uses and Gratifications
Relation fonctionnelle entre médias et usagères de ces médias (années70s-80s)
Une attention prêtée aux:
Un public « actif»
Enjeu de rééquilibrer le rapport entre émetteurs et récepteurs
Idée d'un public qui fait du média un usage orienté par la recherche de la satisfaction d'un besoin
Typologies de besoins (Katz, Blumer, Gurevich, 1974)
Des publics réflexifs et rationnels
Réhabilitation des publics via des méthodes d’enquête leur donnant la parole
« La recherche sur les gratifications part de la notion de sélectivité. Mais la sélectivité dont il s'agit n'est plus simplement liée à une étude défensive ancrée dans des opinions et des habitudes préalables. Elle se transforme en une sélectivité prospective (=il se projet dans le futur) tenant compte des besoins et des aspirations. Les médias apparaissent alors comme des services publics dont le public fait un usage sélectif. » E. Katz, À propos des médias et de leurs effets, 1990
Limites du courant des usages et des gratifications
Selon la sociologue Brigitte Le Grignou (Du côté du public, 2003)
Deux types de critiques :
Limites du courant des Usages et Gratifications
Apporte un éclairage limité sur l'activité sociale de réception
Réduit l'interaction (complexe) entre messages et spectateurs
« Le téléspectateur est réduit à une série de "besoins" le message à une série de « gratifications » (Lewis, 1991)
2. Excès d'optimisme voire naïveté face à l'efficacité politique des médias
Inversion du rapport de force émetteur-récepteur
=> le pouvoir aux mains des récepteurs !
« Dans le meilleur des mondes, la télévision ne pouvait plus nous influencer parce qu'elle était totalement sous notre contrôle » Lewis, 1991
Les effets, quand même
Après Lazarsfeld et la perspective des effets limités, un retour de théories des médias puissants :
• N'ayant plus des effets globaux sur les publics...
•...mais des théories intermédiaires sur des domaines spécifiques : violence (question récurrente autour de la politique et des médias), formation de l'opinion publique, diffusion du savoir...
Influence des médias sur la violence
3 thèses contradictoires de psychologie sociale (vision atomisée du public I )
La « catharsis » :
Les récepteurs seraient rendus moins violents car le spectacle leur fait vivre leur agressivité par procuration.
La « stimulation » :
Contrairement à la catharsis, les spectateurs deviendraient plus violents car le spectacle de la violence engendrait quasiment par imitation et automatisation (+/- behaviorisme) des comportements violents.
« L’apprentissage » :
Les (plus jeunes) spectateurs seraient en position d’apprendre à la fois des techniques de violence et de prendre pour référence, pour norme, des héros pratiquant de la violence.
(voir « le film favori des tueurs » - popularité de cette thèse).
2 thèses de sociologie :
Le « renforcement » (P. Lazarsfeld)
Le spectacle de situations violentes est interprété selon les normes sociales préexistantes.
Renforce les normes fondées sur la violence chez les un.es, est rejeté par autres dont il confronte les attitudes non violentes.
La « cultivation » (G. Gerbner)
Perceptions et croyances résultent de l’exposition aux médias : effet de long terme
Transmission de « patterns dominants » de représentation du monde social par la télévision aux téléspectateurs intensifs.
Exemple : « nombre de meurtres vus annuellement par un enfant »
Corrélation indémontrable : d’autres variables peuvent intervenir (exemple : la TV peut nourrir l’anxiété ou la calmer)
Deux autres théories des effets
Fonction d'agenda - Agenda-setting (Mc Combs et Shaw)
Les médias ne disent pas ce qu'il faut penser, mais à quoi penser
Spirale du silence (Elisabeth Noelle-Neuman)
E. Noëlle-Neumann, « La spirale du silence. Une théorie de l'opinion publique », 1989
L'opinion partagée s'affirme toujours plus fréquemment, et avec plus d'assurance; on entend l'autre de moins en moins. Les individus perçoivent ces tendances, et adaptent leurs convictions en conséquence.
L'un des deux camps en présence accroît son avance pendant que l'autre recule. La tendance à s'exprimer dans un cas et à garder le silence dans l'autre, engendre un processus en spirale qui installe graduellement une opinion dominante. En s'appuyant sur ce concept d'un processus interactionniste engendrant une « spirale » du silence, on définit l'opinion publique comme cette opinion qui peut être exprimée en public sans risque de sanctions, et sur laquelle peut s'appuyer l'action menée en public.
Pierre Bourdieu et la hiérarchie des pratiques culturelles (1930-2002)
Un premier mouvement sans suite
Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron
« Sociologues des mythologies et mythologies de sociologiques », Les Temps modernes, 1963
B&P critiquent
Pour B&P, au contraire il y a « mille manières de lire, de voir et d'écouter »
Ils visent le Centre d'Etudes des Communications de Masse (R. Barthes, E. Morin)
Le structuralisme constructiviste
Articulation du structuralisme (Claude Lévi-Strauss)...
> L'individu est soumis à des structures sociales, des règles structurelles
...du constructivisme (Peter Berger, Thomas Luckmann)
- Le monde social est le produit de l'action des acteurs sociaux, selon leur interprétation de celui-ci
... et du marxisme (visée critique)
• La société est divisée en classes sociales, la classe dominante imposant son idéologie relative à ses intérêts propres
L’habitus
Ensemble des dispositions, des schèmes d'action et de perception que nous acquérons durant notre socialisation, qui guident et orientent nos comportements, nos idées et nos choix dans tous les domaines de l'existence
Manières incorporées d'agir et sentir, de penser et appréhender le monde L'habitus est spécifique à chaque individu, mais toutes les dispositions qu'il renferme sont collectives.
L'ethos et l'hexis
Deux composantes de l'habitus
L'ethos
« Le système de valeurs implicites que les gens ont intériorisées depuis l'enfance et à partir duquel ils engendrent des réponses à des problèmes extrêmement différent »
(Questions de sociologie, 1984)
L'hexis corporelle
Dispositions et postures corporelles, rapport au corps intériorisés: Manières de se tenir, de parler, se mouvoir.
De l'habitus au « sens pratique »
L'habitus confère aux individus un sens pratique, soit :
Une aptitude à agir et répondre de façon adaptée aux événements du monde social.
Ce qu'on appelle en sport, le « sens du jeu », « qui s'acquiert par l'expérience du jeu et qui fonctionne en deçà de la conscience et du discours » Choses dites, 1988 : 77
Habitus individuel et habitus de classe
L'habitus est propre à chacune, selon son histoire et ses expériences sociales
Des personnes d'une même classe partagent (en partie) les mêmes dispositions sociales
Elles peuvent voir converger leurs goûts et opinions, leurs comportements, leurs « styles de vie » pour créer un habitus de classe
L'hystérésis de l'habitus
Désajustement entre les conditions de construction de l'habitus d'un individu, c'est-à-dire de sa socialisation, et les conditions dans lesquelles il opère
Si les conditions objectives évoluent, le mouvement inertiel de l'habitus l'empêche de se modifier en conséquence.
Ex. Le Bal des célibataires, 2002
La théorie de la légitimité culturelle
Les pratiques et les goûts culturels sont :
La culture est un enjeu de luttes autour de la hiérarchie des valeurs et des pratiques synboliques et culturelles
Une échelle de légitimité
Des valeurs sociales inégales des genres culturels :
Opéra et musique classique, littérature du 19ème, art contemporain, théâtre subventionné, cinéma d'auteur.
VS
Feuilletons télé, polars et SF, comédies romantiques et westerns, rap et RnB, théâtre de boulevard, karaoké, etc.
Une théorie de la domination culturelle
Définit la culture « légitime » = la sienne
Stratégie de distinction par la culture
Impose le « bon goût »
Caractérisée par sa « bonne volonté culturelle »
Singe de façon maladroite les pratiques nobles
Mise à l'écart de la culture légitime; vulgarité
Refus d'être identifié à la petite-bourgeoisie
La société comme « espace social »
Représentation du monde social comme espace hiérarchisé, où se répartissent les individus en fonction des capitaux économiques et culturels qu’ils détiennent.
Les gens accumulent ou pas du capital qui peut être plus ou moins économique ou culturel (on peut avoir beaucoup de culture mais pas de l’argent ou le contraire; avoir de l’argent mais ne pas avoir de la culture). Si nous avons tous les deux, nous sommes privilégiés.
Les quatre types de capitaux (pas très important)
Capital économique | Ressources matérielles et financières détenues par un individu |
Capital culturel | Ressources culturelles, qui peuvent être incorporées, objectivées ou encore institutionnalisées |
Capital social | Réseau de relations sociales que l'on peut mobiliser à son profit |
Capital symbolique | Englobe les précédents capitaux lorsqu'ils sont perçus et reconnus |
L’homologie structurale (selon Bourdieu)
Correspondance entre :
Des pratiques et des goûts pris dans des rapports sociaux
La légitimité comme effet de domination :
« Les pratiquants d'une culture populaire sont, qu'ils le veuillent ou non, qu'ils le sachent ou non, objectivement mesurés dans la réalité des rapports sociaux (à l'école et dans les interactions les plus quotidiennes) aux critères de la culture dominante »
J.-C. Grignon & J.-C. Passeron, Le Savant et le populaire, 1989
Cours 7 : vendredi, 8 mars 2024
La société comme « espace social »
Livre : Le savant et le populaire, 1989 de Grignon & Passeron
Limites de la théorie de la légitimité culturelle (1)
Une position élitiste, un ethnocentrisme culturel (=se prendre pour un point d appuie pour juger le reste des pratiques et des goûts culturels – forcément on déduit un jugement négatif)
Limites de la théorie de la légitimité culturelle (2)
Des pratiques et des goûts envisagés comme le jeu social de distinction :
Une absence d’analyse de la réalité et du sens des pratiques culturelles et médiatiques
Limites de la théorie de la légitimité culturelle (3)
Une perspective critique des médias (de masse)
Bourdieu parle ainsi de « produits culturels de grande diffusion », par exemple « de musiques dont les structures simples et répétitives appellent une participation passive et absente », de « divertissements préfabriqués que les nouveaux ingénieurs de la production culturelle …»
Misérabilisme VS Populisme
Misérabilisme : considérer les pratiques populaires comme vides et inconsistantes, dominés prises dans le processus de la culture légitime et donc caractérisées par le manque. (Bourdieu)
Populisme : envisager les « cultures populaires » comme radicalement autonomes, fonctionnant selon leurs lois propres, sans rapport avec la culture dominante et les phénomènes de domination.
Audimat : une mesure d’audience (comment de personnes se sont retrouvées devant leur poste)
Le journalisme face à la loi du marché
Pouvoir de l’audimat amène à favoriser le sensationnel
Importance du sport et du fait divers : le « fait divers, fait diversion (le fait de stratégiquement montre une direction pour mieux cacher quelque chose de plus important) »
Bourdieu considère le temps comme ressource rare et primordiale :
Perte d’autonomie (valeur centrale) des journalistes qui doivent satisfaire le besoin d’audience
Effet de contamination sur le reste du champ médiatique; la TV est un média prédominant, de plus en plus après-guerre et les normes journalistiques se mettent en place à la tv, tentent à contaminer le reste du champ médiatique.
Éric Maigret – cultural studies (investir aux universités Français- unique)
Homogénéisation des médias
Mise en concurrence du champ journalistique – productions uniformes
Concurrence produit finalement moins de la différence que de l’homogène parce que les journalistes sont amenés à recopier les uns les autres, avec l’idée qu ils ne peuvent pas passer d’un sujet traité d’un autre (envisager les sujets des différents angles).
Imposition des normes et des valeurs dominantes plutôt en phase avec la classe dominante, au détriment des cultures et idées minoritaires.
Perpétuation des inégalités socio-culturelles : illusion de la démocratie culturelle
Fabrication des événements : montée en épingle (phénomène de polémisation – création des sujets polémiques traités plusieurs fois et mis en considération par le champ politique) de polémiques qui impactent le champ de politique (ex. voie islamique dans les années 90s).
Champ journalistique vs Champ intellectuel
Un champ journalistique soumis à la loi du marché et à la publicité, qui s’impose sur d’autres champs, dont le champ intellectuel.
Il y a une confrontation de la légitimité médiatique (le fait d’être célèbre ou pas etc. au monde des médias) à celle des autres champs.
Bourdieu reconduit ici « la représentation hiérarchisée du grand écrivant du XIXe siècle, capable de construire une tour d’ivoire (quelqu’un qui s’exclut du monde pour produire un travail dur, pour éviter les influences sociales) et de créer ainsi un espace de liberté qui est toujours à reconquérir ».
La légitimité culturelle après Bourdieu
Richard A. Peterson : le modèle omnivore-univore
Un double mouvement :
Une opposition sociologique des préférences non plus tant…
Modèle de la pyramide inversée (Peterson)
Éclectisme réel (goût, vrai) ou manifesté (stratégie de distinction)?
Distinction entre « goût » et « connaissance » mobilisable dans une situation donnée. (…)
Le changement dans la stabilité: B. Lahire et Ph. Coulangeon
La culture des individus, Dissonances culturelles et distinction de soi, 2004
Les habitus culturels, comme systèmes cohérents de dispositions, ne sont pas les plus fréquents statistiquement.
Les répertoires culturels dissonants (pas cohérents) seraient la règle et non l’exception.
Principales raisons des variations intra-individuels :
Méritocratie
Acharner (un travail acharné)
Présentation holiste = présentation générale
Dissonance : incohérence
Cours 8 : vendredi, 15 mars 2024
Les 4 problèmes du monde de la « dissonance culturelle » de Lahire
Ph. Coulangeon, Culture de masse et société de classes, 2021
La reconduction d'une définition étroite de la culture
Les cultures médiatiques absentes de l'analyse
Non plus une mais deux légitimités :
Vers une « post-légitimité » ? (Éric Maigret)
Hétérogénéisation des ordres de légitimité
Pluralité des communautés affinitaires : valeurs, pratiques, croyances
Concurrence de « l'économie médiatico-publicitaire »
Olivier Donnat, 1994, Les Français face à la culture. De l'exclusion à l'éclectisme
Légitimation de la culture de masse: culture mainstream
Vers une « post-légitimité » ?
Sarah Thornton, Club Culture, 1995
Les sous-cultures musicales sont des « capitaux culturels » à part entière
« ...des formes de capital « sub-culture » ou de significations grâce auxquelles les jeunes négocient et accumulent un statut au sein de leurs propres mondes sociaux » (163)
Dominique Pasquier, Cultures lycéennes. La tyrannie de la majorité, 2005
Inversion de la légitimité auprès des jeunes générations
→ Goûts populaires > goûts cultivés
Effet d’âge et de génération : « les français ont de plus en plus tendance à rester fidèles aux titres et aux musiques qui ont marqué leur jeunesse : rock, punk, rap » - O. Donnant
Hervé Glevarec "Un quart de tour (et de siècle) plus tard"
On devient dans une société : valeurs et pratiques nouvelles, où il devient de plus en plus difficile de hiérarchiser les genres entre eux et porter un jugement sur un genre qu'on ne connaît pas ou maîtrise pas.
COURS 9 !!!
COURS 10 : vendredi, 29 mars 2024 (dernier cours avant le partiel)
QCM de 40 questions (0,5) sans points négatifs
Cultural Studies
3 auteurs et un centre de recherche :
Une définition anthropologique de la culture
Raymond Williams
=> « La culture est ordinaire » (1958 : 3)
- Il suggère de s’intéresser à la culture en étudiant les choses quotidiennes, qui nous permettent d’organiser et d’appréhender le monde qui nous entoure
La culture comprend les activités les plus triviales et quotidiennes de production de significations, permettant d'organiser et appréhender le réel
- Conteste le monopole de la culture légitime des arts et de l'érudition
- Invite à considérer les valeurs et significations imprégnant les institutions sociales et les conduites ordinaires
Richard Hoggart et « la culture du pauvre »
The Uses of Literacy: Aspects of Working - Class Life (1957)
Regard décalé sur les évolutions liées aux mass-médias et moyens de communication et leur impact sur les conditions et modes de vie, les pratiques des ouvrier-es (famille, travail, loisir)
S'oppose à l'idée d'une classe ouvrière aliénée par les médias de masse, perdant sa culture authentique.
Attention oblique et consommation nonchalante
Capacité de résistance de la culture pop face aux cultures légitime & médiatique
Pas adhésion forte aux messages => lectures ironiques, inattention, défiance...
Pas de confusion entre fiction et réalité
La culture populaire sert de filtre vis-à-vis de l'extérieur (rapport eux/nous), notamment de la culture commerciale
La culture médiatique est passée au filtre d'un système de valeur existant
=> Finalement, pas de bouleversement dans les modes de vie et systèmes de valeur des classes populaires
Les prémisses des Cultural Studies
Approche en termes de réception: une parole donnée aux récepteurs
Au-delà de la simple réception, Hoggart introduit l'idée d'un usage des médias
Développe deux hypothèses, ensuite au cœur des préoccupations des CC
Définition williamsienne de la culture
Définition anthropologique et non légitimiste de la culture, comme :
« Production sociale de sens, quels qu'en soient les formes et les supports : tout objet social est culturel »
La question de leur « légitimité » n'est pas pertinente (problème d'acteurs)
Stuart Hall : 1932-2014
Co-fondateur puis directeur du Centre for
Contemporary Cultural Studies (CCCS)
D'origine jamaïcaine (il venais du monde ouvrier)
Figure tutélaire de l'Ecole de Birmingham : paradigme critique en sciences de la communication
1973 : « Encoding and decoding », un article fondateur (en FR : codage, décodage)
« Codage / décodage », Réseaux, 1994
Repense le processus de communication
Ce modèle analytique, va se fonder sur 2 inspirations :
Un paradigme sémiotique et critique
Paradigme sémiotique, ou la question du sens (Roland Barthes)
Paradigme critique (Karl Marx, Antonio Gramsci)
Antériorité du sens sur les effets
La construction du sens par les publics, la « lecture » qu'ils ont d'un texte médiatique, précède analytiquement d'éventuels effets, usages ou gratifications
L'éventuelle « influence» d'un programme est nécessairement dépendante de la manière dont il sera interprété par les publics
Hall propose d'étendre le paradigme sémiotique au-delà de la seule analyse du message et de le déployer « de part et d'autre de la chaîne de communication »
Processus de communication selon S. Hall
Deux « structures de sens » disjointes face à face
→ l'encodage du message borne l'interprétation du texte => toute interprétation n'est pas possible
3 types de lecture possible :
Vise à apprécier l’écart entre l’idéologie décodée dans le message TV et les idéologies via lesquelles les publics décodent
Lecture dominante-hégémonique préférentielle
Le décodage est conforme au sens dominant encodé
« Lorsqu'un téléspectateur intègre directement et sans restriction le sens connoté d'informations télévisées ou d'une émission d'actualités, par exemple, et décode le message en fonction du code de référence qui a servi à le coder » (p.37)
Lecture négociée
Une part du sens dominant est reçue, l'autre part est repoussée au gré d'une lecture critique
Lecture oppositionnelle
Le récepteur comprend le message littéral, mais oppose à l'idéologie connotée dans le message l'idéologie à laquelle il adhère
La lecture préférentielle : la plus probable
De l'idéologie à l'hégémonie
Hall s'intéresse aux rapports de domination qui traversent la société
L'École de Francfort ainsi que les Cultural studies sont tous les deux critiques de l'ordre culturel industriel, cependant :
Non pas représentation inconsciente, voile d'illusion ou ruse destinée à tromper – le monde tel qu’il est voilé par les médias qui nous font en sorte que nous voyons le monde d’une manière différente que la réalité.
...l'idéologie est un système de significations et de pratiques qui expriment les valeurs d'un groupe social
Des rapports de domination aux rapports hégémoniques
Les médias vecteurs d'idéologies
L'univers médiatique :
L'idéologie dominante est:
Les médiacultures sont :
Dotées de sens pour les individus, leur permettant donc aussi de s'émanciper de leur condition vécue / empowerment)
Domination VS Hégémonie
Modèle vertical : S. Hall
Modèle (haut dominants – bas dominés) : Marx
Digression = une interruption ou un écart par rapport au sujet principal d'une discussion, d'un discours ou d'un écrit, pour aborder une question ou un sujet secondaire, souvent de manière temporaire.
Synoymes : hors sujet, aparté, interpolation, déviation, écart, détour, parenthèse, divagation
plebisciter" vient du latin "plebiscitum" qui signifie littéralement "décision du peuple". Il fait référence à un processus démocratique dans lequel les citoyens sont invités à voter directement sur une question spécifique, souvent politique.
Debriefer = contexte professionnel et militaire pour désigner un processus consistant à analyser et discuter d'une expérience ou d'un événement passé afin d'en tirer des leçons, d'évaluer les performances et d'identifier des améliorations possibles pour l'avenir
Synonymes : analyser, examiner, estimer, discuter, rétrospecter, critiquer (au sens constructif)
Recaler = généralement refuser quelqu'un à un examen, à un concours, ou rejeter quelque chose pour une raison spécifique
Synonymes : rejeter, refuser, renvoyer, écarter, disqualifier, non-admettre, refouler
Biaiser : déformer, influencer, manipuler, tordre, détourner, dévier/ to bias, to skew
Synonymes : détour, parenthèse
s'immiscer = signifie s'introduire dans une affaire ou une situation de manière indésirable ou non sollicitée
synonymes : se mêler, se glisser, s introduire, s impliquer, s interposer, s ingérer, s infiltrer
Que retenir de ce modèle du modèle codage / décodage :
Critique et résumé de ce modèle :
Est-il vraiment possible de s'accorder sur le sens premier d'un message (sens dénotatif), ensuite décodé de telle ou telle façon (un sens univoque, cohérent, seul )?
Par ex. : Quel est le sens littéral de la série 24h Chrono ? Plutôt de droite ou de gauche ?
Le film Rambo: critique de l'Amérique impérialiste et guerrière ou valorisation de la force des E.U?
Surestimation du rôle de la classe sociale dans la production de sens au détriment d'autres phénomènes : genre, âge, origines ethniques, etc.
David Morley
ou la mise en application empirique de la théorie de Hall
The « Nationwide » Audience: structure and decoding, 1980
Family Television: Cultural power and Domestic Leisure, 1986
=> Montre que les interprétations ne sont pas seulement dépendantes du milieu social des « lecteurs » mais de plus en plus de leurs identités de genre, d'âge, de race...
The « Nationwide » Audience, 1980
Hypothèse d'une diversité de « lectures » de Nationwide liées à l'origines sociale et culturelles des téléspectateurices
Méthode par focus groupes :
29 groupes homogènes répartis en 4 catégories : cadres, apprenties, syndicalistes, étudiant
Commentaires, évaluations, réponses des groupes face aux mêmes épisodes du magazine d'actualité
Focalisation sur les interprétations idéologiques
Janice Radway, Reading the romance, 1984
Enquête auprès de lectrices de romans à l'eau de rose (genre Harlequin)
Elle montre la contradiction entre l'analyse de texte et l'analyse des lectures des enquêtées
len Ang, Watching "Dallas" (1985)
Importance de la série
Elihu Katz & T. Liebes
Export of Meaning. Cross-cultural Readings of Dallas"
Six interprétations de la série Dallas, Hermès (1993)
Montrent notre propension à être, selon nos dispositions socioculturelles
L'enquête
Enquête auprès de 6 communautés ethniques et culturelles :
65 discussions groupes de 6 (profils socioculturels proches) après avoir regardé le même épisode => focus groupes.
Raconter l'épisode à quelqu'un qui ne l'a pas vu. Classer et décrire les principaux personnages, leurs actions et leurs motifs.
Toutes les communautés se rejoignent autour du décodage de quelques grands thèmes et éléments narratifs du feuilleton
En revanche, les six communautés se différencient par
Des lectures différenciées
Les énoncés critiques sémantiques
Relatifs aux thèmes et messages du récit
Pour les Arabes et les Russes, la série est « le symbole du capitalisme occidental », et reflète la « dégénérescence morale »Certains (les Russes particulièrement) prêtent aux réalisateur des intentions manipulatrices
Les Américains n'identifient pas de message et ne prêtent pas d'autre prétention au feuilleton que celle de les divertir.