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FRANCESE

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Le XVIIIe siècle : une révolution des idées et de la littérature

Au XVIIIe siècle, une grande révolution scientifique et intellectuelle transforme la société. Les sciences comme la physique, la médecine et la biologie passionnent les esprits cultivés. Les philosophes des Lumières rejettent les explications religieuses et critiquent tout ce qui empêche la liberté et le progrès. Ils débattent dans les salons et les cafés, où se développent les idées nouvelles.

Malgré la censure, la production littéraire se développe. La comédie devient plus populaire que la tragédie car elle s’adapte mieux à l’évolution de la société. Le roman s’inspire des réalités sociales et raconte des histoires d’amour et d’ascension sociale, comme Manon Lescaut de Prévost ou Le Paysan Parvenu de Marivaux. Le roman épistolaire connaît aussi un grand succès, car les lettres deviennent un moyen de communication raffiné et apprécié.

Les écrivains des Lumières dénoncent les injustices et l’absolutisme.

~ Montesquieu critique la monarchie et propose la séparation des pouvoirs dans L’Esprit des Lois.

~Voltaire combat le fanatisme religieux et l’arbitraire, notamment avec ses Lettres philosophiques et ses contes philosophiques, qui utilisent l’humour et l’ironie pour faire réfléchir.

L’Encyclopédie, dirigée par Diderot et d’Alembert, est l’œuvre majeure du siècle. Elle rassemble les connaissances scientifiques et philosophiques, mais rencontre de nombreuses oppositions à cause de ses idées révolutionnaires. Elle représente le triomphe de la raison et du savoir.

À côté de la pensée rationnelle, un courant plus sensible apparaît avec Rousseau et Bernardin de Saint-Pierre, qui valorisent l’émotion et l’imagination. Le théâtre évolue aussi : Diderot crée un nouveau genre, le drame bourgeois, qui met en scène les problèmes de la vie quotidienne et donne un rôle central à la bourgeoisie.

À la fin du siècle, Beaumarchais, avec Le Mariage de Figaro, défend la liberté et critique les privilèges de la noblesse, annonçant les bouleversements de la Révolution française.

Les lieux de rencontre et de débat au XVIIIe siècle

Les cafés

D’abord introduits à Constantinople en 1554, les cafés deviennent populaires en Europe dès le XVIe siècle. Le premier café français ouvre à Marseille en 1654, suivi de Paris en 1672. Rapidement, ces lieux ne se limitent plus à la consommation de café, mais deviennent des espaces de discussion sur la philosophie et la littérature.

Le plus célèbre est Le Procope, ouvert en 1686 par Francesco Procopio dei Coltelli, qui accueille des intellectuels comme Voltaire. D’autres cafés parisiens deviennent des centres de débat, comme le café de la Veuve Laurent, fréquenté par Rousseau, ou le café de la Régence, lié à Diderot. Dès 1716, Paris compte plus de trois cents cafés, et à la fin du siècle, on en dénombre entre six et sept cents.

Les salons

Les salons littéraires, initiés au XVIIe siècle par la Marquise de Rambouillet, restent d’abord des lieux aristocratiques. Au XVIIIe siècle, ils évoluent vers des espaces où se discutent les idées philosophiques et politiques. À Paris, devenu le centre de la vie mondaine après la fin du règne de Louis XIV, les salons sont tenus principalement par des femmes influentes.

Les clubs

Inspirés des sociétés privées anglaises, les clubs du XVIIIe siècle sont des lieux de débat politique. L’un des plus célèbres, le club de l’Entresol (1720-1731), est fermé pour ses discussions progressistes. À la fin du siècle, apparaissent les clubs révolutionnaires, dont le plus connu est le Club des Jacobins, fondé en 1789 par des députés du tiers état.

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Les créations théâtrales et romanesques au XVIIIe siècle

Un théâtre en évolution

Le XVIIe siècle a fixé les règles classiques de la tragédie avec Racine et de la comédie avec Molière. Au XVIIIe siècle, bien que dominé par la pensée philosophique, le théâtre reste un espace d’innovation. La tragédie classique perd en popularité, tandis que la comédie évolue vers une critique sociale et politique.

Toujours en prose, elle aborde les pratiques financières, les conflits amoureux et les jeux subtils de séduction, donnant naissance au marivaudage, caractéristique du théâtre de Marivaux. Malgré l’hostilité de l’Église envers les comédiens, les auteurs cherchent de nouvelles formes dramatiques plus en accord avec la société en mutation.

Le renouveau du roman

Le roman, longtemps critiqué pour son absence de règles antiques et accusé de corrompre la morale, se légitime progressivement. Au XVIIIe siècle, il devient un outil d’analyse sociale et s’éloigne des récits pastoraux du passé.

Des auteurs comme Lesage, Prévost et Marivaux proposent une littérature plus ancrée dans la réalité, où les intrigues reflètent les transformations économiques et sociales de l’époque. Les romans picaresques mettent en scène des personnages issus de la bourgeoisie ou du monde domestique, illustrant les ambitions et l’ascension sociale des nouvelles classes.

Avec ces évolutions, le roman se prépare à devenir le genre dominant du XIXe siècle.

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Une nouvelle pensée politique et littéraire au XVIIIe siècle

Montesquieu et Voltaire : vers une nouvelle conception du pouvoir

Inspirés par l’Angleterre, Montesquieu et Voltaire admirent la liberté de pensée et la monarchie constitutionnelle anglaise, où le roi est contrôlé par le Parlement. En faisant l’éloge de ce modèle, ils critiquent l’archaïsme de la monarchie absolue française.

Montesquieu, après la satire sociale des Lettres persanes, applique une méthode scientifique aux phénomènes politiques et sociaux. Dans De l’Esprit des Lois, il rejette l’idée d’une monarchie de droit divin et défend la séparation des pouvoirs, la liberté, ainsi que l’abolition de l’esclavage et de la torture.

Voltaire, écrivain engagé, utilise l’ironie et la satire comme des armes. Dans ses œuvres variées (poèmes, contes, pamphlets, tragédies), il combat le fanatisme et l’injustice, défend la tolérance et la liberté, et prône une monarchie éclairée plutôt qu’un despotisme absolu.

Le roman par lettres : une nouvelle forme narrative

Le roman connaît un grand succès auprès du public mais reste critiqué. Pour donner une illusion d’authenticité, les auteurs présentent leurs œuvres comme des lettres ou des mémoires retrouvés.

Le roman épistolaire devient très populaire car la correspondance est un phénomène culturel et mondain : les lettres sont souvent lues en public, et leur style doit être raffiné. Ce genre permet de multiplier les points de vue et d’impliquer le lecteur, qui reconstitue lui-même le récit. Parmi les influences majeures, on trouve Clarisse Harlowe de Richardson, admiré par Choderlos de Laclos, auteur des Liaisons dangereuses.

Le conte philosophique : un outil de critique sociale

Ce genre, popularisé par Voltaire, mélange fiction et réflexion critique. Dès Micromégas, il utilise ce format pour dénoncer les injustices et les absurdités de la société.

À travers des voyages et des aventures, ses héros incarnent ses idées. Son style varié et ironique lui permet de remettre en question la Providence, de souligner la médiocrité humaine et de dénoncer les excès religieux et le fanatisme. Son message reste constant : la raison doit prévaloir sur les dogmes.

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Montesquieu

Charles-Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu, est né en 1689 près de Bordeaux dans une famille noble. Son père choisit un mendiant comme parrain pour lui enseigner la fraternité. Après des études de droit, il devient président du Parlement de Guyenne, mais préfère la recherche et entre à l’Académie des sciences de Bordeaux.

En 1721, il publie anonymement Lettres persanes, où il critique la société et le pouvoir en France. Son succès lui permet d’entrer dans les cercles intellectuels parisiens. En 1728, il est élu à l’Académie française et voyage en Europe, notamment en Angleterre, où il découvre la monarchie constitutionnelle.

De retour en France, il se consacre à l’étude des lois. En 1734, il publie Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence, puis De l’Esprit des lois en 1748, une œuvre majeure qui propose la séparation des pouvoirs. Son livre est censuré par l’Église, et en 1750, il publie La Défense de l’Esprit des Lois. Il meurt en 1755.

Ses idées

Dans Lettres persanes, Montesquieu critique la société française à travers le regard de deux voyageurs persans. Il utilise l’ironie pour dénoncer les injustices et les abus.

Dans De l’Esprit des lois, il distingue différents types de gouvernements et affirme que les lois doivent s’adapter aux conditions du pays. Il défend la séparation des pouvoirs et la tolérance religieuse pour garantir la liberté.

Montesquieu n’est pas révolutionnaire, mais il veut concilier liberté et ordre. Il pense que la monarchie doit être équilibrée, que la religion a une fonction sociale et que l’homme doit accepter son destin tout en cherchant à améliorer son sort.

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Lettres Persanes (1721)

Ce roman épistolaire, publié anonymement à Amsterdam, critique la société française et la Perse à travers le regard de voyageurs étrangers. Il s’inscrit dans la tradition des récits de voyage, qui permettent une critique indirecte et échappent à la censure.

Histoire

Usbek, un Persan d’Ispahan, quitte son harem et voyage jusqu’à Paris avec son ami Rica. D’autres compagnons s’arrêtent en route (Rhédi à Venise, Ibben à Smyrne). À travers leurs lettres, ils décrivent la société française et la vie du sérail en Perse. Pendant son absence, les femmes du harem se révoltent, et Roxane, sa favorite, se suicide.

Ces lettres, datées selon le calendrier musulman, plongent le lecteur dans une réalité orientale, tout en offrant une satire des mœurs françaises sous Louis XIV et la Régence. Le roi, le pape, la mode et les coutumes sont tournés en dérision sous le regard naïf des étrangers.

L’œuvre annonce les grands thèmes des Lumières : la liberté, la tolérance, la justice et la critique du despotisme, des préjugés et des superstitions. Montesquieu dénonce aussi l’oppression des femmes en Perse, enfermées dans un harem surveillé par des eunuques. Le suicide de Roxane révèle l’hypocrisie d’Usbek : philosophe éclairé à Paris, il reste un tyran à Ispahan.

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Ce texte est une lettre fictive écrite par Rica, un voyageur persan, à son ami Ibben, dans Les Lettres Persanes de Montesquieu. À travers le regard étonné d’un étranger, Montesquieu critique la société française du XVIIIᵉ siècle, notamment Paris, la politique, le pouvoir royal et la religion.

Rica décrit d’abord Paris comme une ville immense et surpeuplée, où les gens sont toujours pressés. Il se moque du mode de vie agité des Parisiens, en contraste avec la lenteur des Asiatiques.

Ensuite, il critique la monarchie française en expliquant que le roi tire sa richesse non pas de mines d’or comme le roi d’Espagne, mais de la vanité de ses sujets. Il souligne l’illusion du pouvoir royal, capable de convaincre le peuple que du papier est de l’argent ou que le roi peut les guérir par simple contact.

Enfin, il élargit la critique à l’influence de la religion. Il présente le pape comme un “magicien” encore plus puissant que le roi, capable de faire croire aux dogmes chrétiens, comme la Trinité ou la transsubstantiation.

À travers l’ironie et la satire, Montesquieu dénonce la crédulité des Français et le pouvoir absolu exercé sur eux par le roi et l’Église.

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De l’Esprit des Lois (1748) est un livre complexe où Montesquieu cherche à comprendre le sens et la justification des lois. Il explique que les lois dépendent de plusieurs facteurs comme le climat, la géographie, l’histoire, l’économie et la religion.

Il distingue trois types de gouvernement :

• La république, basée sur la vertu et l’amour de la liberté et de l’égalité, mais difficile à réaliser sauf dans de petites communautés.

• La monarchie, fondée sur l’honneur et la fidélité, où la noblesse joue un rôle important.

• Le despotisme, basé sur la peur, qui s’effondre si le peuple ne craint plus le tyran ou si le despote cesse d’être autoritaire.

L’idéal politique de Montesquieu est la monarchie parlementaire, où le roi partage le pouvoir avec un parlement composé de nobles. Il critique l’absolutisme, mais il ne défend pas encore une démocratie moderne. Sa plus grande innovation est la séparation des pouvoirs :

• Le roi détient le pouvoir exécutif.

• Le parlement fait les lois (pouvoir législatif).

• Les tribunaux rendent la justice (pouvoir judiciaire).

Ces idées influenceront la Déclaration des Droits de l’Homme. Montesquieu préfère garantir la liberté plutôt que l’égalité, contrairement à la Révolution française qui voudra les deux.

Sur la religion, il pense que le christianisme n’a pas le monopole de la vérité et critique les abus de l’Église. Son livre est attaqué par les jésuites et les jansénistes et est interdit par l’Église en 1751.

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Ce texte de L’Esprit des Lois est une dénonciation de l’esclavage à travers l’ironie. Montesquieu fait semblant de défendre l’esclavage en utilisant des arguments absurdes et racistes qui étaient courants à son époque.

Il présente des justifications inhumaines :

• Les Européens ont exterminé les peuples d’Amérique et ont donc dû réduire les Africains en esclavage pour travailler la terre.

• Le sucre serait trop cher sans esclaves.

• Les Noirs sont si différents physiquement qu’on ne peut pas les plaindre.

• Il est impensable que Dieu ait mis une âme dans un corps noir.

• Les Noirs manquent de raison car ils préfèrent des colliers de verre à l’or.

• Les Européens ne peuvent pas reconnaître leur humanité, sinon ils remettraient en question leurs propres valeurs chrétiennes.

Ces arguments sont volontairement absurdes pour montrer l’hypocrisie et l’inhumanité des justifications de l’esclavage. Montesquieu pousse le raisonnement jusqu’au ridicule pour mieux dénoncer l’injustice. À la fin, il souligne que si l’esclavage était réellement injuste, les puissances européennes auraient déjà fait un accord pour l’abolir, ce qui met en évidence leur hypocrisie.

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Voltaire, un brillant polémiste (1694-1778)

Sa vie :

Voltaire, né François-Marie Arouet à Paris, vient d’une famille bourgeoise aisée. Il étudie chez les jésuites et en droit, mais se passionne pour la poésie et les salons littéraires. Après avoir écrit une satire politique sur Louis XIV, il est emprisonné à la Bastille. À sa sortie, il adopte le nom de Voltaire. Il connaît plusieurs exils, d’abord en Angleterre en 1726, puis en Lorraine et enfin en Prusse, où il rencontre Frédéric II. En 1760, il s’installe à Ferney, près de Genève, et y transforme le village, y introduisant des améliorations économiques et sociales. Il devient un bienfaiteur local et continue ses combats contre l’intolérance et la mauvaise justice. Voltaire meurt en 1778 à Paris et est enterré au Panthéon en 1791.

Son œuvre :

Voltaire a écrit une œuvre prolifique couvrant de nombreux genres.

• Les Lettres Philosophiques (1734) : Ce recueil de lettres présente ses idées sur la religion, la science, la politique et la littérature. Il critique la France et exalte les idées de tolérance anglaises. Ce texte lui vaut l’exil et des ennuis avec les autorités.

• Les Contes : Ces récits satiriques abordent des thèmes politiques et philosophiques. Par exemple, Zadig critique la monarchie absolue, Micromégas réfute les théories universelles, et Candide dénonce l’optimisme excessif et les injustices humaines.

• Les ouvrages historiques : Voltaire écrit sur des sujets divers comme Charles XII, Le siècle de Louis XIV, et L’Histoire de l’empire de Russie, en mettant l’accent sur la rationalité et la lutte contre le fanatisme.

Voltaire utilise son écriture pour critiquer la société de son temps, défendre la liberté et promouvoir la raison.

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Les idées dominantes de Voltaire

Voltaire rejette la métaphysique, qu’il considère comme une source de division et de fanatisme. Il estime que les questions sur Dieu, l’origine du monde et de la vie sont au-delà de la compréhension humaine. Pour lui, le doute et la recherche d’une compréhension concrète du monde physique sont plus sages. Il considère que la métaphysique plonge les hommes dans l’angoisse et les éloigne du bonheur terrestre.

En matière de religion, Voltaire défend l’idée d’un Dieu déiste, un “horloger” qui a créé le monde, mais il rejette les religions révélées qu’il juge basées sur des impostures humaines. La morale, pour lui, est essentielle et constitue le fondement de la société, en unissant les hommes.

Voltaire milite pour la tolérance, la liberté individuelle, et la liberté de pensée, de parole et de conscience. Il estime que chaque personne doit être libre tant qu’elle ne nuit pas aux autres, et il dénonce les injustices sociales, comme l’esclavage et le servage. Il critique également les abus de pouvoir, tels que les lettres de cachet.

En politique, Voltaire est favorable à la démocratie, mais seulement pour les petits États. Il rejette le droit divin des rois et rêve d’un “despote éclairé”, un monarque éclairé par la raison, qui devrait limiter ses pouvoirs. Il préconise un gouvernement constitutionnel avec des ministres compétents, capables de favoriser le bonheur des sujets, d’encourager l’agriculture, de répartir équitablement les impôts et de promouvoir les arts et la culture.

Enfin, Voltaire voit la civilisation comme étant liée au luxe, qu’il considère comme nécessaire. Il exprime toutes ces idées dans un style clair, souvent ironique, qui allie esprit et critique acerbe.

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Candide (1759) de Voltaire

Dans Candide, Voltaire explore la question du mal et de la conciliation entre son existence et la bonté divine. Initialement, il adhère à l’optimisme de Leibnitz, qui soutient que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Selon cette philosophie, Dieu, bien que ne pouvant créer un monde parfait, a fait en sorte que le mal soit limité pour permettre la distinction du bien. La Providence organiserait le monde de manière à ce que chaque mal soit compensé par un bien supérieur.

Cependant, le désastre de Lisbonne (1755), où un tremblement de terre dévaste la ville, fait 30 000 victimes et provoque une seconde secousse, bouleverse cette vision. L’événement choque profondément Voltaire, qui remet en question l’optimisme. Il voit le mal omniprésent dans le monde, frappant aussi bien les innocents que les coupables. Ce cataclysme conduit à une évolution de sa pensée vers le pessimisme et à son rejet de la philosophie optimiste de Leibnitz.

En réponse à l’attaque de Rousseau (qui défendait la Providence) après la publication de son Poème sur le désastre de Lisbonne, Voltaire écrit Candide en 1759. Ce livre, qui critique l’optimisme, est un conte philosophique qui met en scène un jeune homme, Candide, qui voyage à travers le monde et rencontre une série de malheurs et de tragédies. Voltaire y tourne en dérision la philosophie de Leibnitz, prouvant que “tout est bien” est une illusion. Le livre attaque non seulement l’optimisme, mais aussi la Providence et les institutions religieuses et politiques de son époque.

Le prénom Candide reflète le caractère du personnage, crédule et naïf, et le sous-titre L’optimisme met en lumière la satire de Voltaire contre cette vision du monde. Candide devient ainsi un moyen pour Voltaire de dénoncer l’absurdité du mal et l’inefficacité de la philosophie optimiste.

Ce livre marque également la fin de l’amitié entre Voltaire et Rousseau, et le début d’une rivalité philosophique entre les deux. Les deux écrivains décèdent la même année, en 1778, et sont enterrés au Panthéon, leurs cendres réunies malgré leurs querelles.

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Résumé de Candide (1759)

Les aventures de Candide commencent dans le château d’un baron en Westphalie, où il est élevé par son précepteur Pangloss, qui lui enseigne que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Candide tombe amoureux de Cunégonde, la fille du baron, mais est chassé du château. À partir de ce moment, il subit une série de malheurs : enrôlé de force dans l’armée, il échappe à un massacre en guerre et arrive en Hollande. Là, il retrouve Pangloss, qui lui enseigne toujours son optimisme. Ensemble, ils se rendent à Lisbonne, juste au moment du tremblement de terre de 1755. Après le désastre, ils sont victimes de l’Inquisition. Candide continue de voyager à travers l’Europe, l’Amérique du Sud et la Turquie, vivant diverses épreuves et retrouvant Cunégonde et Pangloss à différentes étapes.

Après avoir vécu tant de souffrances, Candide achète une petite ferme et y cultive son jardin, trouvant ainsi un sens au travail et à la vie. Il comprend que le travail est essentiel au bonheur, car il éloigne l’ennui, le vice et le besoin.

Philosophie et satire

Candide est une satire de l’optimisme de Leibnitz, incarné par Pangloss, qui est présenté comme une caricature. Voltaire critique également la religion, en dénonçant les abus du clergé, l’alliance de l’Église et de l’État, l’Inquisition et l’esclavage justifié par la foi. Il propose une religion déiste, naturelle, sans hiérarchie ni rituels, et soutient que l’homme doit chercher son bonheur lui-même, sans se perdre dans des spéculations métaphysiques.

Voltaire attaque aussi l’injustice, la guerre, les superstitions, et l’arbitraire. Il plaide pour un régime politique similaire à celui de l’Angleterre, avec une monarchie parlementaire et un roi éclairé qui veille à l’éducation de ses sujets.

Conclusion morale

Le message de Voltaire n’est pas simplement négatif. Bien qu’il dénonce le mal et l’imperfection du monde, il encourage à améliorer la condition humaine par l’action. “Cultiver son jardin” ne signifie pas se résigner, mais œuvrer pour rendre le monde meilleur. Voltaire invite l’homme à prendre son destin en main et à chercher le bonheur dans la vie terrestre, plutôt que d’attendre des miracles divins.

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La critique de la religion chez Voltaire, Diderot et Rousseau

Au XVIIIe siècle, un changement se produit dans la vision de la religion. La raison humaine devient centrale, avec l’idée que l’homme peut atteindre le bonheur par la raison, souvent au détriment de l’autorité divine. Bien que les libertins et les libres-penseurs du XVIIe siècle aient amorcé cette évolution, les philosophes des Lumières réduisent l’importance de Dieu pour expliquer le monde. La raison devient sacrée, car elle montre la grandeur de l’homme, mais elle a aussi ses limites. Voltaire, tout au long de sa vie, combat la métaphysique inutile et préfère se concentrer sur le bonheur terrestre, que les spéculations religieuses dépassent.

Voltaire et le déisme

Contrairement aux encyclopédistes athées, Voltaire croit en Dieu, mais d’une manière différente. Selon lui, le monde est une “machine”, une horloge, et il faut admettre l’existence d’un horloger pour expliquer son fonctionnement. Il pense aussi que Dieu est utile à la société, car la croyance en Dieu peut inciter les gens à être plus moraux, à éviter le vol et à respecter les règles sociales. Cependant, Voltaire pense que Dieu n’intervient pas dans les affaires humaines et ne participe pas au bonheur de l’homme. La prière est inutile, car Dieu ne l’écoute pas ; l’homme doit compter sur sa propre raison pour assurer son bonheur.

Diderot et le matérialisme

Diderot, en revanche, exclut l’existence de Dieu, estimant que la présence du mal dans le monde rend impossible l’existence d’un Dieu bienveillant. Pour lui, la croyance en Dieu est un obstacle au bonheur et à la morale, car elle entretient la peur et détourne l’homme de la raison. Il prône l’émancipation de l’homme de cette crainte irrationnelle.

Rousseau et la Providence

Rousseau, à l’opposé de Diderot, croit en la Providence, la croyance que Dieu a organisé le monde en vue du bonheur humain. Pour lui, l’existence de Dieu est prouvée par la beauté de la nature et par le sentiment intérieur de l’homme. Il voit Dieu dans l’harmonie de l’univers et dans les émotions personnelles. Rousseau met l’accent sur le cœur, alors que Voltaire privilégie la raison. Il défend une forme de tolérance religieuse et considère que, bien que les religions soient nombreuses et parfois contradictoires, catholiques et protestants devraient se considérer comme frères.

En résumé, la critique religieuse au XVIIIe siècle varie selon les philosophes. Voltaire défend un déisme utile à la société, Diderot rejette Dieu pour son incompatibilité avec le mal, et Rousseau voit dans la Providence une force bienveillante et harmonieuse.

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Projets de gouvernement au XVIIIe siècle

Au XVIIIe siècle, l’ascension de la bourgeoisie et l’incapacité des règnes de Louis XV et Louis XVI à résoudre les problèmes financiers ont provoqué un intérêt croissant pour les réformes politiques. La bourgeoisie, enrichie par le commerce, réclame des libertés économiques et politiques, souhaitant échapper à l’absolutisme royal. Les philosophes des Lumières, bien qu’ils ne remettent pas en cause l’existence de l’État ou de la monarchie, critiquent le pouvoir arbitraire du roi et le droit divin de la royauté. Ils appellent à la réforme des institutions pour permettre une meilleure gouvernance.

Les projets de gouvernement des philosophes des Lumières

1. Montesquieu : Dans L’Esprit des lois, Montesquieu plaide pour la séparation des pouvoirs, divisant le gouvernement en trois branches : législatif, exécutif et judiciaire. Il estime que “Partout le pouvoir doit arrêter le pouvoir”, et prône un parlement composé de nobles. Il défend un modèle modéré, avec des mécanismes pour limiter l’absolutisme du pouvoir royal.

2. Voltaire : Comme Montesquieu, Voltaire défend l’idée d’une monarchie parlementaire. Dans Lettres philosophiques, il admire les institutions anglaises, notamment la monarchie constitutionnelle et un parlement qui limite le pouvoir du roi. Il espère que la France adopte un système similaire, plus modéré et libéral, où le roi serait lié par des lois.

3. Diderot : Diderot remet en question l’autorité de la monarchie absolue et du droit divin. Il croit que la soumission à un seul homme est contraire à Dieu et milite pour une autorité fondée sur le consentement des gouvernés. Comme Voltaire, il admire le modèle anglais, où l’autorité est plus respectueuse des libertés individuelles.

4. Rousseau : Dans Le Contrat social, Rousseau introduit la notion de “volonté générale”, qui devient la base de sa conception de la démocratie directe. Il défend l’idée que le peuple, en tant que souverain, doit exprimer sa volonté à travers la loi. Il reconnaît que cette forme de gouvernement nécessite des citoyens vertueux, prêts à agir pour le bien commun. Pour Rousseau, la démocratie directe est la forme idéale, mais elle est difficile à réaliser sans une éducation politique des citoyens.

La supériorité des institutions anglaises selon Voltaire

Dans ses Lettres anglaises, Voltaire compare le système politique anglais aux institutions romaines et les trouve supérieures, car elles protègent les libertés fondamentales. Selon lui, l’Angleterre a su limiter le pouvoir des rois, évitant l’absolutisme et créant un système équilibré où le roi et le parlement se partagent le pouvoir, à la différence des Romains qui étaient divisés entre nobles et plébéiens sans équilibre. Voltaire admire aussi l’esprit libéral des Anglais, qui ont su défendre leur liberté tout en respectant celle des autres nations, et leur habileté à gérer leurs révolutions pour instaurer des lois justes.

En résumé, les philosophes des Lumières prônent des réformes politiques visant à limiter l’absolutisme et à garantir les libertés individuelles. Montesquieu, Voltaire, Diderot et Rousseau présentent différents modèles de gouvernance, allant de la monarchie constitutionnelle à la démocratie directe, tous influencés par l’exemple anglais.

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Jean-Jacques Rousseau (1712-1778)

Sa vie

Jean-Jacques Rousseau est né à Genève en 1712, dans une famille protestante.

Sa mère meurt à sa naissance, et il est élevé par son père, un horloger peu impliqué. Il est mis en pension puis en apprentissage chez un graveur, mais son comportement rebelle le mène à fuir et à se réfugier chez Mme de Warens à Annecy, qui le fait baptiser catholique. Rousseau mène une vie errante avant de s’établir à Paris où il s’associe aux encyclopédistes et écrit des articles. Il est célèbre dès 1750 avec son Discours sur les Sciences et les Arts, suivi de son Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes (1754), dans lequel il critique la société et ses injustices.

En 1758, il écrit La Nouvelle Héloïse, un roman élogieux de la nature, et en 1762, Le Contrat social et Émile, œuvres fondamentales de sa pensée politique et éducative. Rousseau vit ensuite en exil, entre la Suisse, l’Angleterre et la France, hanté par l’idée d’un complot contre lui. Il meurt en 1778 à Ermenonville, et ses cendres sont transférées au Panthéon en 1794.

Son œuvre et ses idées

Rousseau critique les effets négatifs de la civilisation et du luxe dans Le Discours sur les sciences et les arts, arguant que la société corrompt l’homme, le détournant de la pureté de la nature. Dans Le Discours sur l’origine de l’inégalité, il distingue l’inégalité naturelle, qui n’est pas problématique dans l’état de nature, de l’inégalité sociale créée par la société.

Dans La Lettre à d’Alembert sur les spectacles, Rousseau défend l’idée que le théâtre, au lieu de promouvoir la moralité, est un danger pour l’homme. Avec La Nouvelle Héloïse, il explore les tensions entre amour et devoir. Émile, un roman pédagogique, expose ses idées sur l’éducation, favorisant un développement naturel et libre de l’enfant.

Dans Le Contrat social, il affirme que la liberté et l’égalité sont des droits naturels, mais que la société les a dénaturés. Il propose un nouveau pacte social où tous les citoyens participent à la création de la loi, garantissant ainsi la liberté collective et individuelle.

Rousseau, dans ses dernières œuvres comme Les Confessions et Les Rêveries du promeneur solitaire, cherche à se justifier et à se montrer sous son vrai jour, admettant ses défauts, ses remords et sa difficulté à vivre en société. Il voit dans la nature une manifestation de la puissance divine, rejetant la révélation, le péché originel et l’enfer, mais affirmant sa croyance en Dieu à travers la beauté naturelle.

Sa pensée dominante est que l’homme, naturellement bon et heureux, est perverti par la société.

Rousseau n’a jamais envisagé un retour à la vie primitive, mais il critique la société moderne pour ses effets corrupteurs, appelant à une refondation de l’ordre social pour rendre l’homme à sa liberté originelle.

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Julie ou La Nouvelle Héloïse (1761)

À l’origine, Rousseau avait intitulé son roman Julie, mais il y a ajouté le sous-titre La Nouvelle Héloïse avant de remettre la version définitive à l’éditeur, en référence à la célèbre histoire d’Héloïse et Abélard. Leur passion, bien qu’interrompue par les circonstances, dure toute leur vie, et Rousseau transpose ce modèle dans son propre vécu, notamment avec sa relation amoureuse non réciproque avec Sophie Houdetot, qui reste fidèle au poète Saint-Lambert.

Dans ce roman, Rousseau aborde plusieurs de ses idées : les préjugés des classes sociales, l’idéal d’égalité sociale, le problème de l’éducation des enfants, et l’importance de la nature. Deux thèmes dominent particulièrement le récit et anticipent le Romantisme du XIXe siècle :

1. La passion amoureuse irrésistible et fatale : Julie et Saint-Preux luttent contre leur amour au nom de la vertu. Ce roman met en lumière la lutte interne de ceux qui, tout en légitimant leur passion, comprennent que le bonheur ne peut naître d’un amour coupable. Rousseau, en créant ce récit, condamne la dépravation des mœurs de la société de son époque tout en exaltant les vertus familiales.

2. L’amour de la nature : Le cadre du roman, autour de Genève et du lac Léman, devient un véritable protagoniste. Il accompagne les émotions des personnages, représentant la pureté et la consolation. La nature, dans ce roman, est un refuge et un moyen de trouver du confort et de la paix intérieure, anticipant les thèmes romantiques de la littérature du XIXe siècle.

HISTOIRE

L’histoire raconte l’amour impossible entre Julie, une jeune noble, et son précepteur, Saint-Preux, une relation condamnée par les différences sociales. Après plusieurs années, lorsque leurs vies ont pris des tournants différents, Julie, mariée et mère de deux enfants, retrouve Saint-Preux. Leur passion, bien qu’apaisée, demeure intacte. Lors d’une promenade près du lac, le fils de Julie tombe à l’eau, et Julie se jette pour le sauver, mais cet accident lui apparaît comme une punition divine pour son amour passé. La chute dans l’eau provoque un refroidissement qui la rend malade, et elle meurt après avoir écrit une lettre à Saint-Preux, lui avouant son amour éternel et accueillant la mort avec joie, espérant que sa passion soit restée vertueuse.

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Les deux Discours (1750 et 1755)

Dans ses deux Discours, Discours sur les sciences et les arts (1750) et Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes (1755), Rousseau développe une critique profonde de la civilisation et de ses effets sur l’humanité.

Le Discours sur les sciences et les arts (1750)

Rousseau, en réponse à la question du concours de l’Académie de Dijon, soutient que le progrès des sciences et des arts n’a pas contribué à l’amélioration des mœurs, mais a plutôt corrompu l’homme. Il défend l’idée que l’homme est naturellement bon et heureux, mais que la civilisation l’a perverti. La société, par ses excès et le luxe, a détourné l’homme de sa simplicité originelle et a détruit son sens moral et religieux. Rousseau utilise des exemples historiques, comme la décadence de Rome, pour montrer que la civilisation, loin de mener à un progrès moral, engendre au contraire la corruption et la perte de vertu. Cette thèse paradoxale, qui va à l’encontre des idées des Lumières, fait de Rousseau une figure controversée et suscite de nombreuses critiques, même si elle le rend célèbre.

Le Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes (1755)

En 1755, Rousseau aborde une nouvelle question de l’Académie de Dijon : l’origine de l’inégalité et sa légitimité selon la loi naturelle. Dans ce Discours, il développe l’idée que l’homme à l’état de nature vivait libre et heureux, satisfaisant ses besoins essentiels dans une vie simple et sans contraintes. Cependant, avec l’introduction de la propriété privée, les hommes ont commencé à se diviser en riches et pauvres, et cette inégalité a généré des conflits et des injustices. Les riches, pour protéger leur richesse, ont créé des lois et des magistrats, instituant ainsi un despotisme qui a pérennisé l’inégalité sociale. Rousseau affirme que cette société est un pacte illégitime, un contrat d’association fait au profit des riches. Il propose de remplacer ce système par un nouveau contrat social, dans lequel le peuple exercerait directement sa souveraineté, une idée qu’il développe plus tard dans Le Contrat social. Ce Discours, bien que radical, ne reçoit pas le prix de l’Académie, car il défie les principes établis de la société et de la propriété.

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Les Confessions (1782-1789)

Les Confessions est une autobiographie de Rousseau qui couvre les cinquante-trois premières années de sa vie, jusqu’en 1765. L’ouvrage est divisé en douze livres, répartis en deux parties distinctes, que Rousseau a lui-même définies.

1. Première partie (livres I à VI) : Cette section couvre les années 1712 à 1740, de la naissance de Rousseau à Genève jusqu’à son installation à Paris à l’âge de 28 ans. Elle décrit ses années de formation, ses premières expériences et sa découverte du monde.

2. Deuxième partie (livres VII à XII) : Rédigée entre 1769 et 1770, cette partie couvre la période de 1741 à 1765, où Rousseau vit à Paris dans les milieux intellectuels, musicaux, et philosophiques. Il décrit ses succès, ses relations, mais aussi les attaques qu’il subit après la publication de Émile, ce qui le contraint à fuir en Suisse. La publication de cette œuvre a lieu posthumement, la première partie en 1782 et la seconde en 1789.

Le titre du livre fait probablement référence aux Confessions de Saint Augustin, publiées au IVe siècle, bien que l’œuvre de Rousseau n’ait pas de valeur religieuse explicite. Cependant, il porte une forte connotation symbolique liée à l’idée de confession et d’aveu. Rousseau y cherche à présenter une image positive de lui-même, se positionnant comme une victime des circonstances, en mettant en avant sa sincérité et son humilité. Il utilise ce texte pour se défendre, plaidant pour sa propre innocence et sa vérité.

Les Confessions est une œuvre marquante de la littérature française, car elle fonde le genre moderne de l’autobiographie, introduisant un regard introspectif et personnel sur la vie de l’auteur, ce qui influencera profondément la littérature future.

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