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2-2-La deuxième phase d’industrialisation (vers 1896-1929)

2-2-La deuxième phase d’industrialisation (vers 1896-1929)

Au tournant du 20 e siècle, l’économie canadienne amorce une deuxième phase d’industrialisation. Celle-ci est marquée par le développement de nouveaux secteurs industriels et l’utilisation de nouvelles sources d’énergie, notamment l’hydroélectricité.

Un contexte favorable

Au début du 20 e siècle, plusieurs facteurs contribuent au développement de l’activité industrielle au Canada.

  • Wilfrid Laurier poursuit la politique protectionniste mise en place par le gouvernement Macdonald en maintenant des droits de douane élevés sur les produits importés.

  • L’arrivée de nombreux immigrants fournit une main-d’œuvre abondante et fait augmenter la demande pour les produits manufacturés.

  • L’essor de la culture du blé dans l’Ouest crée de la richesse dans l’ensemble du Canada. Le blé devient le produit d’exportation par excellence.

  • Le commerce extérieur s’intensifie, principalement avec les États-Unis et le Royaume-Uni.

  • La Première Guerre mondiale entraîne le développement d’une industrie de guerre lucrative. Les usines d’armement tournent jour et nuit pour produire du matériel militaire.

Les ressources exploitées et les principaux secteurs de production

Le Québec, l’Ontario et la Colombie-Britannique sont les provinces qui profitent le plus de cet essor industriel parce qu’elles possèdent une grande quantité de ressources naturelles exploitables.

Au Québec, de nombreuses ressources fournissent les matières premières aux industries. De plus, le territoire est traversé par de multiples rivières à débit élevé qui offrent un fort potentiel hydroélectrique.

Le développement des secteurs industriels

Les principaux secteurs industriels qui se développent au cours de la deuxième phase d’industrialisation sont la transformation des minerais, les pâtes et papiers, l’hydroélectricité ainsi que l’électrométallurgie et l’électrochimie. Ces secteurs connaissent une croissance forte et soutenue.

Au Québec, l’essor industriel au cours de la deuxième phase d’industrialisation est principalement lié à l’exploitation des ressources naturelles comme l’eau, le bois, le cuivre, l’argent, l’or, le zinc et l’amiante. Les régions où se trouvent ces ressources connaissent un essor important.

Le röle de l'État

En 1897, les libéraux prennent le pouvoir au Québec et le conservent jusqu’en 1936. Les priorités économiques sont redéfinies : pour ce nouveau gouvernement, le développement de la province passe par l’industrialisation, la création d’emplois et l’exploitation des ressources naturelles.

Les libéraux mettent donc en place une politique qui s’inspire du libéralisme économique. L’exploitation des ressources naturelles et le développement industriel de la province sont laissés à l’initiative de l’entreprise privée. Toutefois, des mesures sont prévues afin de susciter les investissements et d’attirer les investisseurs étrangers au Québec, par exemple l’octroi de subventions et le développement d’infrastructures.

L’État québécois a intérêt à ce que les ressources naturelles de la province soient exploitées, car il en est le propriétaire. Pour avoir le droit d’exploiter les ressources naturelles de la province, les entreprises privées doivent obtenir un permis du gouvernement, ou lui verser des redevances. Dans les deux cas, l’État québécois en tire d’importants revenus. De plus, si les entreprises privées réalisent des profits en investissant dans l’exploitation des ressources naturelles ou dans le développement industriel, elles créent aussi des emplois qui attirent les ouvriers.

Les investissements étrangers

Les investisseurs étrangers, principalement britanniques et américains, répondent favorablement à la politique du gouvernement libéral du Québec. Ils investissent massivement au Québec, dans des secteurs comme les mines, les pâtes et papiers et l’hydroélectricité. L’apport de capitaux étrangers favorise la construction d’usines ou leur amélioration, ainsi que la création d’emplois.

Le commerce extérieur

La croissance économique que connaît le Canada pendant la deuxième phase d’industrialisation s’explique aussi par une intensification de son commerce extérieur et une diversification des produits exportés. Les besoins des pays étrangers en ressources naturelles contribuent à stimuler le commerce extérieur du Canada.

Le Canada exporte une grande quantité de sa production de pâtes et papiers. C’est principalement vers les États-Unis que ces produits sont exportés. Dès le début du 20 e siècle, le Canada fournit plus de 80 % de la consommation nord-américaine dans ce secteur. La plus grande partie vient du Québec.

Les infrastructures liées aux échanges commerciaux

La nécessité d’un accès aux ressources naturelles et la croissance des échanges commerciaux, notamment avec l’étranger, favorisent le développement des transports. Le réseau ferroviaire s’agrandit, ce qui engendre un essor de la production de matériel ferroviaire.

Grâce à l’exploitation du pétrole comme source d’énergie et aux innovations techniques, le transport des marchandises par des véhicules motorisés apparaît et prend rapidement de l’ampleur. Au Québec, un ministère de la Voirie est créé en 1914. Au fil des ans, les gouvernements québécois et canadien investissent des sommes toujours plus importantes dans les infrastructures routières. Progressivement, un réseau routier se développe et facilite les échanges commerciaux.

D’autres infrastructures liées aux échanges commerciaux subissent des transformations. C’est le cas notamment du port de Montréal, qui devient au début du 20 e siècle la plaque tournante des exportations de blé. En effet, les grains sont acheminés par le réseau ferroviaire jusqu’à Montréal avant d’être exportés par bateau vers les marchés extérieurs. Le port de Montréal est réaménagé afin de répondre aux besoins de ce commerce.

Le capitalisme de monopole

Dans un système capitaliste, les entreprises cherchent à maximiser leurs profits. Au cours de la deuxième phase d’industrialisation, plusieurs entreprises mettent en place deux stratégies pour parvenir à un tel objectif :

  1. Acquérir des entreprises concurrentes afin d’obtenir la mise en marché exclusive d’un produit dont elles peuvent fixer librement le prix.

  2. Acquérir les entreprises auxquelles étaient confiées par contrat les tâches nécessaires à la fabrication d’un produit. Lorsqu’une entreprise assure toutes les étapes de la fabrication du produit (de l’extraction de la matière première à la mise en marché du produit fini), elle n’a plus besoin de partenaires d’affaires.

Ces stratégies conduisent à une situation de monopole. On appelle capitalisme de monopole le système économique associé à ce phénomène.