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Immunite 2 Spe

Introduction à l'immunité spécifique

Présentée par: Ludivine Doridot, Université Paris Cité.Date: 03/10/2024.

Qu'est-ce que l'immunité spécifique ?

L'immunité spécifique, également appelée immunité adaptative, est un type de réponse immunitaire qui permet de cibler des agents pathogènes spécifiques, tels que les virus, les bactéries et les champignons, par le biais de mécanismes complexes et spécifiques. Contrairement à l'immunité innée qui réagit de manière générique, l'immunité spécifique repose sur la reconnaissance précise des antigènes, des substances étrangères qui déclenchent une réponse immunitaire.

Cette forme d'immunité se construit avec le temps et évolue après diverses expositions aux agents pathogènes. Son développement inclut la formation de lymphocytes mémoires, qui assurent une réponse plus rapide et plus efficace lors d'expositions ultérieures au même agent pathogène, rendant la réaction immunitaire plus adaptée et potentiellement plus forte.

Avantages/Inconvénients

Avantages :

  • Protection ciblée : Permet de neutraliser efficacement les agents pathogènes grâce à des réponses spécifiques.

  • Mémoire immunitaire : Les lymphocytes mémoires sont capables de persister longtemps après l'infection initiale, ce qui permet au corps de réagir rapidement et avec une intensité accrue lors de réexpositions.

  • Adaptabilité : L'immunité spécifique peut évoluer pour reconnaitre de nouvelles souches d'agents pathogènes à travers des mutations dans leur structure antigénique.

Inconvénients :

  • Délai de réponse : Contrairement à l'immunité innée qui agit immédiatement, l'immunité spécifique peut nécessiter plusieurs jours pour établir une réponse significative après l'exposition initiale.

  • Échec face à des mutations : En cas de mutations rapides des agents pathogènes, comme celles observées chez les virus à ARN, le corps peut ne pas reconnaître les nouvelles souches, réduisant l'efficacité de la réponse immunitaire.

Fonctionnement du système immunitaire :

Non-soi vs soi

  • Non-soi : Inclut tous les agents pathogènes et substances étrangères, tels que les virus, bactéries, tumeurs, parasites, et agents physico-chimiques.

  • Soi : Comprend les composants organiques de l'individu, comme les cellules et tissus normaux, qui doivent être préservés et reconnus comme tels pour éviter une réaction auto-immune.

Réponse du système immunitaire

  • Réponse humorale : Produite essentiellement par les lymphocytes B. Ces lymphocytes se différencient en plasmocytes qui sécrètent des anticorps. Ces anticorps sont des protéines circulantes spécifiques qui se lient aux antigènes, neutralisant ainsi les agents pathogènes ou les marquant pour leur destruction par d'autres cellules immunitaires.

  • Réponse cellulaire : Impliquant principalement les lymphocytes T, notamment les lymphocytes T cytotoxiques (CD8+) qui peuvent détruire directement les cellules infectées et les lymphocytes T auxiliaires (CD4+) qui aident à moduler et amplifier les réponses immunitaires.

Phases de la réponse immunitaire

  • Immunité innée :

    • Intervient immédiatement (0 à 4 heures après l'infection) et constitue la première ligne de défense.

    • Comprend des barrières physiques (peau, muqueuses) ainsi que des cellules immunitaires non spécifiques faisant partie d'une réaction neutre.

  • Immunité adaptative :

    • Se développe plus lentement, parfois au-delà de 96 heures après l'infection.

    • Spécifique, elle nécessite l'activation de lymphocytes naïfs : après reconnaissance de l'antigène, ces lymphocytes se multiplient (prolifération clonale) et certaines cellules se transforment en lymphocytes mémoires permettant une réponse plus rapide lors de réexpositions.

Cellules de l'immunité adaptative

Organes lymphoïdes

  • Cellules souches hématopoïétiques : Donnent naissance à diverses cellules immunitaires au cours de l'hématopoïèse, se différenciant dans les divers types de cellules immunitaires.

  • Lymphocytes T :

    • Cytotoxiques (CD8) : Éliminent directement les cellules infectées par des mécanismes de cytotoxicité.

    • Auxiliaires (CD4) : Stimulent l'activation et la prolifération des lymphocytes T et B, ajustant les réponses immunitaires.

  • Lymphocytes B : Produisent des anticorps et se différencient en plasmocytes capables de sécréter des anticorps dans le sang et les fluides corporels, facilitant ainsi la neutralisation des pathogènes et des substances toxiques.

Processus d'effectorie

  • CPA (Cellules Présentatrices d'Antigène) : Ces cellules spécialisées captent, dégradent et présentent l'antigène aux lymphocytes T, activant ainsi la réponse immunitaire. Elles jouent un rôle crucial en bridgeant la réponse humorale et la réponse cellulaire.

  • Activation des lymphocytes T : Nécessite l'interaction entre le TCR (T Cell Receptor) des lymphocytes T et le complexe CMH (Complexe Majeur d'Histocompatibilité) sur les CPA, présentant l'antigène spécifique et permettant l'activation des lymphocytes T.

Réponse humorale

Anticorps (Immunoglobulines)

  • Types : IgG, IgA, IgM, IgD, IgE. Chacun ayant des rôles et des localisations spécifiques dans le corps.

  • Fonction : Neutralisation des pathogènes, activation de mécanismes d’élimination comme l'opsonisation (marquage pour les cellules immunitaires) et fixation du complément (ensemble de protéines qui aident à éliminer les microbes en provoquant leur lyse ou en attirant d'autres cellules immunitaires).

  • Production d'anticorps : Déclenchée par l'exposition à des antigènes et s'accompagne d'une commutation isotypique pour produire des types d'anticorps spécifiques en fonction des besoins de l'immunité.

Vaccination : Principes et Histoire

La vaccination est un processus qui stimule activement la mémoire immunitaire et incite le corps à produire des anticorps sans causer la maladie.

Types de vaccins :

  • Vivants atténués : Contiennent des agents pathogènes vivants mais affaiblis pour provoquer une réponse immunitaire sans causer la maladie.

  • Inactivés : Composés d'agents pathogènes tués de manière à ne pas provoquer de maladie.

  • Sous-unitaires : Contiennent une partie de l'agent pathogène, généralement une protéine ou un polysaccharide, qui suscite une réponse immunitaire.

  • Recombinants : Produits par génie génétique et comprennent des protéines spécifiques de l'agent pathogène qui provoquent une réponse immunitaire sans utiliser l'agent lui-même.

Histoire de la vaccination :

  • Edward Jenner : Réputé pour sa découverte du vaccin contre la variole à la fin du XVIIIe siècle. Considéré comme le père de l'immunologie préventive.

  • Louis Pasteur : Connu pour ses travaux sur le vaccin contre la rage et pour avoir établi les principes de la vaccination préventive dans le développement de l'immunité. Il a également découvert le vaccin contre le anthrax.

Conclusion

L'immunité spécifique et la vaccination jouent un rôle crucial dans la prévention des maladies infectieuses. Les avancées en matière de vaccins ont permis de réduire considérablement la morbi-mortalité associée aux infections, permettant ainsi une amélioration de la santé publique à l'échelle mondiale.

Statistiques

  • Nombre de décès évités :

    • Varicelle : 57 879

    • Diphtérie : 60 000

    • Tétanos : 862 000

    • Coqueluche : 600 000

    • Hépatite B : 1 172 500

    • Rougeole : 1 100 000

    • Polio : 650 000

    • Tuberculose : 1 188 476

Cette compréhension approfondie de l'immunité spécifique et de son évolution est essentielle pour le développement futur de stratégies vaccinales efficaces et de traitements anti-infectieux.