Module 1: Un crime, c'est quoi?
Ce module explore la définition complexe de ce qu'est un crime, qui peut être influencée par des facteurs culturels, sociaux et historiques. Il est crucial de reconnaître que la notion de crime ne se limite pas simplement à des actes illégaux, mais est également façonnée par des perceptions et des constructions sociales. Les comportements qui peuvent être perçus comme déviants varient d'une société à une autre et des contextes historiques, ce qui souligne que certains comportements peuvent être criminalisables sans être systématiquement criminalisés par le système judiciaire.
Les questions suivantes guident notre exploration :
Quelles caractéristiques définissent un crime et un criminel?
Existe-t-il des caractéristiques universelles chez les criminels?
Les victimes sont-elles homogènes?
Quel impact les médias exercent-ils sur notre compréhension du crime?
Pourquoi est-il difficile de distinguer ce qui constitue un crime de ce qui ne l'est pas?
Exercices de réflexion pour encourager une analyse critique :
Dresser une liste spontanée de 5 à 6 crimes que vous percevez dans votre environnement.
Identifier les caractéristiques qui sont souvent associées aux criminels dans le contexte canadien.
Une évaluation des comportements potentiellement criminalisables au Canada révèle la diversité et la complexité de la perception des actes :
Nourrir un écureuil
Voler des huîtres
Tentative de suicide
Limer une pièce de monnaie
Posséder de la pornographie
Homosexualité
Se faire passer pour quelqu'un d'autre pendant un examen
Insulter quelqu'un pour ses préférences sexuelles
Lécher un crapaud
Cannibalisme
Les comportements vécus, souvent perçus comme déviants, incluent :
Vol à l'étalage
Relations sexuelles en public
Conduite en état d'ébriété
Vandalisme
Bagarres
Comportements désinhibés en public
Ces réflexions révèlent que certaines actions humaines peuvent qualifier les individus d'« criminels » ou de « délinquants », ce qui complique considérablement l'identification des criminels par rapport aux non-criminels. Les comportements perçus comme déviants ne sont pas toujours soumis à la même rigueur que ceux soumis à la justice pénale.
Le crime est vu comme une interaction dynamique entre l'acte lui-même et la façon dont il est défini par la société. Les normes sociales, qu'elles soient formelles ou informelles, jouent un rôle clé dans la détermination de ce qui devient criminalisable.
Normes Informelles
Non écrites, elles peuvent fluctuer selon le contexte et la collectivité.
Illustre comment les comportements acceptables peuvent changer d'une culture à une autre.
Normes Formelles
Règles codifiées sous forme de lois et règlements.
Comprend à la fois des normes non-étatiques et étatiques.
Quelle est la différence entre des normes non étatiques et des normes étatiques ?
Normes étatiques : Règles établies par les institutions gouvernementales et qui ont force de loi. Elles incluent les lois et les règlements que les citoyens doivent respecter sous peine de sanctions juridiques
Normes non étatiques : Ces des normes informelles non écrites et peuvent varier selon les cultures, les communautés ou les contextes sociaux. Elles peuvent inclure les coutumes, traditions ou des attentes sociales qui régissent le comportement sans avoir de sanctions juridiques.
Les infractions ne deviennent des crimes que lorsqu'elles violent des normes pénales établies par l'État.
Les médias, à travers leur couverture, tendent à sensationaliser les histoires criminelles, créant ainsi des perceptions biaisées. Ils mettent souvent en avant des récits de victimisation sans nuancer les faits, et la tendance à identifier rapidement les coupables peut porter préjudice aux individus concernés. Rarement, les médias rapportent des succès notables dans la lutte contre le crime, ce qui influence maladroitement la perception publique.
Les médias jouent un rôle déterminant dans la formation de l'opinion publique sur la sévérité des peines et des comportements criminels. Des études menées par Roberts et Doob (1990) et Roberts (2012) examinent comment les différentes sources d'information affectent les perceptions.
Réalisée en exposant des groupes à divers types de sources d’information, allant d’un article aux procès-verbaux officiels.
Les résultats mettent en évidence l'impact significatif de la profondeur et de la diversité de l'information sur les perceptions de la sévérité des peines.
Les médias fournissent souvent une couverture sans nuances, renforçant les opinions préexistantes, tandis qu'une exposition plus détaillée permettrait une meilleure compréhension des cas présentés.
Il est important de distinguer entre la criminalité mesurée (enregistrée) et l'activité pénale réelle. Les statistiques criminelles révèlent souvent des problèmes d’érosion dans la déclaration des affaires. Par conséquent, il convient d’analyser ces statistiques avec prudence pour mieux appréhender l’incidence de la criminalité et le fonctionnement du système de justice pénale.
Les statistiques criminelles, bien qu’utiles, sont souvent inadéquates pour saisir la réalité de la criminalité. Il est essentiel de comprendre ces données pour relativiser certains crimes et évaluer le fonctionnement atténué de la justice pénale.