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CHAP2- Suis-je ce que j'ai conscience d'être?

Suis-je ce que j’ai conscience d’être?

notions: conscience, inconscient, liberté, language, (nature)

Intro (façon dissert)

[1er § : accroche = légitimation du sujet] [observation empirique] Ne nous méfions-nous pas naturellement de ce que chacun pense de lui-même? Nous avons tous un(e) ami(e) brillant(e) mais complètement paniqué(e) qui doute de soi constamment et nous avons tous aussi un(e) ami(e) arrogant(e) qui se surestime et clame ses exploits imaginaires. Il est facile de trouver dans la vie quotidienne des exemples qui montrent que la conscience que nous avons de nous-mêmes s’avère être trompeuse. Les psychologues ont montré que l’être humain a tendance à se surestimer dans 3 domaines : l’humour, la conduite (voiture) et l’habillement.

(effet Dunning-Kruger : effet psychologique qui dit que ceux qui se surestiment le + sont souvent les - compétents car ils ne connaissent pas les critères d’évaluation)

[2e § : sujet et reformulation] Il est légitime de se demander si je suis ce que j’ai conscience d’être, c’est-à-dire si la représentation que j’ai de moi-même coïncide réellement avec qui je suis.

[3e § : problématisation] Au premier abord, mon expérience consciente, l'expérience de qui je suis, est de nature privée : personne ne peut faire l’expérience d’être moi à ma place. Je suis donc ce qui m’est le plus familier et cependant le quotidien me révèle des décalages entre ce que je suis et ce que je pense être. En ce sens, la conscience que j’ai de moi-même est-elle une source d’illusions, une représentation imaginaire condamnée à l’inadéquation ou au contraire ma conscience n’est-elle pas la seule voie d’accès immédiate à la vérité de mon être, de qui je suis? Ma conscience, par nature subjective, peut-elle sans contradictions amener à une connaissance authentique, objective de moi-même?

[pas d’annonce de plan car souvent nul]

[dernière partie de la dissert = thèse que nous on défend]

I- la conscience comme intériorité

Les niveaux de conscience

conscience vient de cum scientia = accompagné de savoir

1er niveau de conscience : conscience spontanée

→ présence au monde, à une certaine exp hors de moi

→ sensations, 5 sens

→ commune avec les animaux, enfants en bas âge et êtres humains
dévs

2e niveau de conscience : conscience réflexive/réfléchie/de soi

→ forme + élaborée de la conscience

→ présence à soi en tant qu’être conscient, je suis conscient que je suis une
conscience

→ comme si je me regardais dans un miroir, on est à la fois observateur et
observé, sujet et objet ⇒ DÉDOUBLEMENT DE SOI

conscience peut être altérée, donne lieu à un niveau intermédiaire de soi : la conscience flottante = présence à soi et au monde partielle, on est là mais pas vraiment là

→ avant et après le réveil

→ consommation de substance (drogues, alcool, médicaments…)

→ être dans la lune

inconscience = la perte/interruption de conscience/connaissance

inconscient (psychanalytique) = toujours actif, même quand on est réveillé et conscient.

quand je dis que qqn est inconscient, je dis qu’il ne réfléchit pas avant d’agir et ne prend pas en compte les conséquences et les risques de ses actions.

La conscience comme vérité première (Descartes)

Descartes : XVIIe, mathématicien, physicien et philosophe français → cartésien en maths

Pt de départ de Descartes :constat pessimiste sur nos croyances. Dans notre enfance, on va absorber des opinions, des croyances, mais sans souci de sélection. En conséquence, on a de nbses croyances erronées, fausses ou injustifiées.

opinion (péjoratif) = qqch que l’on croit mais sans savoir pq, sans justification

Comment séparer les croyances vraies de celles fausses? Comment atteindre la certitude?

  • Pour Descartes, l’indubitable est ce dont on ne peut pas douter, ce dont on est certain.
    Le pb c’est qu’on ne peut pas tester toutes nos opinions une à une

    • → certaines ne sont pas réalisables

    • → impossible empiriquement

    • → on ne peut pas avoir de liste exhaustive

⇒ Descartes cherche un raccourci → il va faire exprès de douter de tout. Il fait donc du doute une méthode pour essayer de trouver l’indubitable.

1e étape : le doute méthodique

→ si j’ai l’ombre d’un doute, la moindre raison de douter à propos de quoi que ce soit,
je le rejette

→ comme qqn qui cherche de l’or : si ça se casse avec un marteau alors ce n’est pas de l’or; mais si ça ne casse pas, ça peut en être

  • 1ere catégorie : l’exp sensible : Est-ce que nos sens sont fiables?
    → ils sont faillibles : illusions optiques et auditives, mirages, odorat/goût
    → ex de la taille de la lune, illusions de perspective

illusion de Müller-Lyer

→ ex de Descartes : le bâton droit qui se “tord” dans l’eau

⇒ on ne doit pas croire ce qui vient de nos sens.

  • 2ème catégorie : rêve et réalité : Est-ce que la distinction entre rêve et réalité est sûre à 100% ?

→ je ne peux pas être sûre de ne pas rêver

→ le monde ext n’est pas forcément le monde ext donc on rejette.

→ notre propre corps est remis en cause car il nous vient de nos sens

Matrix

Il existe un truc: les maths = ensemble de vérités intellectuelles abstraites qui ne nous viennent pas de nos sens

2ème étape : le doute hyperbolique

Dans le doute hyperbolique, on utilise l’exp de pensée du malin (=qui veut le mal) génie. On imagine qu’il existe une entité maléfique capable de manipuler mes esprits, de me tromper dans mes croyances pour qu’elles soient fausses. Alors, il pourrait me faire croire que 2+2 = 5. Donc est-ce que les maths sont vraiment sûres??

→ conséquence : on ne peut même plus s’accrocher aux maths

⇒ il ne reste plus rien, on n’a plus d’appuis ou de repères.

Est-ce que le malin génie peut me tromper sur ma propre existence? Me faire croire que je n’existe pas alors que si?

→ évidemment que non, il y a une limite au pouvoir du malin génie. Il peut me tromper sur tout sauf sur moi (mon existence), parce que douter c’est penser et pour penser il faut être, exister.

“Je pense donc je suis” - Descartes (cogito ergo sum)

→ ma conscience de moi est aussi ma 1ere certitude et, qui plus est, je suis aussi
certain de mon essence, de ma nature profonde = ma conscience. Mon essence
est d’être une “res cogitans” = chose pensante

→ étant pure conscience, je peux m’examiner (pour Descartes, toute pensée
est conscience, mes pensées sont transparentes = je sais ce que je pense) : je
peux donc faire mon introspection (“regarder à l’intérieur)

→ se connaître soi-même est facile pour Descartes, il suffit de faire son
introspection, de s’observer. Je n’ai donc pas de pb d’identité, j’ai une sorte
de centre-âme = support de toutes mes pensées.

Pour Descartes, l’âme est décrite comme une “substance immatérielle” → il est dualiste = il considère qu’on a un corps animé par une âme, qui sont séparés, ce n’est pas la même substance

Identité personnelle et mémoire

Cette idée de l’âme comme substance immatérielle est pbmtq

  • contradiction dans les termes, faut choisir soit l’un soit l’autre René

    • substance immatérielle

| |

matière pas matérielle

  • âme et corps liés : comment l’âme peut-elle commander le corps matériel alors qu’elle est immatérielle?

  • idée de l’âme support de l’individu simpliste : il existe des cas qu’on ne peut pas expliquer

→ amnésies (≠ anémie liée au manque de fer!!), exp traumatisantes qui changent la personnalité

⇒ Nouvelle théorie par John Locke

John Locke: philosophe anglais du XVIIe, participe à la rédaction de la constitution des USA, empiriste : tout vient de l’exp sensible.

Pour Locke, notre identité personnelle est liée à notre mémoire. Celle-ci produit, dans le temps, une continuité psychologique.

  • Si on vit un événement traumatisant, on s'en souviendra plus longtemps.

→ Un trou dans cette continuité entraîne des difficultés psychologiques, on a beaucoup de mal à s’en remettre

→ Plus on s’éloigne d’un point dans notre vie, moins il nous ressemble/ moins c’est nous.

Ce n’est pas une continuité physique!

→ exp de pensée de la téléportation, Derek Parfit. On imagine que la téléportation est possible = copie de l’information à l’identique à l’atome près, destruction du corps et envoi de l’info au point B. Tant que ça marche, il n’y a pas de problème car il y a la continuité psychologique. Imaginons qu’il y a un problème au point A, l’info est copiée et envoyée mais je ne suis pas détruite. Je reçois un appel de moi-même du point B. Y a-t-il un moi plus authentique que l’autre?
→ On a 2 personnes distinctes car 2 souvenirs différents donc 2 continuités différentes : dans une version de moi-même, la téléportation a fonctionné mais pas chez l’autre.
→ ex de Dr Jekyll / Mr Hyde de L'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde, Stevenson : dédoublement de la personnalité. Dr Jekyll et Mr Hyde ont chacun leur propre continuité psychologique, ils ne partagent pas de souvenirs et n’ont pas de connaissances en commun, mais ont un même corps ⇒ le corps n’est pas le cœur de l’identité perso.

Black Mirror, épisode “San Junipero”

→ problème 1 : notre mémoire n’est pas fiable : je ne me souviens pas de tout mais en plus j’ai des souvenirs faussés, qui sont dépendants de comment on se sentait la dernière fois qu’on s’en est rappelé.

→ problème 2 ( le + imp) : les souvenirs se donnent de manière chaotique (→ madeleine de Proust) alors que l’on a un rapport à notre existence plus complexe et organisé

→ structure de notre vie comme un récit narratif

La structure narrative de l’identité personnelle

La théorie de Descartes ne répond pas à la question “Qui suis-je?” mais plutôt à “Que suis-je?” (une chose pensante etc.)

On se tourne alors vers la théorie de Locke de la mémoire et de la continuité psychologique, mais celle-ci est insuffisante car la mémoire est faillible et l’identité personnelle est plus complexe que simplement des souvenirs.

Ricoeur (philosophe français du XXe) veut dépasser les deux théories en redéfinissant l’identité. Il existerait alors de possibilités de l’identité : l’idem (la mêmeté) et l'ipséité (l’identité pour les personnes [?] ) (ipse = soi)

  • l’idem : ce que qqch est, sa composition et sa résistance au changement ⇒ capable de rester identique à soi-même [?]

  • l’ipséité : un être humain accumule du vécu, fait des expériences et en conséquence, parvient à rester le même (les exps passées ne sont pas annulées) mais à changer en même tps (car nouvelles exps)

Pour Ricoeur, on fait un récit, une histoire, de ce vécu. Notre vie est alors un ensemble de petits récits pour décrire nos expériences qui vont former une grande histoire. C’est une série d’aventures qui arrivent à un protagoniste principal en interaction avec des personnages et un environnement ⇒ sorte d’intrigue.

→ cela nécessite un début, un protagoniste (nous lol), une plage de temps et des évènements.

→ par la mise en récit, on donne une cohérence à notre vécu.

→ mes souvenirs n’ont pas la même imp, on sélectionne les exps marquantes et éliminer d’autres souvenirs. Ainsi on peut se rendre compte de la personnalité de qqn au vu de comment il raconte sa vie : un égocentrique va supprimer ses erreurs tandis qu’un timide va les mettre en avant

Ce récit participe à la construction de notre personnalité. Il n’y a pas de contrainte d’objectivité, donc il y a toujours une part de créativité car on peut inventer des trucs [?]

⇒ si je comprends cette structure narrative, je peux écrire le récit de ma vie et me mettre en position d’acteur plutôt que de spectateur [?].

⇒ Il y a donc une part de création réelle.

⇒ en suivant Ricoeur, plutôt que de dire “je pense donc je suis”, il faudrait dire “je me raconte donc je suis”.

“L’histoire d’une vie ne cesse d’être refigurée par toutes les histoires véridiques ou fictives qu’un sujet se raconte sur lui-même. [...] en ce sens, l’identité narrative ne cesse de se faire et de se défaire” - Ricoeur, Temps et Récit

→ notre identité est toujours en construction, le sujet n’en a jamais fini de se raconter et de se construire au fil des exps.

Et si certaines choses sur moi m’échappent? Et si je n’ai pas conscience de mes motivations profondes? N’y aurait-il pas une méthode pour y avoir accès? A-t-on accès à tout notre esprit, à la totalité de notre psychisme? N’y a-t-il pas des choses en moi qui me sont cachées?

II- Ne suis-je pas aussi mon inconscient?

L’inconscient psychique

L’hypothèse de l’inconscient - contexte historique (hystérie et hypnose)

Au cours du XIXe, La science la médecine sont dites “matérialistes”

matérialisme ≠ obsession d'acquisition de bien matériels

mais = on Considère qu'il n'existe que des causes physiques = matérielles (matière) dans le monde

Or à l'époque on pensait qu'il ne pouvait pas exister de troubles mentaux : une lésion physique serait la seule explication

→ problème : au XIXe il y a de plus en plus de cas inexplicables qui apparaissent comme des cas d'aphasie (= perte de la parole), de cécité (= perte de la vue) → les médecins font des examens et voient qu'il n'y a pas de lésions.

→ Émergence du concept d'hystérie = comportement où les gens sont pris par des convulsions et ont des comportements irrationnels
développement de l'hypnose → bouleversement

→ Charcot (grand médecin) montre que l'hypnose permet de faire disparaître certains troubles sous hypnose mais quand celle-ci prend fin, ils reviennent; pareil pour créer des troubles

→ prise de conscience que ce ne sont pas des cas organiques mais qu’il existe des troubles purement mentaux.

hystérie : problème d’origine psychologique qu’on ne peut pas trop expliquer

→ nouveau mot = névrose

Le cas de Anna O.

Elle consulte un spécialiste de l’hypnose : Joseph Breuer (poto de Sigmund Freud). Elle a oublié l'allemand, sa langue maternelle et n'arrive plus à boire de verre d'eau (s'hydrate avec des fruits et des soupes) → pas de cause physique

Sous hypnose, elle arrive à boire mais quand elle “revient” elle ne peut plus. Elle propose alors d’essayer de revenir au traumatisme. Après avoir retrouvé le souvenir, elle arrive à boire et est donc libérée du trouble : elle avait vu sa servante donner à boire à un “affreux petit chien” dans un verre pour humains et ça l’a tellement dégoûtée que ça l’a traumatisée. Elle a cependant effacé le souvenir sur le coup. De plus, elle avait perdu l’allemand à la mort de son père à qui elle l’associait.

⇒ cette technique a été appelée la TALKING CURE = thérapie par la parole,
remonter aux traumas

⇒ apparition de la psychanalyse

→ conséquences : Freud fait l’hypothèse d’un inconscient psychique : il y aurait une partie de nous à laquelle on n’aurait pas accès.

Freud: philosophe autrichien de la fin du XIXe mais surtout du début du XXe, fondateur de la psychanalyse

“Le psychique ne coïncide pas en toi avec le conscient : qu'une chose se passe dans ton âme ou que tu en sois de plus averti, voilà qui n'est pas la même chose” - Freud,”Une difficulté de la psychanalyse”.

→ il se passe en nous des choses à notre insu

→ opposition à Descartes

La métaphore de l’iceberg

Le contenu du psychisme : pulsions et refoulement

Selon Freud, l’élément le plus important dans le psychisme est la pulsion. Elle a 2 propriétés

  • 1- c’est d’abord un quantum d’affects, une certaine quantité d’énergie, une certaine tension

  • 2- elle a un représentant pulsionnel = image/objet associé à la pulsions

Il y a 3 types de pulsions

  • liées à la nutrition du corps (manger et boire)

  • liées à la sexualité = libido

  • liées à l’agressivité 👀

Le mécanisme central du psychisme: le refoulement

refoulement = forme de censure bloquant l’accès à certains contenus de l’exp à la conscience.

Le refoulement ne peut que bloquer le représentant pulsionnel. Le quantum d’affect continue néanmoins à circuler et crée un trouble appelé névrose = “retour du refoulé” = manifestation du quantum pulsionnel

→ dans le cas de Anna O. , c’est l’absence lorsqu’il faut boire dans un verre

→ lorsque l’on connaît la cause de cette névrose, on peut canaliser et libérer la tension. Mais lorsqu’il y a refoulement, on ne sait pas pourquoi on a cette tension donc on ne peut pas s’en débarrasser.

La structure du psychisme : le ça, le moi et le surmoi

Freud essaye de comprendre comment fonctionne notre esprit. Il distingue 3 instances = fonctions de notre esprit, de notre psychisme et non pas des zones ou des entités!

inconscient = subconscient

LE ÇA 👹

= la plus grande partie de l'inconscient = là où les pulsions trouvent leur origine

  • Le ça est aveugle et irrationnel, il est amoral, il n’a pas de considération morale. Il est mu par le plaisir = ce qui libère la tension, ce qui épuise cette énergie ⇒ plaisir = seul moyen de baisser la tension ou l’agressivité.

  • Le ça est entièrement dirigé par le principe de plaisir (la 1ere option étant la baise et la 2e étant le sucré)

  • La frustration vient du refoulement (instantané [?]) mais aussi simplement de la vie en société qui implique des règles et par conséquent des contraintes.

LE MOI

= la conscience = le centre de contrôle qui contient la raison

  • extérieur à la morale, mais veut s’assurer de la satisfaction à long terme

  • Il est rationnel et stratégique, il est “intelligent”, il essaye d’accorder les pulsions avec le contexte extérieur, de nous satisfaire en respectant les règles. Il est égoïste, il veut nous satisfaire que NOUS.

  • dirigé par le principe de réalité

⇒ lutte constante entre ça et moi

LE SURMOI 🌀

= conscience morale = “arbitre”

  • stocke règles et principes, même à notre insu

  • entre “ça” et “moi” : il a une partie consciente et inconsciente

    • règle consciente : règlement intérieur, code de la route, ne pas faire de bruit dans une bibliothèque

    • règle inconsciente : remarques des parents (“ne fais pas ci, ne fais pas ça, c’est
      bien/ pas bien)
      masculinité toxique (“les mecs les vrais ça pleure pas”)
      règles de tenue pour une fille (“toujours être agréable, µ polie, sourire…)
      pression pour ne pas ressembler à certains stéréotypes d’une
      ethnie personnelle
      homophobie : “aimer qqn du même sexe c’est cOnTrE
      nAtUrE”

→ coming out tardif : on accepte pour les autres (règle consciente) mais pas pour nous (règle inconsciente) → thymothy askip

⇒ le surmoi peut avoir des règles contradictoires

L’individu n’est pas seulement plus moral qu’il ne le croit, il est aussi plus moral qu’il ne le sait” - Freud

→ on a intériorisé des règles sans même le savoir

→ quand pulsion ou désir opposé à une règle/interdit du surmoi, alors le surmoi va refouler la chose → on ne sait même pas qu’on a ces pulsions

→ “mon grand père était beau quand il était jeune” → rêve honteux →
fantasme car refoulement du rêve

→ désir de trucider qqn à la hache refoulé car surmoi dit “non c’est pas bien”
et “non t’es pas agressive” (askip) et “non t’es pacifiste la violence c’est pas
cool”

→ Anna O. refoule d’avoir possiblement bu dans le même verre que le chien
donc quand elle arrive pas à boire c’est que le surmoi la “protège”

→ les psychopathes ont un “moi” très fort et un surmoi avec peu de règles assimilées donc les désirs ont une action directe. Même généralement, en dehors des films, les psychopathes sont souvent des mecs un peu nuls (genre ceux de nd), souvent moins intelligents et sans empathie.

⇒ Le surmoi censure les pulsions pour protéger le moi, notre intégrité et notre stabilité émotionnelle (pcq dcp si on fait qqch de mal et ça nous donne une mauvaise image de nous ça nous inspire le dégoût et donc ça nous défonce la santé mentale)

Il contient l’idéal du moi = représentation idéale/normative de nous-mêmes

Pour Freud, la morale est acquise et relativiste : il n’y a pas de morale universelle absolue mais que des règles des sociétés, de leurs cultures et de notre place dedans.

LA SUBLIMATION

Comment supporte-t-on la frustration?

Pour Freud, on est capable de détourner l’énergie des pulsions (surtout libido) vers des actions socialement acceptables qui font partie de la culture.

→ tout ce qui est artistes, sportifs, scientifiques obsédés par la vérité et philosophes viennent de là

⇒ toutes mes activités viennent de l’énergie de mes pulsiosn

Mais la sublimation par la culture crée des injustices : l’accès à ces activités culturelles est très inégalitaire, et en conséquence, certaines personnes sont plus frustrées que d’autres et arrivent moins bien à gérer cette frustration

⇒ en fonction de l’éducation, la sublimation se fait à différents niveaux : les classes sociales supérieures et plus éduquées subliment plus facilement.

→ confinement : moins difficile si on a une grande maison avec un grand jardin, un cheval et un home cinéma, mais plus difficile pour les classes sociales plus défavorisées et donc les personnes dans les quartiers populaires avaient tendance à moins respecter le couvre-feu.

→ Freud dit que cette inégalité donne un risque d’instabilité sociale → on demande à une partie de la population de supporter la frustration sans la contrepartie de la sublimation.

Le rêve (nocturne) est aussi une forme de sublimation : quand on dort, le surmoi est moins actif donc laisses passer plus de choses tant qu’elles sont codées / représentées symboliquement

→ ex du petit Hans : le petit Hans doit ramener des cerises toute la journée à des invités sans avoir le droit d’en manger → il rêve de cerises la nuit

→ ex de la femme et de l’enterrement : une femme a un rêve récurrent qu’elle assiste à l’enterrement de son 2e neveu après que le premier soit mort. Bien sûr, elle est très triste pour la mort du 1er et ne souhaite pas la mort du 2e qu’elle aime beaucoup. Le motif : à l’enterrement du 1er elle a flashé sur qqn de présent là bas qu’elle ne connaît pas, donc un 2e enterrement permettrait de le revoir

Autres phénomènes de l’inconscient : le lapsus et l’acte manqué.

  • Le lapsus

lapsus : erreur de langage involontaire qui révèlerait nos vrais désirs

→ un juge qui arrive et qui dit “la séance est close” au lieu de ouverte
→ un élève qui appelle sa prof “maman” au lieu de Madame

  • L’acte manqué

acte manqué : quand on se donne consciemment une tâche et qu’on y échoue/ on oublie car on n’a pas réellement envie de le faire

→ toi avec les révisions 🙃

Les 3 formes de névrose

  • 1 - Substitution du représentant pulsionnel : le surmoi enlève l’image du représentant pulsionnel et met une autre à la place : c’est de là que viennent les phobies et les comportements compulsifs comme les obsessions (comme Dom Juan)

→ ex de Jerry Brudos : serial killer obsédé par les talons aiguilles à cause d’un trauma d’enfance

  • 2 - absence de représentant pulsionnel : il ne reste plus que la frustration qui mène à un sentiment d’insatisfaction / angoisse généralisée

l’angoisse n’a pas d’objet précis donc on ne peut pas se rassurer : c’est pour ça que ça dure longtemps
la
peur est matérialisée, on a peur de qqch de précis donc on peut agir dessus.

  • 3 - la psychosomatisation : expression physique d’une détresse mentale

→ crise d’angoisse (tremblements, pleurs, respiration accélérée et mise en difficulté)

→ eczéma qui peut avoir une origine psychologique

→ aphasie

→ Anna O. et son absence lors de boire est aussi un cas de psychosomatisation

→ (rougir de honte : pas psychologique mais même mécanisme)

“Un symptôme névrotique est l'expression déguisée d’une pulsion refoulée”- Freud

Conclusion: “Le moi n’est pas maître dans sa propre maison” - Freud

→ Pour Freud, la conscience, le moi, c’est la partie secondaire de l'esprit. Tout ce qui est important se passe en moi à mon insu sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit.

→ conséquence philosophique : Pour Freud, il n’y a pas de libre-arbitre, c’est une illusion. Nous sommes déterminés à notre insu par les interactions du ça et du surmoi.

B) L’inconscient social

La société nous détermine aussi énormément à notre insu et en particulier au niveau des désirs. Les désirs sont de nature sociale et collective.

→ mode
→ l’effet Werther, 1774 : publication des Souffrances du jeune Werther par Goethe. Werther y est fou de Charlotte, mais il a un problème : il est fauché. Alors qu’il était sur le point d’enfin parvenir à épouser sa bien-aimée, celle-ci se marie avec un vieux riche. Dcp il se suicide. → déclenche une vague de mecs qui se suicident pour prouver l’amour appelée “effet Werther”, ainsi qu’une vague de meufs qui se suicident pcq ouin ouin personne ne s’est suicidé pour elles (chaud).

Pour Spinoza, les désirs et les émotions sont contagieuses et on a tendance à vouloir faire comme les autres et désirer ce qu’ils désirent

Spinoza : philosophe néerlandais (d’origine portugaise) du XVIIe, moderne

→ consommation ostentatoire, ex d’Adidas en Russie : dans les années 90, Adidas coûtait très cher et devient le symbole des mafieux russes car c’étaient les seuls à pouvoir se les permettre. Mais Adidas envoie en aide humanitaire plein de survêtements donc maintenant c’est la classe populaire qui y a accès dcp mafieux et richous fuient Adidas.

→ same avec Lacoste en France

Pour Spinoza, on ne désire pas une chose pcq elle nous semble bonne en soi, mais on pense que la chose est bonne pcq on la désire. On désire d’ailleurs souvent une chose parce que les autres la désirent

Pour Pierre Bourdieu, nos préférences culturelles et nos comportements sociaux habituels sont le produit de notre classe sociale.

thèse développée de Bourdieu : l’individu a l’illusion que ses goûts culturels et artistiques sont des choix personnels et spontanés qui le définissent , et Bourdieu va donc montrer l’opposé, c’est-à-dire que ces préférences s’inscrivent dans le contexte de stratégie de distinction sociale

→ 2 stratégies:

  • la reconnaissance d’une appartenance

  • la mise à distance/exclusion de l’autre

→ ex : quand on pense à Johnny Hallyday on a le stéréotype du mec blanc tatoué avec un mulet et une moto → fait pense à une classe plus populaire (“beauf”) donc pas forcément très éduquée, ouvrier/garagiste … (tout est une caricature)

Mes goûts sont-ils spontanés? Ou sont-ils influencés par ma classe sociale?

⇒ plus vraiment un choix libre : déterminisme social

→ ex : fan de rap, on a le stéréotype du public jeune (car genre
revendicatif = trait marquant du rap) → rébellion de la société → sentiment de révolte logique pour un jeune (milieu rural) lâché dans une société nulle. Comme si les jeunes faisaient une classe sociale à part qui transcende les générations : musique plus mixe ethniquement parlant (genre associé aux minorités ethniques)

→ ex: musique classique, on a le stéréotype du milieu aisé/éduqué associé à la pratique musicale (maîtrise d’un instrument) et à un certain âge.

→ ex: la culture des 12-18 ans, marquée par un éclectisme : attitude de quelqu'un qui s'intéresse à tous les domaines, ou, dans un domaine, à tous les sujets → éclectisme typique de la classe moyenne : on écoute plusieurs genres musicaux, mais ça ne s’applique pas qu’à la musique. D'ailleurs celle-ci est généralement commerciale

pt commun : on a le même pouvoir d’achat donc une consommation similaire

→ déterminisme lié à l’âge

(ex de la musique utilisé car on parle bcp de ça à notre âge, ça nous permet de nous positionner)

Les goûts sont-ils purement personnels?

→ non, ils dépendent du contexte (âge, classe sociale…)

→ mais si on donne des noms de chanteurs, tout le monde peut connaître (TAYLOR MF SWIFT) mais si on n’aime pas forcément ⇒ choix et goûts dépendent de ce à quoi on a été exposés.

→ nos préférences culturelles se font dans le contexte d’un choix restreint qui ce à quoi on nous expose + l’effet de groupe ⇒ les choix se basent sur l’appartenance sociale et le partage de goûts culturels est un signe de reconnaissance de classe.

→ mais en même temps on se met à distance, on repousse les gens qui sont d’un autre univers (peut-être d’une autre classe sociale) parce qu’on ne partage pas les mêmes repères. Des références précises, sophistiquées vont avoir cet effet de sélection

→ ex : si on va dans une autre famille on va pas forcément connaître les blagues

⇒ mène à l’intégration, inclusion ou exclusion

Bourdieu dit qu’il y a un inconscient de classe → habitus = comportements et préférences propres à une classe sociale donnée

→ touche toutes les dimensions de l’existence (argent, morale, travail, religion…), tout est inclus dans l’habitus

→ la moralité est “typique” de la classe moyenne : les classes supérieures ont des passe-droits et des privilèges alors que celles basses ont tendance à accepter certains délits pour survivre

Dans ce contexte, pourquoi certaines professions culturelles sont vues comme supérieures à d’autres?

→ il y a la haute culture : culture de l’élite, de la classe dominante ( en France = élite parisienne, professions libérales…)

La classe sociale dominante va imposer ses normes culturelles et son idéologie (concept de l’idéologie vient de Marx) à l’ensemble de la société et notamment aux classes inférieures via les médias contrôlés par cette élite mais aussi l’école avec les programmes choisis = culture scolaire

→ cela explique pq la réussite scolaire est corrélée aux PCS = catégories socioprofessionnelles des parents et du capital culturel de ceux-ci (en gros les classes sociales et leurs bagages)

→ des gens tout aussi brillants que nous voir plus ne peuvent pas avoir les mêmes opportunités : on a besoin de connaissances préalables (liées à l’éducation)

⇒ IL Y A UN DÉTERMINISME SOCIAL

idéologie : système de valeurs et de normes qui prétend être universel alors qu’il est en fait l’expression de la vision du monde et des intérêts d’une classe particulière

→ exemple de la méritocratie (coeur de l’idéologie contemporaine dominante) : si on veut, on peut = les différences de statut social et de revenus sont uniquement liés à la quantité d’effort

→ défend les intérêts de la classe dominante : valorisation de l’individualisme contre un engagement collectif et social, mythe de la responsabilité de l’individu (on est entièrement responsable de notre destin), justification du salariat, mythe du self made man, (on peut partir de rien et réussir beaucoup) (ex: Jeff Bezos qui crée Amazon à partir de rien, sauf un prêt de 500 millions de ses parents, Bernard Arnaud qui part des entreprises de ses parents et de sa meuf)

⇒ présuppose l’égalité des chances, or elle n’existe pas

→ paradoxe de l’héritage : c’est les classes aisées qui défendent l’héritage alors que ce n’est pas du mérite ( → T. Piketty propose la mise en commun des héritages, on gagnerait ainsi tous par génération )

⇒ Les discours extrémistes peuvent donc être stratégiques pour élargir la fenêtre d’Overton et donc que des propos qui nous paraissent choquants de base le soient moins car atténués par d’autres encore plus choquants.

BILAN:
La connaissance de soi est si difficile qu'elle est vouée à n'être que partielle. D'un côté, sur le plan psychologique, on ignore une grande partie des activités qui se passent en nous : je ne connais pas mes refoulements, mes règles, mes valeurs intériorisées, je suis déterminé par mes traumatismes passés. Ce déterminisme psychologique met en cause mon autonomie réelle (est-ce que mes décisions sont toutes libres ?)

En plus de ça, on a un niveau social et notre vision du monde et de nous-mêmes est entièrement déterminée par notre classe sociale d'origine jusque dans les préférences culturelles.

Plus encore, je suis à la merci de la classe dominante qui dispose de tous les organes de diffusion (presse, éducation…)

Comment savoir ce qui est véritablement moi et ce qui appartient à la société?

III- L’illusion du moi

La critique de la psychanalyse

La psychanalyse défend une vision déterministe de l’individu.

déterminisme : tout est fait par des relations causales: il n’y a pas d’effet sans cause. De plus, les mêmes causes produisent les mêmes effets.

Sartre s’oppose à ça.

Sartre: philosophe et écrivain français du XXe siècle

Pourquoi est-ce que nous sommes si enthousiastes dans notre acceptation des théories déterministes ? n'y aurait-il pas un intérêt caché ?

Pour Sartre, les explications psychanalytiques nous flattent car elle nous décharge de la responsabilité de nos actions = légitiment tout.
Il défend le compatibilisme qui serait un déterminisme réel (on en voit plus après dans le cours).

Pour Sartre, si je ne crois pas au libre arbitre, je suis lâche.

exemple du mari voulant quitter sa femme : un homme soupçonne sa femme de le tromper, il est obsédé par cette idée. Mais il n'a rien de tangible, ce n'est qu'une impression. Un jour elle revient et il voit que dans sa poche il y a une lettre, il la lit donc pendant la nuit. Cette lettre venait en fait de sa sœur. Bizarrement il est très déçu plutôt que soulagé. Il va voir Freud.

→ Interprétation freudienne : l'homme veut simplement quitter sa femme, il a le désir / l'intention inconsciente de quitter sa femme

→ Cette idée dérange Sartre : est-ce que quelqu'un peut être malheureux
dans un couple sans le savoir ? Est-ce que ça existe vraiment une intention
inconsciente ?

→la notion d'intention inconsciente paraît contradictoire: une intention
est forcément consciente

→ Théorie sartrienne alternative : nous sommes capables de “mauvaise foi” = on est capable de se mentir à soi-même

→paradoxe du mensonge à soi-même : je suis à la fois le menteur et celui à qui
je mens celui qui connaît la vérité et celui à qui on la cache

→ pour Sartre cela est possible grâce au déni

→ Exemple de la jeune femme et du flirt, lettre est le néant, Sartre à la ligne une femme flirte avec un homme. Elle sait qu’il a des intentions physiques mais continue de se faire des films. Quand il lui prend la main, témoin de ses intentions pas intellectuelles quoi, elle est confrontée à la réalité.
→Un flirt est une discussion dans le contexte d'une attirance physique réciproque mais tacite : c'est ce qui fait que le flirt est plaisant, sans attraction physique le flirt perd sa spécificité. Si la nature sexuelle du flirt devient explicite, les deux personnes sont confrontées à un choix qui rompt la plaisance du flirt.

→ Problème : le seul désir physique objectifie et la femme n'est plus un sujet pensant avec une personnalité mais seulement un objet.Ccela est presque humiliant : elle n’est plus respectée comme un individu conscient! (L'objectification peut de plus être désagréable si quelqu'un qui nous aime mais que l'on n'aime pas en retour ou si il y a un vieux mec creepy au coin de la rue qui mate une jeune fille en jupe). La femme parvient cependant à neutraliser l’objectifivcation en rentrant dans le déni et en se faisant des films.

→ Elle est entièrement libre mais sa liberté lui fait peur : elle fait peut-être le mauvais choix et elle devrait alors en accepter les conséquences → la responsabilité, ça pèse, c'est un fardeau : si ça fait mal, c'est de ma faute.

Pour ça nous sommes capables de nous mentir à nous-mêmes et de regarder ailleurs.

Le déni c'est regarder ailleurs, ne pas se confronter à ce que l'on sait pourtant.

Sartre montre que l'on peut se passer de l'hypothèse de l'inconscient.

la femme est au courant que la particularité du flirt est le désir il n'y a pas
d'intention inconsciente.

→de même pour le mari : il doit faire le choix entre rester et être malheureux ou partir
et avoir aussi de la peine. Il n’assume pas sa liberté car elle entraînerait de la peine, il
cherche donc une excuse

⇒notre liberté est source d'angoisse car elle nous rend responsable de nos actes

⇒ Avec la théorie de Sartre, on possède le libre-arbitre

→ Pour Sartre, la théorie psychanalytique de l'inconscient toute entière est une excuse de mauvaise foi qui peut nous déresponsabiliser.

→ Sapolsky, Determined : Neurologue et anthropologue, tentative de réfuter le libre arbitre, la responsabilité est le mérite individuel n'existent pas .

A la recherche du moi

LE MOI PROFOND ET L’AMOUR ROMANTIQUE

  • La conception romantique de l'amour est en fait presque une relation d’âme à âme,une rencontre de deux intériorités qui vont forger un lien qui dépasse toute explication ou caractérisation.

  • Dans l'amour romantique, je connais le moi profond de l'autre, son essence : cela confirme la théorie des âmes sœurs

→ Platon, les androgynes : des gens divisés en deux qui cherchent leur moitié

Blaise Pascal remet en cause cette conception de l'amour en disant :

“Nous n'aimons jamais personne mais seulement des qualités” - Pascal

qualité = caractéristiques : spécificités d'une personne, très distinctif spécifique (qualités comme défauts)

Pascal: physicien, mathématicien, philosophe et théologien français du XVIIe

L’amour transcende-t-il vraiment les qualités?

  • Amour = sentiment de préférence, on préfère être avec quelqu'un que le reste du monde

→ Or pour Pascal nous sommes nos qualités, on n'a pas de moi profond, si on enlève ça on n'est plus rien.Si on retire les déterminations propres à une personne, il nous reste une sorte d'archétype d'être humain, un archétype universel
⇒ on ne peut donc pas être objet d'amour c'est-à-dire un choix préférentiel si on est tous les mêmes

→ Dans ce cas-là, on est comme des oignons : on n’a pas de noyau mais seulement des couches empilées.

LES ARGUMENTS CONTRE L’EXISTENCE DU MOI

  • Argument du bouddhisme : Anatman = on n'a pas de moi

    • On distingue 5 agrégats = caractéristiques en nous : le corps, les sensations, les perceptions, les fabrication mentales (représentations, opinions, règles morales…), la conscience.

      • Le corps ne contient pas mon identité personnelle, ce n'est pas le moi. (cf. téléportation)

      • les sensations sont déterminées par mon environnement et mes organes, donc ce n'est pas mon essence

      • de même pour les perceptions

      • Les fabrications mentales dépendent du vécu (on n'y a pas d'emprise), de notre société ⇒ ce n'est donc pas vraiment quelque chose de personnel

      • la conscience = la présence à un extérieur et à soi (je regarde juste un arbre, je suis là) ⇒ ce n'est donc pas spécifiquement personnel.

Le moi n'est pas dans les agrégats, il n'y a donc rien de personnel en nous, on est juste l'assemblage d'agrégats.

⇒ L'illusion du moi est la propriété émergente de ces agrégats. Cela explique pourquoi on est malheureux dans le bouddhisme. on cherche une essence là où il n'y en a pas, on s'attache alors que rien ne nous appartient et tout est en changement (impermanence)

  • Aujourd'hui le déterminisme dit justement que on est des gènes + la société/ l’environnement. Il n'y a donc rien de personnel. Dans le bouddhisme il y a quand même une marge de liberté car on peut se libérer de l'illusion et donc moins souffrir (mais en même temps il n'y a pas beaucoup de marge car on ne peut pas décider de se libérer)

→ Cette idée est développée par Hume: il est empiriste donc veut sentir son moi,
l'observer. Il essaie donc d'observer ses pensées. Il observe qu'on pense à des choses
particulières

→ Pour Hume, on est dans un flux ininterrompu de pensées particulières, soit
des souvenirs, soit une anticipation du futur. Pour Hume, le moi est introuvable. ⇒ Si le moi est introuvable et on ne peut pas l'expérimenter cela veut dire qu'il n'existe pas ou du moins qu'ON PEUT S’EN PASSER.

Si le moi n’existe pas, d’où vient cette illusion?

D'après Nietzsche, elle vient essentiellement du langage :

  • Le langage est structuré par la grammaire qui nous donne les conditions d'une phrase bien construite. Elle nous impose de toujours relier des verbes (notamment d'action) à un sujet comme support. Or certains verbes n'ont pas de personne qui fasse quelque chose (exemples: il pleut, il fait chaud)fonctionne aussi dans d'autres langues comme l'espagnol ou le roumain car le sujet est mentionné dans la conjugaison.

Nietzsche: philosophe allemand d’origine polonaise du XIXe siècle.

→ Pour Nietzsche nous faisons un saut injustifié du sujet comme fonction grammaticale au sujet comme entité métaphysique (âme) et psychologique (moi)

Est-ce qu'on est les auteurs de nos pensées ? Dans quel contexte émergent les pensées ?

→ Non, on n'est pas les auteurs de nos pensées. Déjà, on ne peut pas se représenter la négation (« ne pense pas à un ours polaire rose » bah perdu)

→ nos pensées sont spontanées (cf. Hume et flux ininterrompu) et il est donc difficile de les contrôler : elles émergent qu'on le veuille ou non en nous.
Alors, plutôt que de dire « je pense » comme si je le faisais délibérément, on devrait dire « ça pense » selon Nietzsche

La conscience comme intentionnalité

Sartre - conscience et intentionnalité - texte

La conscience et le monde sont donnés d’un même coup” = pour avoir qqch il faut qqch, sans monde il n’y a pas de conscience, et il faut que qqn ait la conscience qu’un monde existe pour qu’il existe.

Alors que Descartes pensait la conscience comme un substance = comme un contenant (substance → chose → contenant), et que dans ce contenant se produiraient des pensées, et avait donc la vision de la conscience comme intériorité, Sartre pense qu’il faut changer de paradigme = modèle/représentation de la conscience.

⇒ la conscience n’est pas une chose, pas une substance physique et certainement pas une boîte.

Sartre va reprendre la définition de Husserl (philosophe allemand du début XXe), selon laquelle:
Toute conscience est consciente de qqch” - Husserl

→ la conscience est avant tout présence, et pour être présent à qqch, il faut que ce qqch existe ⇒ La conscience, par définition et par essence, est entièrement tournée vers l’extérieur et le monde. C’est l'intentionnalité de la conscience.

→ métaphore de la gifle : une gifle (=conscience) présuppose qqn à gifler.

→ Pour Sartre et Husserl, la conscience se rapproche davantage d’un geste : c’est ma capacité à me rendre présent à ce qui est hors de moi. De plus, on peut sélectionner notre présence immédiate, ce dont on va avoir conscience = on a conscience de tout mais pas à la même force

→ ex de l’ami dans le café : on donne rdv à un ami dans un café. Quand on y arrive, on le cherche. On ne va pas observer chaque détail individuel de tout le monde autour, toute la conscience est dirigée vers notre ami et tout le reste est annulé ⇒ intentionnalité

⇒ Pour Sartre, on a la capacité de néantiser ce qu’il y a autour de nous.

De plus, la conscience n’existe pas indépendamment des choses vers lesquelles elle se projette (une gifle n’existe pas sans être donnée)....

→ conséquence : séparée des objets, est néant. C’est d'ailleurs parce qu’elle n’est rien qu’elle est capable de se tourner vers absolument tout dans notre expérience.

→ la conscience est projet : elle est toujours lancée au devant de soi, en avant, elle est tournée vers l’extérieur.

→ la conscience réflexive est secondaire pour Sartre (différent de Descartes) car je n’ai conscience de moi que en temps où j’ai un rapport au monde extérieur, mon intériorité est liée à l’extérieur ⇒ la pure intériorité / conscience de soi n’existe pas.

Si la conscience est pur néant, je n’ai pas d’essence ni de nature → je n’ai pas de contraintes ⇒ je suis totalement libre.

L’existence précède l’essence

voir déf essence

Quelle est l’essence de l’Homme? A-t-il une nature, une essence?

De nombreux philosophes ont tenté de définir l’Homme

→ exemple : “l’Homme est un animal rationnel” - Platon

→ dans le christianisme : péché originel : nous sommes des pécheurs, on est naturellement mauvais et tournés vers le vice, on serait biaisés, déterminés.

→ Dès que l’on pense à une nature / une essence, on pose un déterminisme (qu’on peut essayer d’éviter ou non)

Sartre - L’homme est condamné à être libre - TEXTE - L’existentialisme est un humanisme

→ si la conscience est néant, est pure présence, on ne peut pas la définir.

→ cas où l’essence précède l’existence : coupe papier, stylo… toutes les inventions : l’essence du stylo est d’écrire, il est d’abord conçu intégralement pour cette fin avant même d’être produit → c’est son utilité, son but, donc il vient avant son existence. D’ailleurs quand le stylo remplit sa fonction, on le jette.

→ nous, on ne peut pas être jetés si on n’accomplirait pas une fonction, qu’on n’a même pas

→ Pour Sartre, le sujet pensant / conscient n’a pas de fonction à la naissance. C'est à nous de nous inventer des buts : c’est à nous de nous donner un sens à nos vies.

existentialisme : mouvement de Sartre dont le motto est “l’existence précède l’essence”. (Ici, l’existentialisme de Sartre présuppose l’athéisme et l’absence d’absolu)

“L’Homme est condamné à être libre” - Sartre

→ paradoxe de la formule : une condamnation est une privation de la liberté. On ne peut pas ne pas être libre, et on ne peut pas échapper à notre liberté

→ même quand on a un choix à faire, ne pas choisir c’est un choix. On est donc dans une décision libre. On ne peut pas échapper au choix.

→ l’essence de l’Homme est de ne pas avoir d’essence → ne pas avoir de nature → pas de déterminisme → liberté.

⇒ L’essence de l’Homme est la liberté.

Sartre distingue 2 manières d'être, 2 rapports au monde.

L’EN-SOI : le mode d'être des objets, des choses = les choses ont une essence et une définition = nature = fonction

→ identité : a = a. Les choses ce qu’elles qu'elles sont, elles sont entièrement
dans l'être [...] Elles n'ont pas de devenir ou de besoin de se réaliser.

LE POUR-SOI : le mode d'être de la conscience, caractérisé par l'absence d’essence, de définition, de nature, de fonction prédéterminée → conscience = néant = rien donc elle est tournée vers les possibles = le devenir = ce qui change.
→ Elle n'est jamais identique à elle-même, elle n'est jamais dans l'identité, elle n'est
jamais dans la coïncidence à soi.

→ le pour soi déborde toutes les catégories et attributions des identités

→ « vous êtes des lycéens » : vrai maintenant mais progressivement on ne l'est plus → on ne peut pas nous figer

→ exemple du garçon de café de Sartre : un garçon de café joue son rôle de manière excessive et essaye de ne faire qu’un avec cette fonction (toujours trop de formules de politesse, jargon...)

L'absence d'identité et la liberté produisent une situation d'angoisse car on est toujours en dialogue avec soi-même (je suis X mais j'en déborde toujours)

Pour Sartre, le pour soi rêve de se faire en soi = la conscience rêve de se faire chose. On veut se définir grâce à des catégories qui vont nous donner une certaine solidité.

→ je nie ma liberté et donc potentiellement celle des autres en imposant des normes

→ quand on nie notre liberté on débouche sur 2 attitudes :

→ les excuses de mauvaise foi : → s'applique à moi seulement

« ce n'est pas de ma faute j'ai toujours été nul en maths »

→ mauvaise foi appliquée aux autres : on devient un « salaud »

salaud : celui qui se prend au sérieux et qui croit qu'il a une mission dans la vie, une essence, une nature et qui pense que cela lui confère des droits. c'est celui qui oublie sa propre contingence, qu'il est le produit de circonstances

→ cela lui permet de se déresponsabiliser

ex : passer devant les autres dans la file en disant désolé moi je suis pressé fermer «

à la ligne

(Sartre parle avant tout de l'élite dominante = capitalistes et bourgeois, mais ce principe s'applique à tout le monde)

Le goût de vivre et cent autres propos - André Comte-Sponville - texte

→ « qu'est-ce qu'un salaud ? »

→ il n'existe pas de salaud absolu car on ne naît pas mauvais (on n’a pas de nature à la naissance donc on ne peut pas être mauvais)

“le salaud, c'est celui qui est prêt à sacrifier autrui à soi, à son propre intérêt, à ses propres désirs, à ses opinions ou à ses rêves. [...] celui qui oublie sa propre contingence, sa propre responsabilité, celui qui est persuadé de son bon droit, de sa bonne foi” - André Comte-Sponville

→ cf égoïste de Schopenhauer un peu

→ l'opposé du salaud n'est pas le saint, l'homme parfait, mais au contraire c'est l'un qui se sait à la fois contingent et coupable (car responsable), qui se sait égoïste et qui essaye de limiter cela

« le salaud et celui qui, pour justifier son existence, feint d'ignorer la liberté et la contingence qui le caractérisent essentiellement en tant qu'homme » - Sartre, La Nausée.

Le problème de la pensée abstraite

Hegel donne l'exemple d'un homme conduit à l'échafaud pour meurtre. Dans la foule qui yassiste, une femme s'écrit “ouais, il est quand même pas mal”. La foule est indignée. Alors, on a réduit le meurtrier à être un meurtrier.

Hegel = philosophe allemand du XVIIIe-XIXe surtout

Pour Hegel, l'abstraction, c'est figer des catégories à tout le monde

L'abstraction a généralement une connotation positive : pour l'individu « de la rue » = simple, l’abstraction, c'est bien et c'est le rôle du philosophe. Mais Hegel veut prouver le contraire.

Pour Hegel, ce sont les foules, les personnes pas éduquées qui pensent de manière abstraite car penser de manière abstraite c'est penser par des catégories / labels /étiquettes que l'on va prendre pour des absolus/ des essences

→ ici on veut réduire l'homme à un acte : le meurtre

→ aujourd’hui catégorisation dans les médias car ça attire les auditoires

Au contraire, le philosophe va chercher plus loin (quelles sont les causes, quels sont sont les autres enjeux... ? )

→ un intellectuel est celui qui cherche à comprendre et pas à condamner. Comprendre ici implique de saisir la réalité concrète.

“Ni rire, ni pleurer , ni haïr, mais comprendre” - Spinoza

La théorie de Hegel rejoint tout à fait la théorie de Sartre selon laquelle il n’y a pas d’identité figée, pas d’essence, pas d’absolu.

CONCLUSION DU CHAPITRE

Dans la plupart des traditions spirituelles, on appelle l'éveil le stade ultime/supérieur de la conscience auquel on accède par un ensemble de pratiques dont le but central est de nous libérer de l'illusion du moi et donc de toute quête d'identité.
Mais en fait, le désir d'identité/ essence, c'est quoi ?

C'est une négation de la contingence et de l'interdépendance de chaque chose : c'est de succomber à la tentation de prendre des catégories abstraites pour des réalités concrètes

Comment se libérer de cette tentation ? Comment interrompre la dialectique du pour soi et de l’en soi?

Ce qu'il faut reconnaître et accepter, c'est le néant en nous (d'après Sartre et les traditions spirituelles) : nous ne serons jamais complets, en adéquation avec nous-mêmes, il y aura toujours une part de manque, de vide, d'insatisfaction, en nous.

C'est le prix de la liberté.

CHAP2- Suis-je ce que j'ai conscience d'être?

Suis-je ce que j’ai conscience d’être?

notions: conscience, inconscient, liberté, language, (nature)

Intro (façon dissert)

[1er § : accroche = légitimation du sujet] [observation empirique] Ne nous méfions-nous pas naturellement de ce que chacun pense de lui-même? Nous avons tous un(e) ami(e) brillant(e) mais complètement paniqué(e) qui doute de soi constamment et nous avons tous aussi un(e) ami(e) arrogant(e) qui se surestime et clame ses exploits imaginaires. Il est facile de trouver dans la vie quotidienne des exemples qui montrent que la conscience que nous avons de nous-mêmes s’avère être trompeuse. Les psychologues ont montré que l’être humain a tendance à se surestimer dans 3 domaines : l’humour, la conduite (voiture) et l’habillement.

(effet Dunning-Kruger : effet psychologique qui dit que ceux qui se surestiment le + sont souvent les - compétents car ils ne connaissent pas les critères d’évaluation)

[2e § : sujet et reformulation] Il est légitime de se demander si je suis ce que j’ai conscience d’être, c’est-à-dire si la représentation que j’ai de moi-même coïncide réellement avec qui je suis.

[3e § : problématisation] Au premier abord, mon expérience consciente, l'expérience de qui je suis, est de nature privée : personne ne peut faire l’expérience d’être moi à ma place. Je suis donc ce qui m’est le plus familier et cependant le quotidien me révèle des décalages entre ce que je suis et ce que je pense être. En ce sens, la conscience que j’ai de moi-même est-elle une source d’illusions, une représentation imaginaire condamnée à l’inadéquation ou au contraire ma conscience n’est-elle pas la seule voie d’accès immédiate à la vérité de mon être, de qui je suis? Ma conscience, par nature subjective, peut-elle sans contradictions amener à une connaissance authentique, objective de moi-même?

[pas d’annonce de plan car souvent nul]

[dernière partie de la dissert = thèse que nous on défend]

I- la conscience comme intériorité

Les niveaux de conscience

conscience vient de cum scientia = accompagné de savoir

1er niveau de conscience : conscience spontanée

→ présence au monde, à une certaine exp hors de moi

→ sensations, 5 sens

→ commune avec les animaux, enfants en bas âge et êtres humains
dévs

2e niveau de conscience : conscience réflexive/réfléchie/de soi

→ forme + élaborée de la conscience

→ présence à soi en tant qu’être conscient, je suis conscient que je suis une
conscience

→ comme si je me regardais dans un miroir, on est à la fois observateur et
observé, sujet et objet ⇒ DÉDOUBLEMENT DE SOI

conscience peut être altérée, donne lieu à un niveau intermédiaire de soi : la conscience flottante = présence à soi et au monde partielle, on est là mais pas vraiment là

→ avant et après le réveil

→ consommation de substance (drogues, alcool, médicaments…)

→ être dans la lune

inconscience = la perte/interruption de conscience/connaissance

inconscient (psychanalytique) = toujours actif, même quand on est réveillé et conscient.

quand je dis que qqn est inconscient, je dis qu’il ne réfléchit pas avant d’agir et ne prend pas en compte les conséquences et les risques de ses actions.

La conscience comme vérité première (Descartes)

Descartes : XVIIe, mathématicien, physicien et philosophe français → cartésien en maths

Pt de départ de Descartes :constat pessimiste sur nos croyances. Dans notre enfance, on va absorber des opinions, des croyances, mais sans souci de sélection. En conséquence, on a de nbses croyances erronées, fausses ou injustifiées.

opinion (péjoratif) = qqch que l’on croit mais sans savoir pq, sans justification

Comment séparer les croyances vraies de celles fausses? Comment atteindre la certitude?

  • Pour Descartes, l’indubitable est ce dont on ne peut pas douter, ce dont on est certain.
    Le pb c’est qu’on ne peut pas tester toutes nos opinions une à une

    • → certaines ne sont pas réalisables

    • → impossible empiriquement

    • → on ne peut pas avoir de liste exhaustive

⇒ Descartes cherche un raccourci → il va faire exprès de douter de tout. Il fait donc du doute une méthode pour essayer de trouver l’indubitable.

1e étape : le doute méthodique

→ si j’ai l’ombre d’un doute, la moindre raison de douter à propos de quoi que ce soit,
je le rejette

→ comme qqn qui cherche de l’or : si ça se casse avec un marteau alors ce n’est pas de l’or; mais si ça ne casse pas, ça peut en être

  • 1ere catégorie : l’exp sensible : Est-ce que nos sens sont fiables?
    → ils sont faillibles : illusions optiques et auditives, mirages, odorat/goût
    → ex de la taille de la lune, illusions de perspective

illusion de Müller-Lyer

→ ex de Descartes : le bâton droit qui se “tord” dans l’eau

⇒ on ne doit pas croire ce qui vient de nos sens.

  • 2ème catégorie : rêve et réalité : Est-ce que la distinction entre rêve et réalité est sûre à 100% ?

→ je ne peux pas être sûre de ne pas rêver

→ le monde ext n’est pas forcément le monde ext donc on rejette.

→ notre propre corps est remis en cause car il nous vient de nos sens

Matrix

Il existe un truc: les maths = ensemble de vérités intellectuelles abstraites qui ne nous viennent pas de nos sens

2ème étape : le doute hyperbolique

Dans le doute hyperbolique, on utilise l’exp de pensée du malin (=qui veut le mal) génie. On imagine qu’il existe une entité maléfique capable de manipuler mes esprits, de me tromper dans mes croyances pour qu’elles soient fausses. Alors, il pourrait me faire croire que 2+2 = 5. Donc est-ce que les maths sont vraiment sûres??

→ conséquence : on ne peut même plus s’accrocher aux maths

⇒ il ne reste plus rien, on n’a plus d’appuis ou de repères.

Est-ce que le malin génie peut me tromper sur ma propre existence? Me faire croire que je n’existe pas alors que si?

→ évidemment que non, il y a une limite au pouvoir du malin génie. Il peut me tromper sur tout sauf sur moi (mon existence), parce que douter c’est penser et pour penser il faut être, exister.

“Je pense donc je suis” - Descartes (cogito ergo sum)

→ ma conscience de moi est aussi ma 1ere certitude et, qui plus est, je suis aussi
certain de mon essence, de ma nature profonde = ma conscience. Mon essence
est d’être une “res cogitans” = chose pensante

→ étant pure conscience, je peux m’examiner (pour Descartes, toute pensée
est conscience, mes pensées sont transparentes = je sais ce que je pense) : je
peux donc faire mon introspection (“regarder à l’intérieur)

→ se connaître soi-même est facile pour Descartes, il suffit de faire son
introspection, de s’observer. Je n’ai donc pas de pb d’identité, j’ai une sorte
de centre-âme = support de toutes mes pensées.

Pour Descartes, l’âme est décrite comme une “substance immatérielle” → il est dualiste = il considère qu’on a un corps animé par une âme, qui sont séparés, ce n’est pas la même substance

Identité personnelle et mémoire

Cette idée de l’âme comme substance immatérielle est pbmtq

  • contradiction dans les termes, faut choisir soit l’un soit l’autre René

    • substance immatérielle

| |

matière pas matérielle

  • âme et corps liés : comment l’âme peut-elle commander le corps matériel alors qu’elle est immatérielle?

  • idée de l’âme support de l’individu simpliste : il existe des cas qu’on ne peut pas expliquer

→ amnésies (≠ anémie liée au manque de fer!!), exp traumatisantes qui changent la personnalité

⇒ Nouvelle théorie par John Locke

John Locke: philosophe anglais du XVIIe, participe à la rédaction de la constitution des USA, empiriste : tout vient de l’exp sensible.

Pour Locke, notre identité personnelle est liée à notre mémoire. Celle-ci produit, dans le temps, une continuité psychologique.

  • Si on vit un événement traumatisant, on s'en souviendra plus longtemps.

→ Un trou dans cette continuité entraîne des difficultés psychologiques, on a beaucoup de mal à s’en remettre

→ Plus on s’éloigne d’un point dans notre vie, moins il nous ressemble/ moins c’est nous.

Ce n’est pas une continuité physique!

→ exp de pensée de la téléportation, Derek Parfit. On imagine que la téléportation est possible = copie de l’information à l’identique à l’atome près, destruction du corps et envoi de l’info au point B. Tant que ça marche, il n’y a pas de problème car il y a la continuité psychologique. Imaginons qu’il y a un problème au point A, l’info est copiée et envoyée mais je ne suis pas détruite. Je reçois un appel de moi-même du point B. Y a-t-il un moi plus authentique que l’autre?
→ On a 2 personnes distinctes car 2 souvenirs différents donc 2 continuités différentes : dans une version de moi-même, la téléportation a fonctionné mais pas chez l’autre.
→ ex de Dr Jekyll / Mr Hyde de L'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde, Stevenson : dédoublement de la personnalité. Dr Jekyll et Mr Hyde ont chacun leur propre continuité psychologique, ils ne partagent pas de souvenirs et n’ont pas de connaissances en commun, mais ont un même corps ⇒ le corps n’est pas le cœur de l’identité perso.

Black Mirror, épisode “San Junipero”

→ problème 1 : notre mémoire n’est pas fiable : je ne me souviens pas de tout mais en plus j’ai des souvenirs faussés, qui sont dépendants de comment on se sentait la dernière fois qu’on s’en est rappelé.

→ problème 2 ( le + imp) : les souvenirs se donnent de manière chaotique (→ madeleine de Proust) alors que l’on a un rapport à notre existence plus complexe et organisé

→ structure de notre vie comme un récit narratif

La structure narrative de l’identité personnelle

La théorie de Descartes ne répond pas à la question “Qui suis-je?” mais plutôt à “Que suis-je?” (une chose pensante etc.)

On se tourne alors vers la théorie de Locke de la mémoire et de la continuité psychologique, mais celle-ci est insuffisante car la mémoire est faillible et l’identité personnelle est plus complexe que simplement des souvenirs.

Ricoeur (philosophe français du XXe) veut dépasser les deux théories en redéfinissant l’identité. Il existerait alors de possibilités de l’identité : l’idem (la mêmeté) et l'ipséité (l’identité pour les personnes [?] ) (ipse = soi)

  • l’idem : ce que qqch est, sa composition et sa résistance au changement ⇒ capable de rester identique à soi-même [?]

  • l’ipséité : un être humain accumule du vécu, fait des expériences et en conséquence, parvient à rester le même (les exps passées ne sont pas annulées) mais à changer en même tps (car nouvelles exps)

Pour Ricoeur, on fait un récit, une histoire, de ce vécu. Notre vie est alors un ensemble de petits récits pour décrire nos expériences qui vont former une grande histoire. C’est une série d’aventures qui arrivent à un protagoniste principal en interaction avec des personnages et un environnement ⇒ sorte d’intrigue.

→ cela nécessite un début, un protagoniste (nous lol), une plage de temps et des évènements.

→ par la mise en récit, on donne une cohérence à notre vécu.

→ mes souvenirs n’ont pas la même imp, on sélectionne les exps marquantes et éliminer d’autres souvenirs. Ainsi on peut se rendre compte de la personnalité de qqn au vu de comment il raconte sa vie : un égocentrique va supprimer ses erreurs tandis qu’un timide va les mettre en avant

Ce récit participe à la construction de notre personnalité. Il n’y a pas de contrainte d’objectivité, donc il y a toujours une part de créativité car on peut inventer des trucs [?]

⇒ si je comprends cette structure narrative, je peux écrire le récit de ma vie et me mettre en position d’acteur plutôt que de spectateur [?].

⇒ Il y a donc une part de création réelle.

⇒ en suivant Ricoeur, plutôt que de dire “je pense donc je suis”, il faudrait dire “je me raconte donc je suis”.

“L’histoire d’une vie ne cesse d’être refigurée par toutes les histoires véridiques ou fictives qu’un sujet se raconte sur lui-même. [...] en ce sens, l’identité narrative ne cesse de se faire et de se défaire” - Ricoeur, Temps et Récit

→ notre identité est toujours en construction, le sujet n’en a jamais fini de se raconter et de se construire au fil des exps.

Et si certaines choses sur moi m’échappent? Et si je n’ai pas conscience de mes motivations profondes? N’y aurait-il pas une méthode pour y avoir accès? A-t-on accès à tout notre esprit, à la totalité de notre psychisme? N’y a-t-il pas des choses en moi qui me sont cachées?

II- Ne suis-je pas aussi mon inconscient?

L’inconscient psychique

L’hypothèse de l’inconscient - contexte historique (hystérie et hypnose)

Au cours du XIXe, La science la médecine sont dites “matérialistes”

matérialisme ≠ obsession d'acquisition de bien matériels

mais = on Considère qu'il n'existe que des causes physiques = matérielles (matière) dans le monde

Or à l'époque on pensait qu'il ne pouvait pas exister de troubles mentaux : une lésion physique serait la seule explication

→ problème : au XIXe il y a de plus en plus de cas inexplicables qui apparaissent comme des cas d'aphasie (= perte de la parole), de cécité (= perte de la vue) → les médecins font des examens et voient qu'il n'y a pas de lésions.

→ Émergence du concept d'hystérie = comportement où les gens sont pris par des convulsions et ont des comportements irrationnels
développement de l'hypnose → bouleversement

→ Charcot (grand médecin) montre que l'hypnose permet de faire disparaître certains troubles sous hypnose mais quand celle-ci prend fin, ils reviennent; pareil pour créer des troubles

→ prise de conscience que ce ne sont pas des cas organiques mais qu’il existe des troubles purement mentaux.

hystérie : problème d’origine psychologique qu’on ne peut pas trop expliquer

→ nouveau mot = névrose

Le cas de Anna O.

Elle consulte un spécialiste de l’hypnose : Joseph Breuer (poto de Sigmund Freud). Elle a oublié l'allemand, sa langue maternelle et n'arrive plus à boire de verre d'eau (s'hydrate avec des fruits et des soupes) → pas de cause physique

Sous hypnose, elle arrive à boire mais quand elle “revient” elle ne peut plus. Elle propose alors d’essayer de revenir au traumatisme. Après avoir retrouvé le souvenir, elle arrive à boire et est donc libérée du trouble : elle avait vu sa servante donner à boire à un “affreux petit chien” dans un verre pour humains et ça l’a tellement dégoûtée que ça l’a traumatisée. Elle a cependant effacé le souvenir sur le coup. De plus, elle avait perdu l’allemand à la mort de son père à qui elle l’associait.

⇒ cette technique a été appelée la TALKING CURE = thérapie par la parole,
remonter aux traumas

⇒ apparition de la psychanalyse

→ conséquences : Freud fait l’hypothèse d’un inconscient psychique : il y aurait une partie de nous à laquelle on n’aurait pas accès.

Freud: philosophe autrichien de la fin du XIXe mais surtout du début du XXe, fondateur de la psychanalyse

“Le psychique ne coïncide pas en toi avec le conscient : qu'une chose se passe dans ton âme ou que tu en sois de plus averti, voilà qui n'est pas la même chose” - Freud,”Une difficulté de la psychanalyse”.

→ il se passe en nous des choses à notre insu

→ opposition à Descartes

La métaphore de l’iceberg

Le contenu du psychisme : pulsions et refoulement

Selon Freud, l’élément le plus important dans le psychisme est la pulsion. Elle a 2 propriétés

  • 1- c’est d’abord un quantum d’affects, une certaine quantité d’énergie, une certaine tension

  • 2- elle a un représentant pulsionnel = image/objet associé à la pulsions

Il y a 3 types de pulsions

  • liées à la nutrition du corps (manger et boire)

  • liées à la sexualité = libido

  • liées à l’agressivité 👀

Le mécanisme central du psychisme: le refoulement

refoulement = forme de censure bloquant l’accès à certains contenus de l’exp à la conscience.

Le refoulement ne peut que bloquer le représentant pulsionnel. Le quantum d’affect continue néanmoins à circuler et crée un trouble appelé névrose = “retour du refoulé” = manifestation du quantum pulsionnel

→ dans le cas de Anna O. , c’est l’absence lorsqu’il faut boire dans un verre

→ lorsque l’on connaît la cause de cette névrose, on peut canaliser et libérer la tension. Mais lorsqu’il y a refoulement, on ne sait pas pourquoi on a cette tension donc on ne peut pas s’en débarrasser.

La structure du psychisme : le ça, le moi et le surmoi

Freud essaye de comprendre comment fonctionne notre esprit. Il distingue 3 instances = fonctions de notre esprit, de notre psychisme et non pas des zones ou des entités!

inconscient = subconscient

LE ÇA 👹

= la plus grande partie de l'inconscient = là où les pulsions trouvent leur origine

  • Le ça est aveugle et irrationnel, il est amoral, il n’a pas de considération morale. Il est mu par le plaisir = ce qui libère la tension, ce qui épuise cette énergie ⇒ plaisir = seul moyen de baisser la tension ou l’agressivité.

  • Le ça est entièrement dirigé par le principe de plaisir (la 1ere option étant la baise et la 2e étant le sucré)

  • La frustration vient du refoulement (instantané [?]) mais aussi simplement de la vie en société qui implique des règles et par conséquent des contraintes.

LE MOI

= la conscience = le centre de contrôle qui contient la raison

  • extérieur à la morale, mais veut s’assurer de la satisfaction à long terme

  • Il est rationnel et stratégique, il est “intelligent”, il essaye d’accorder les pulsions avec le contexte extérieur, de nous satisfaire en respectant les règles. Il est égoïste, il veut nous satisfaire que NOUS.

  • dirigé par le principe de réalité

⇒ lutte constante entre ça et moi

LE SURMOI 🌀

= conscience morale = “arbitre”

  • stocke règles et principes, même à notre insu

  • entre “ça” et “moi” : il a une partie consciente et inconsciente

    • règle consciente : règlement intérieur, code de la route, ne pas faire de bruit dans une bibliothèque

    • règle inconsciente : remarques des parents (“ne fais pas ci, ne fais pas ça, c’est
      bien/ pas bien)
      masculinité toxique (“les mecs les vrais ça pleure pas”)
      règles de tenue pour une fille (“toujours être agréable, µ polie, sourire…)
      pression pour ne pas ressembler à certains stéréotypes d’une
      ethnie personnelle
      homophobie : “aimer qqn du même sexe c’est cOnTrE
      nAtUrE”

→ coming out tardif : on accepte pour les autres (règle consciente) mais pas pour nous (règle inconsciente) → thymothy askip

⇒ le surmoi peut avoir des règles contradictoires

L’individu n’est pas seulement plus moral qu’il ne le croit, il est aussi plus moral qu’il ne le sait” - Freud

→ on a intériorisé des règles sans même le savoir

→ quand pulsion ou désir opposé à une règle/interdit du surmoi, alors le surmoi va refouler la chose → on ne sait même pas qu’on a ces pulsions

→ “mon grand père était beau quand il était jeune” → rêve honteux →
fantasme car refoulement du rêve

→ désir de trucider qqn à la hache refoulé car surmoi dit “non c’est pas bien”
et “non t’es pas agressive” (askip) et “non t’es pacifiste la violence c’est pas
cool”

→ Anna O. refoule d’avoir possiblement bu dans le même verre que le chien
donc quand elle arrive pas à boire c’est que le surmoi la “protège”

→ les psychopathes ont un “moi” très fort et un surmoi avec peu de règles assimilées donc les désirs ont une action directe. Même généralement, en dehors des films, les psychopathes sont souvent des mecs un peu nuls (genre ceux de nd), souvent moins intelligents et sans empathie.

⇒ Le surmoi censure les pulsions pour protéger le moi, notre intégrité et notre stabilité émotionnelle (pcq dcp si on fait qqch de mal et ça nous donne une mauvaise image de nous ça nous inspire le dégoût et donc ça nous défonce la santé mentale)

Il contient l’idéal du moi = représentation idéale/normative de nous-mêmes

Pour Freud, la morale est acquise et relativiste : il n’y a pas de morale universelle absolue mais que des règles des sociétés, de leurs cultures et de notre place dedans.

LA SUBLIMATION

Comment supporte-t-on la frustration?

Pour Freud, on est capable de détourner l’énergie des pulsions (surtout libido) vers des actions socialement acceptables qui font partie de la culture.

→ tout ce qui est artistes, sportifs, scientifiques obsédés par la vérité et philosophes viennent de là

⇒ toutes mes activités viennent de l’énergie de mes pulsiosn

Mais la sublimation par la culture crée des injustices : l’accès à ces activités culturelles est très inégalitaire, et en conséquence, certaines personnes sont plus frustrées que d’autres et arrivent moins bien à gérer cette frustration

⇒ en fonction de l’éducation, la sublimation se fait à différents niveaux : les classes sociales supérieures et plus éduquées subliment plus facilement.

→ confinement : moins difficile si on a une grande maison avec un grand jardin, un cheval et un home cinéma, mais plus difficile pour les classes sociales plus défavorisées et donc les personnes dans les quartiers populaires avaient tendance à moins respecter le couvre-feu.

→ Freud dit que cette inégalité donne un risque d’instabilité sociale → on demande à une partie de la population de supporter la frustration sans la contrepartie de la sublimation.

Le rêve (nocturne) est aussi une forme de sublimation : quand on dort, le surmoi est moins actif donc laisses passer plus de choses tant qu’elles sont codées / représentées symboliquement

→ ex du petit Hans : le petit Hans doit ramener des cerises toute la journée à des invités sans avoir le droit d’en manger → il rêve de cerises la nuit

→ ex de la femme et de l’enterrement : une femme a un rêve récurrent qu’elle assiste à l’enterrement de son 2e neveu après que le premier soit mort. Bien sûr, elle est très triste pour la mort du 1er et ne souhaite pas la mort du 2e qu’elle aime beaucoup. Le motif : à l’enterrement du 1er elle a flashé sur qqn de présent là bas qu’elle ne connaît pas, donc un 2e enterrement permettrait de le revoir

Autres phénomènes de l’inconscient : le lapsus et l’acte manqué.

  • Le lapsus

lapsus : erreur de langage involontaire qui révèlerait nos vrais désirs

→ un juge qui arrive et qui dit “la séance est close” au lieu de ouverte
→ un élève qui appelle sa prof “maman” au lieu de Madame

  • L’acte manqué

acte manqué : quand on se donne consciemment une tâche et qu’on y échoue/ on oublie car on n’a pas réellement envie de le faire

→ toi avec les révisions 🙃

Les 3 formes de névrose

  • 1 - Substitution du représentant pulsionnel : le surmoi enlève l’image du représentant pulsionnel et met une autre à la place : c’est de là que viennent les phobies et les comportements compulsifs comme les obsessions (comme Dom Juan)

→ ex de Jerry Brudos : serial killer obsédé par les talons aiguilles à cause d’un trauma d’enfance

  • 2 - absence de représentant pulsionnel : il ne reste plus que la frustration qui mène à un sentiment d’insatisfaction / angoisse généralisée

l’angoisse n’a pas d’objet précis donc on ne peut pas se rassurer : c’est pour ça que ça dure longtemps
la
peur est matérialisée, on a peur de qqch de précis donc on peut agir dessus.

  • 3 - la psychosomatisation : expression physique d’une détresse mentale

→ crise d’angoisse (tremblements, pleurs, respiration accélérée et mise en difficulté)

→ eczéma qui peut avoir une origine psychologique

→ aphasie

→ Anna O. et son absence lors de boire est aussi un cas de psychosomatisation

→ (rougir de honte : pas psychologique mais même mécanisme)

“Un symptôme névrotique est l'expression déguisée d’une pulsion refoulée”- Freud

Conclusion: “Le moi n’est pas maître dans sa propre maison” - Freud

→ Pour Freud, la conscience, le moi, c’est la partie secondaire de l'esprit. Tout ce qui est important se passe en moi à mon insu sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit.

→ conséquence philosophique : Pour Freud, il n’y a pas de libre-arbitre, c’est une illusion. Nous sommes déterminés à notre insu par les interactions du ça et du surmoi.

B) L’inconscient social

La société nous détermine aussi énormément à notre insu et en particulier au niveau des désirs. Les désirs sont de nature sociale et collective.

→ mode
→ l’effet Werther, 1774 : publication des Souffrances du jeune Werther par Goethe. Werther y est fou de Charlotte, mais il a un problème : il est fauché. Alors qu’il était sur le point d’enfin parvenir à épouser sa bien-aimée, celle-ci se marie avec un vieux riche. Dcp il se suicide. → déclenche une vague de mecs qui se suicident pour prouver l’amour appelée “effet Werther”, ainsi qu’une vague de meufs qui se suicident pcq ouin ouin personne ne s’est suicidé pour elles (chaud).

Pour Spinoza, les désirs et les émotions sont contagieuses et on a tendance à vouloir faire comme les autres et désirer ce qu’ils désirent

Spinoza : philosophe néerlandais (d’origine portugaise) du XVIIe, moderne

→ consommation ostentatoire, ex d’Adidas en Russie : dans les années 90, Adidas coûtait très cher et devient le symbole des mafieux russes car c’étaient les seuls à pouvoir se les permettre. Mais Adidas envoie en aide humanitaire plein de survêtements donc maintenant c’est la classe populaire qui y a accès dcp mafieux et richous fuient Adidas.

→ same avec Lacoste en France

Pour Spinoza, on ne désire pas une chose pcq elle nous semble bonne en soi, mais on pense que la chose est bonne pcq on la désire. On désire d’ailleurs souvent une chose parce que les autres la désirent

Pour Pierre Bourdieu, nos préférences culturelles et nos comportements sociaux habituels sont le produit de notre classe sociale.

thèse développée de Bourdieu : l’individu a l’illusion que ses goûts culturels et artistiques sont des choix personnels et spontanés qui le définissent , et Bourdieu va donc montrer l’opposé, c’est-à-dire que ces préférences s’inscrivent dans le contexte de stratégie de distinction sociale

→ 2 stratégies:

  • la reconnaissance d’une appartenance

  • la mise à distance/exclusion de l’autre

→ ex : quand on pense à Johnny Hallyday on a le stéréotype du mec blanc tatoué avec un mulet et une moto → fait pense à une classe plus populaire (“beauf”) donc pas forcément très éduquée, ouvrier/garagiste … (tout est une caricature)

Mes goûts sont-ils spontanés? Ou sont-ils influencés par ma classe sociale?

⇒ plus vraiment un choix libre : déterminisme social

→ ex : fan de rap, on a le stéréotype du public jeune (car genre
revendicatif = trait marquant du rap) → rébellion de la société → sentiment de révolte logique pour un jeune (milieu rural) lâché dans une société nulle. Comme si les jeunes faisaient une classe sociale à part qui transcende les générations : musique plus mixe ethniquement parlant (genre associé aux minorités ethniques)

→ ex: musique classique, on a le stéréotype du milieu aisé/éduqué associé à la pratique musicale (maîtrise d’un instrument) et à un certain âge.

→ ex: la culture des 12-18 ans, marquée par un éclectisme : attitude de quelqu'un qui s'intéresse à tous les domaines, ou, dans un domaine, à tous les sujets → éclectisme typique de la classe moyenne : on écoute plusieurs genres musicaux, mais ça ne s’applique pas qu’à la musique. D'ailleurs celle-ci est généralement commerciale

pt commun : on a le même pouvoir d’achat donc une consommation similaire

→ déterminisme lié à l’âge

(ex de la musique utilisé car on parle bcp de ça à notre âge, ça nous permet de nous positionner)

Les goûts sont-ils purement personnels?

→ non, ils dépendent du contexte (âge, classe sociale…)

→ mais si on donne des noms de chanteurs, tout le monde peut connaître (TAYLOR MF SWIFT) mais si on n’aime pas forcément ⇒ choix et goûts dépendent de ce à quoi on a été exposés.

→ nos préférences culturelles se font dans le contexte d’un choix restreint qui ce à quoi on nous expose + l’effet de groupe ⇒ les choix se basent sur l’appartenance sociale et le partage de goûts culturels est un signe de reconnaissance de classe.

→ mais en même temps on se met à distance, on repousse les gens qui sont d’un autre univers (peut-être d’une autre classe sociale) parce qu’on ne partage pas les mêmes repères. Des références précises, sophistiquées vont avoir cet effet de sélection

→ ex : si on va dans une autre famille on va pas forcément connaître les blagues

⇒ mène à l’intégration, inclusion ou exclusion

Bourdieu dit qu’il y a un inconscient de classe → habitus = comportements et préférences propres à une classe sociale donnée

→ touche toutes les dimensions de l’existence (argent, morale, travail, religion…), tout est inclus dans l’habitus

→ la moralité est “typique” de la classe moyenne : les classes supérieures ont des passe-droits et des privilèges alors que celles basses ont tendance à accepter certains délits pour survivre

Dans ce contexte, pourquoi certaines professions culturelles sont vues comme supérieures à d’autres?

→ il y a la haute culture : culture de l’élite, de la classe dominante ( en France = élite parisienne, professions libérales…)

La classe sociale dominante va imposer ses normes culturelles et son idéologie (concept de l’idéologie vient de Marx) à l’ensemble de la société et notamment aux classes inférieures via les médias contrôlés par cette élite mais aussi l’école avec les programmes choisis = culture scolaire

→ cela explique pq la réussite scolaire est corrélée aux PCS = catégories socioprofessionnelles des parents et du capital culturel de ceux-ci (en gros les classes sociales et leurs bagages)

→ des gens tout aussi brillants que nous voir plus ne peuvent pas avoir les mêmes opportunités : on a besoin de connaissances préalables (liées à l’éducation)

⇒ IL Y A UN DÉTERMINISME SOCIAL

idéologie : système de valeurs et de normes qui prétend être universel alors qu’il est en fait l’expression de la vision du monde et des intérêts d’une classe particulière

→ exemple de la méritocratie (coeur de l’idéologie contemporaine dominante) : si on veut, on peut = les différences de statut social et de revenus sont uniquement liés à la quantité d’effort

→ défend les intérêts de la classe dominante : valorisation de l’individualisme contre un engagement collectif et social, mythe de la responsabilité de l’individu (on est entièrement responsable de notre destin), justification du salariat, mythe du self made man, (on peut partir de rien et réussir beaucoup) (ex: Jeff Bezos qui crée Amazon à partir de rien, sauf un prêt de 500 millions de ses parents, Bernard Arnaud qui part des entreprises de ses parents et de sa meuf)

⇒ présuppose l’égalité des chances, or elle n’existe pas

→ paradoxe de l’héritage : c’est les classes aisées qui défendent l’héritage alors que ce n’est pas du mérite ( → T. Piketty propose la mise en commun des héritages, on gagnerait ainsi tous par génération )

⇒ Les discours extrémistes peuvent donc être stratégiques pour élargir la fenêtre d’Overton et donc que des propos qui nous paraissent choquants de base le soient moins car atténués par d’autres encore plus choquants.

BILAN:
La connaissance de soi est si difficile qu'elle est vouée à n'être que partielle. D'un côté, sur le plan psychologique, on ignore une grande partie des activités qui se passent en nous : je ne connais pas mes refoulements, mes règles, mes valeurs intériorisées, je suis déterminé par mes traumatismes passés. Ce déterminisme psychologique met en cause mon autonomie réelle (est-ce que mes décisions sont toutes libres ?)

En plus de ça, on a un niveau social et notre vision du monde et de nous-mêmes est entièrement déterminée par notre classe sociale d'origine jusque dans les préférences culturelles.

Plus encore, je suis à la merci de la classe dominante qui dispose de tous les organes de diffusion (presse, éducation…)

Comment savoir ce qui est véritablement moi et ce qui appartient à la société?

III- L’illusion du moi

La critique de la psychanalyse

La psychanalyse défend une vision déterministe de l’individu.

déterminisme : tout est fait par des relations causales: il n’y a pas d’effet sans cause. De plus, les mêmes causes produisent les mêmes effets.

Sartre s’oppose à ça.

Sartre: philosophe et écrivain français du XXe siècle

Pourquoi est-ce que nous sommes si enthousiastes dans notre acceptation des théories déterministes ? n'y aurait-il pas un intérêt caché ?

Pour Sartre, les explications psychanalytiques nous flattent car elle nous décharge de la responsabilité de nos actions = légitiment tout.
Il défend le compatibilisme qui serait un déterminisme réel (on en voit plus après dans le cours).

Pour Sartre, si je ne crois pas au libre arbitre, je suis lâche.

exemple du mari voulant quitter sa femme : un homme soupçonne sa femme de le tromper, il est obsédé par cette idée. Mais il n'a rien de tangible, ce n'est qu'une impression. Un jour elle revient et il voit que dans sa poche il y a une lettre, il la lit donc pendant la nuit. Cette lettre venait en fait de sa sœur. Bizarrement il est très déçu plutôt que soulagé. Il va voir Freud.

→ Interprétation freudienne : l'homme veut simplement quitter sa femme, il a le désir / l'intention inconsciente de quitter sa femme

→ Cette idée dérange Sartre : est-ce que quelqu'un peut être malheureux
dans un couple sans le savoir ? Est-ce que ça existe vraiment une intention
inconsciente ?

→la notion d'intention inconsciente paraît contradictoire: une intention
est forcément consciente

→ Théorie sartrienne alternative : nous sommes capables de “mauvaise foi” = on est capable de se mentir à soi-même

→paradoxe du mensonge à soi-même : je suis à la fois le menteur et celui à qui
je mens celui qui connaît la vérité et celui à qui on la cache

→ pour Sartre cela est possible grâce au déni

→ Exemple de la jeune femme et du flirt, lettre est le néant, Sartre à la ligne une femme flirte avec un homme. Elle sait qu’il a des intentions physiques mais continue de se faire des films. Quand il lui prend la main, témoin de ses intentions pas intellectuelles quoi, elle est confrontée à la réalité.
→Un flirt est une discussion dans le contexte d'une attirance physique réciproque mais tacite : c'est ce qui fait que le flirt est plaisant, sans attraction physique le flirt perd sa spécificité. Si la nature sexuelle du flirt devient explicite, les deux personnes sont confrontées à un choix qui rompt la plaisance du flirt.

→ Problème : le seul désir physique objectifie et la femme n'est plus un sujet pensant avec une personnalité mais seulement un objet.Ccela est presque humiliant : elle n’est plus respectée comme un individu conscient! (L'objectification peut de plus être désagréable si quelqu'un qui nous aime mais que l'on n'aime pas en retour ou si il y a un vieux mec creepy au coin de la rue qui mate une jeune fille en jupe). La femme parvient cependant à neutraliser l’objectifivcation en rentrant dans le déni et en se faisant des films.

→ Elle est entièrement libre mais sa liberté lui fait peur : elle fait peut-être le mauvais choix et elle devrait alors en accepter les conséquences → la responsabilité, ça pèse, c'est un fardeau : si ça fait mal, c'est de ma faute.

Pour ça nous sommes capables de nous mentir à nous-mêmes et de regarder ailleurs.

Le déni c'est regarder ailleurs, ne pas se confronter à ce que l'on sait pourtant.

Sartre montre que l'on peut se passer de l'hypothèse de l'inconscient.

la femme est au courant que la particularité du flirt est le désir il n'y a pas
d'intention inconsciente.

→de même pour le mari : il doit faire le choix entre rester et être malheureux ou partir
et avoir aussi de la peine. Il n’assume pas sa liberté car elle entraînerait de la peine, il
cherche donc une excuse

⇒notre liberté est source d'angoisse car elle nous rend responsable de nos actes

⇒ Avec la théorie de Sartre, on possède le libre-arbitre

→ Pour Sartre, la théorie psychanalytique de l'inconscient toute entière est une excuse de mauvaise foi qui peut nous déresponsabiliser.

→ Sapolsky, Determined : Neurologue et anthropologue, tentative de réfuter le libre arbitre, la responsabilité est le mérite individuel n'existent pas .

A la recherche du moi

LE MOI PROFOND ET L’AMOUR ROMANTIQUE

  • La conception romantique de l'amour est en fait presque une relation d’âme à âme,une rencontre de deux intériorités qui vont forger un lien qui dépasse toute explication ou caractérisation.

  • Dans l'amour romantique, je connais le moi profond de l'autre, son essence : cela confirme la théorie des âmes sœurs

→ Platon, les androgynes : des gens divisés en deux qui cherchent leur moitié

Blaise Pascal remet en cause cette conception de l'amour en disant :

“Nous n'aimons jamais personne mais seulement des qualités” - Pascal

qualité = caractéristiques : spécificités d'une personne, très distinctif spécifique (qualités comme défauts)

Pascal: physicien, mathématicien, philosophe et théologien français du XVIIe

L’amour transcende-t-il vraiment les qualités?

  • Amour = sentiment de préférence, on préfère être avec quelqu'un que le reste du monde

→ Or pour Pascal nous sommes nos qualités, on n'a pas de moi profond, si on enlève ça on n'est plus rien.Si on retire les déterminations propres à une personne, il nous reste une sorte d'archétype d'être humain, un archétype universel
⇒ on ne peut donc pas être objet d'amour c'est-à-dire un choix préférentiel si on est tous les mêmes

→ Dans ce cas-là, on est comme des oignons : on n’a pas de noyau mais seulement des couches empilées.

LES ARGUMENTS CONTRE L’EXISTENCE DU MOI

  • Argument du bouddhisme : Anatman = on n'a pas de moi

    • On distingue 5 agrégats = caractéristiques en nous : le corps, les sensations, les perceptions, les fabrication mentales (représentations, opinions, règles morales…), la conscience.

      • Le corps ne contient pas mon identité personnelle, ce n'est pas le moi. (cf. téléportation)

      • les sensations sont déterminées par mon environnement et mes organes, donc ce n'est pas mon essence

      • de même pour les perceptions

      • Les fabrications mentales dépendent du vécu (on n'y a pas d'emprise), de notre société ⇒ ce n'est donc pas vraiment quelque chose de personnel

      • la conscience = la présence à un extérieur et à soi (je regarde juste un arbre, je suis là) ⇒ ce n'est donc pas spécifiquement personnel.

Le moi n'est pas dans les agrégats, il n'y a donc rien de personnel en nous, on est juste l'assemblage d'agrégats.

⇒ L'illusion du moi est la propriété émergente de ces agrégats. Cela explique pourquoi on est malheureux dans le bouddhisme. on cherche une essence là où il n'y en a pas, on s'attache alors que rien ne nous appartient et tout est en changement (impermanence)

  • Aujourd'hui le déterminisme dit justement que on est des gènes + la société/ l’environnement. Il n'y a donc rien de personnel. Dans le bouddhisme il y a quand même une marge de liberté car on peut se libérer de l'illusion et donc moins souffrir (mais en même temps il n'y a pas beaucoup de marge car on ne peut pas décider de se libérer)

→ Cette idée est développée par Hume: il est empiriste donc veut sentir son moi,
l'observer. Il essaie donc d'observer ses pensées. Il observe qu'on pense à des choses
particulières

→ Pour Hume, on est dans un flux ininterrompu de pensées particulières, soit
des souvenirs, soit une anticipation du futur. Pour Hume, le moi est introuvable. ⇒ Si le moi est introuvable et on ne peut pas l'expérimenter cela veut dire qu'il n'existe pas ou du moins qu'ON PEUT S’EN PASSER.

Si le moi n’existe pas, d’où vient cette illusion?

D'après Nietzsche, elle vient essentiellement du langage :

  • Le langage est structuré par la grammaire qui nous donne les conditions d'une phrase bien construite. Elle nous impose de toujours relier des verbes (notamment d'action) à un sujet comme support. Or certains verbes n'ont pas de personne qui fasse quelque chose (exemples: il pleut, il fait chaud)fonctionne aussi dans d'autres langues comme l'espagnol ou le roumain car le sujet est mentionné dans la conjugaison.

Nietzsche: philosophe allemand d’origine polonaise du XIXe siècle.

→ Pour Nietzsche nous faisons un saut injustifié du sujet comme fonction grammaticale au sujet comme entité métaphysique (âme) et psychologique (moi)

Est-ce qu'on est les auteurs de nos pensées ? Dans quel contexte émergent les pensées ?

→ Non, on n'est pas les auteurs de nos pensées. Déjà, on ne peut pas se représenter la négation (« ne pense pas à un ours polaire rose » bah perdu)

→ nos pensées sont spontanées (cf. Hume et flux ininterrompu) et il est donc difficile de les contrôler : elles émergent qu'on le veuille ou non en nous.
Alors, plutôt que de dire « je pense » comme si je le faisais délibérément, on devrait dire « ça pense » selon Nietzsche

La conscience comme intentionnalité

Sartre - conscience et intentionnalité - texte

La conscience et le monde sont donnés d’un même coup” = pour avoir qqch il faut qqch, sans monde il n’y a pas de conscience, et il faut que qqn ait la conscience qu’un monde existe pour qu’il existe.

Alors que Descartes pensait la conscience comme un substance = comme un contenant (substance → chose → contenant), et que dans ce contenant se produiraient des pensées, et avait donc la vision de la conscience comme intériorité, Sartre pense qu’il faut changer de paradigme = modèle/représentation de la conscience.

⇒ la conscience n’est pas une chose, pas une substance physique et certainement pas une boîte.

Sartre va reprendre la définition de Husserl (philosophe allemand du début XXe), selon laquelle:
Toute conscience est consciente de qqch” - Husserl

→ la conscience est avant tout présence, et pour être présent à qqch, il faut que ce qqch existe ⇒ La conscience, par définition et par essence, est entièrement tournée vers l’extérieur et le monde. C’est l'intentionnalité de la conscience.

→ métaphore de la gifle : une gifle (=conscience) présuppose qqn à gifler.

→ Pour Sartre et Husserl, la conscience se rapproche davantage d’un geste : c’est ma capacité à me rendre présent à ce qui est hors de moi. De plus, on peut sélectionner notre présence immédiate, ce dont on va avoir conscience = on a conscience de tout mais pas à la même force

→ ex de l’ami dans le café : on donne rdv à un ami dans un café. Quand on y arrive, on le cherche. On ne va pas observer chaque détail individuel de tout le monde autour, toute la conscience est dirigée vers notre ami et tout le reste est annulé ⇒ intentionnalité

⇒ Pour Sartre, on a la capacité de néantiser ce qu’il y a autour de nous.

De plus, la conscience n’existe pas indépendamment des choses vers lesquelles elle se projette (une gifle n’existe pas sans être donnée)....

→ conséquence : séparée des objets, est néant. C’est d'ailleurs parce qu’elle n’est rien qu’elle est capable de se tourner vers absolument tout dans notre expérience.

→ la conscience est projet : elle est toujours lancée au devant de soi, en avant, elle est tournée vers l’extérieur.

→ la conscience réflexive est secondaire pour Sartre (différent de Descartes) car je n’ai conscience de moi que en temps où j’ai un rapport au monde extérieur, mon intériorité est liée à l’extérieur ⇒ la pure intériorité / conscience de soi n’existe pas.

Si la conscience est pur néant, je n’ai pas d’essence ni de nature → je n’ai pas de contraintes ⇒ je suis totalement libre.

L’existence précède l’essence

voir déf essence

Quelle est l’essence de l’Homme? A-t-il une nature, une essence?

De nombreux philosophes ont tenté de définir l’Homme

→ exemple : “l’Homme est un animal rationnel” - Platon

→ dans le christianisme : péché originel : nous sommes des pécheurs, on est naturellement mauvais et tournés vers le vice, on serait biaisés, déterminés.

→ Dès que l’on pense à une nature / une essence, on pose un déterminisme (qu’on peut essayer d’éviter ou non)

Sartre - L’homme est condamné à être libre - TEXTE - L’existentialisme est un humanisme

→ si la conscience est néant, est pure présence, on ne peut pas la définir.

→ cas où l’essence précède l’existence : coupe papier, stylo… toutes les inventions : l’essence du stylo est d’écrire, il est d’abord conçu intégralement pour cette fin avant même d’être produit → c’est son utilité, son but, donc il vient avant son existence. D’ailleurs quand le stylo remplit sa fonction, on le jette.

→ nous, on ne peut pas être jetés si on n’accomplirait pas une fonction, qu’on n’a même pas

→ Pour Sartre, le sujet pensant / conscient n’a pas de fonction à la naissance. C'est à nous de nous inventer des buts : c’est à nous de nous donner un sens à nos vies.

existentialisme : mouvement de Sartre dont le motto est “l’existence précède l’essence”. (Ici, l’existentialisme de Sartre présuppose l’athéisme et l’absence d’absolu)

“L’Homme est condamné à être libre” - Sartre

→ paradoxe de la formule : une condamnation est une privation de la liberté. On ne peut pas ne pas être libre, et on ne peut pas échapper à notre liberté

→ même quand on a un choix à faire, ne pas choisir c’est un choix. On est donc dans une décision libre. On ne peut pas échapper au choix.

→ l’essence de l’Homme est de ne pas avoir d’essence → ne pas avoir de nature → pas de déterminisme → liberté.

⇒ L’essence de l’Homme est la liberté.

Sartre distingue 2 manières d'être, 2 rapports au monde.

L’EN-SOI : le mode d'être des objets, des choses = les choses ont une essence et une définition = nature = fonction

→ identité : a = a. Les choses ce qu’elles qu'elles sont, elles sont entièrement
dans l'être [...] Elles n'ont pas de devenir ou de besoin de se réaliser.

LE POUR-SOI : le mode d'être de la conscience, caractérisé par l'absence d’essence, de définition, de nature, de fonction prédéterminée → conscience = néant = rien donc elle est tournée vers les possibles = le devenir = ce qui change.
→ Elle n'est jamais identique à elle-même, elle n'est jamais dans l'identité, elle n'est
jamais dans la coïncidence à soi.

→ le pour soi déborde toutes les catégories et attributions des identités

→ « vous êtes des lycéens » : vrai maintenant mais progressivement on ne l'est plus → on ne peut pas nous figer

→ exemple du garçon de café de Sartre : un garçon de café joue son rôle de manière excessive et essaye de ne faire qu’un avec cette fonction (toujours trop de formules de politesse, jargon...)

L'absence d'identité et la liberté produisent une situation d'angoisse car on est toujours en dialogue avec soi-même (je suis X mais j'en déborde toujours)

Pour Sartre, le pour soi rêve de se faire en soi = la conscience rêve de se faire chose. On veut se définir grâce à des catégories qui vont nous donner une certaine solidité.

→ je nie ma liberté et donc potentiellement celle des autres en imposant des normes

→ quand on nie notre liberté on débouche sur 2 attitudes :

→ les excuses de mauvaise foi : → s'applique à moi seulement

« ce n'est pas de ma faute j'ai toujours été nul en maths »

→ mauvaise foi appliquée aux autres : on devient un « salaud »

salaud : celui qui se prend au sérieux et qui croit qu'il a une mission dans la vie, une essence, une nature et qui pense que cela lui confère des droits. c'est celui qui oublie sa propre contingence, qu'il est le produit de circonstances

→ cela lui permet de se déresponsabiliser

ex : passer devant les autres dans la file en disant désolé moi je suis pressé fermer «

à la ligne

(Sartre parle avant tout de l'élite dominante = capitalistes et bourgeois, mais ce principe s'applique à tout le monde)

Le goût de vivre et cent autres propos - André Comte-Sponville - texte

→ « qu'est-ce qu'un salaud ? »

→ il n'existe pas de salaud absolu car on ne naît pas mauvais (on n’a pas de nature à la naissance donc on ne peut pas être mauvais)

“le salaud, c'est celui qui est prêt à sacrifier autrui à soi, à son propre intérêt, à ses propres désirs, à ses opinions ou à ses rêves. [...] celui qui oublie sa propre contingence, sa propre responsabilité, celui qui est persuadé de son bon droit, de sa bonne foi” - André Comte-Sponville

→ cf égoïste de Schopenhauer un peu

→ l'opposé du salaud n'est pas le saint, l'homme parfait, mais au contraire c'est l'un qui se sait à la fois contingent et coupable (car responsable), qui se sait égoïste et qui essaye de limiter cela

« le salaud et celui qui, pour justifier son existence, feint d'ignorer la liberté et la contingence qui le caractérisent essentiellement en tant qu'homme » - Sartre, La Nausée.

Le problème de la pensée abstraite

Hegel donne l'exemple d'un homme conduit à l'échafaud pour meurtre. Dans la foule qui yassiste, une femme s'écrit “ouais, il est quand même pas mal”. La foule est indignée. Alors, on a réduit le meurtrier à être un meurtrier.

Hegel = philosophe allemand du XVIIIe-XIXe surtout

Pour Hegel, l'abstraction, c'est figer des catégories à tout le monde

L'abstraction a généralement une connotation positive : pour l'individu « de la rue » = simple, l’abstraction, c'est bien et c'est le rôle du philosophe. Mais Hegel veut prouver le contraire.

Pour Hegel, ce sont les foules, les personnes pas éduquées qui pensent de manière abstraite car penser de manière abstraite c'est penser par des catégories / labels /étiquettes que l'on va prendre pour des absolus/ des essences

→ ici on veut réduire l'homme à un acte : le meurtre

→ aujourd’hui catégorisation dans les médias car ça attire les auditoires

Au contraire, le philosophe va chercher plus loin (quelles sont les causes, quels sont sont les autres enjeux... ? )

→ un intellectuel est celui qui cherche à comprendre et pas à condamner. Comprendre ici implique de saisir la réalité concrète.

“Ni rire, ni pleurer , ni haïr, mais comprendre” - Spinoza

La théorie de Hegel rejoint tout à fait la théorie de Sartre selon laquelle il n’y a pas d’identité figée, pas d’essence, pas d’absolu.

CONCLUSION DU CHAPITRE

Dans la plupart des traditions spirituelles, on appelle l'éveil le stade ultime/supérieur de la conscience auquel on accède par un ensemble de pratiques dont le but central est de nous libérer de l'illusion du moi et donc de toute quête d'identité.
Mais en fait, le désir d'identité/ essence, c'est quoi ?

C'est une négation de la contingence et de l'interdépendance de chaque chose : c'est de succomber à la tentation de prendre des catégories abstraites pour des réalités concrètes

Comment se libérer de cette tentation ? Comment interrompre la dialectique du pour soi et de l’en soi?

Ce qu'il faut reconnaître et accepter, c'est le néant en nous (d'après Sartre et les traditions spirituelles) : nous ne serons jamais complets, en adéquation avec nous-mêmes, il y aura toujours une part de manque, de vide, d'insatisfaction, en nous.

C'est le prix de la liberté.

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